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Le Nouvel Obs avec AFP
Un burau avec des photographies et un tiroir ouvert, dans lequel figure une photo de Donald Trump (en haut à gauche), prise le 6 juillet 2019 lors d’une perquisition au domicile de Jeffrey Epstein à New York. AP/SIPA
Des victimes du criminel sexuel Jeffrey Epstein ont dénoncé lundi 22 décembre la publication partielle par le ministère de la Justice américaine de l’enquête sur le financier décédé en prison, tandis que Donald Trump s’est inquiété que cette dernière ne ternisse l’« image » d’anciennes connaissances innocentes.
Une quinzaine de victimes s’est plainte dans un communiqué publié sur X que seule une « partie » des documents ait été rendue publique et a évoqué un caviardage « anormal et extrême » des éléments publiés vendredi sans « aucune explication ».
Elles ont aussi reproché au ministère de la Justice d’avoir « laissé les identités de nombreuses victimes apparentes, causant un préjudice immédiat et réel ».
Des fichiers publiés mais caviardés
Le ministère était contraint par une loi, promulguée à contrecœur par le président américain, de publier l’ensemble du dossier avant la date limite du 19 décembre.
Mais seule une partie des documents était disponible sur le site du ministère de la Justice vendredi soir et de nombreux fichiers ont été caviardés, comme par exemple les 119 pages de retranscription de délibérations du jury, dont la publication était pourtant « autorisée par un juge fédéral », ont déploré les victimes.
Le ministère a répondu avoir besoin de davantage de temps pour publier avec précaution le reste des fichiers, dans le but de protéger au mieux les victimes dont l’identité pourrait être dévoilée.
L’opposition démocrate voit cependant ce retard comme une manœuvre politique destinée à éviter la publication d’informations supposées compromettantes pour le président Donald Trump, qui apparaît sur des images aux côtés de Jeffrey Epstein.
« C’est clairement une opération de dissimulation », a dénoncé lundi le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, en soumettant une proposition de loi pour accentuer la pression sur le ministère qui, estime le sénateur, a « enfreint la loi » en n’ayant pas tout publié vendredi.
« Tout le monde était sympa avec ce type »
Depuis sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, le président américain s’est quant à lui inquiété du mal que pourrait causer la publication du dossier, notamment des photos.
Il s’est exprimé lundi pour la première fois depuis la publication partielle du dossier Epstein, s’inquiétant que ces documents n’affectent « l’image » de personnes innocentes.
« Tout le monde était sympa avec ce type », a-t-il lancé lors de sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.
« Bill Clinton était ami avec lui, mais tout le monde l’était », a-t-il poursuivi, s’inquiétant que certaines personnes « ayant innocemment rencontré » Jeffrey Epstein « parce qu’il était à une fête », puissent être embarrassées par la publication de ces documents.
« Vous ruinez l’image de quelqu’un », a-t-il ajouté.
Michael Jackson, Mick Jagger, Bill Clinton à ses côtés
Figure de la jet-set new-yorkaise, Jeffrey Epstein est connu pour avoir fréquenté de nombreuses personnalités américaines et étrangères de premier plan, dont l’actuel président républicain et son lointain prédécesseur démocrate Bill Clinton.
Parmi les quelque 4 000 fichiers dévoilés vendredi, plusieurs clichés montrent ainsi Jeffrey Epstein en compagnie de superstars telles que Michael Jackson, Mick Jagger ou encore Bill Clinton, qui apparaît notamment dans un jacuzzi aux côtés d’une silhouette masquée.
L’équipe de Bill Clinton a exhorté lundi le ministère de la Justice à divulguer tous les documents contenus dans les dossiers le concernant, affirmant, dans un communiqué, qu’il n’avait rien à cacher.
« Quelqu’un ou quelque chose est protégé. Nous ne savons pas qui, quoi et pourquoi. Mais nous savons une chose : nous n’avons pas besoin d’une telle protection », a affirmé un porte-parole de l’ex-dirigeant démocrate.

