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Le Nouvel Obs avec AFP
La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan lors d’un rassemblement électoral à Iringa, en Tanzanie, le 7 octobre 2025. /AP/SIPA
La cheffe de l’Etat tanzanienne Samia Suluhu Hassan a remporté la présidentielle avec 97,66 % des voix, selon les résultats définitifs proclamés ce samedi 1ᵉʳ novembre à la télévision d’Etat après trois jours de violences électorales.
Le pays d’Afrique de l’Est a sombré dans la violence mercredi, jour d’élections présidentielle et législatives qui se sont déroulées sans opposition, les deux principaux adversaires de la cheffe de l’État ayant été soit emprisonné, soit disqualifié. L’opposition a évoqué un bilan de 700 morts. Samia Suluhu Hassan n’a fait aucun commentaire sur les troubles.
Malgré la contestation, la présidente sortante a remporté plus de 97,66 % des voix, soit 31,9 millions de voix sur 32,7 millions recensées, selon la commission électorale. « Je déclare Samia Suluhu Hassan présidente élue de la République-Unie de Tanzanie, avec le parti CCM », a déclaré à la télévision publique l’instance Jacobs Mwambegele.
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Une cérémonie d’investiture va suivre dès ce samedi, a précisé le média, selon des informations transmises par un journaliste de l’AFP par téléphone en raison de la coupure d’internet en vigueur dans le pays de 68 millions d’habitants.
Répression sévère et contestation dans tout le pays
Samia Suluhu Hassan a été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de son prédécesseur John Magufuli en 2021, aspire cette fois à être élue. Saluée dans un premier temps pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de mener une répression sévère contre ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.
Un journaliste de l’AFP a observé mercredi une faible affluence à des bureaux de vote généralement bondés de la capitale économique et plus grosse ville du pays, Dar es Salaam, avant d’entendre des tirs nourris alors que des centaines de personnes protestaient, incendiant notamment un commissariat. La contestation s’est ensuite étendue dans le pays.
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« Au moment où nous parlons, le nombre de morts à Dar (es Salaam) est d’environ 350 et il y en a plus de 200 à Mwanza (nord). Si l’on ajoute les chiffres des autres endroits dans le pays, on arrive à un total d’environ 700 morts », a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole du parti d’opposition Chadema, John Kitoka. Cette formation a été exclue des élections et a appelé au boycott du scrutin. Son chef Tundu Lissu, arrêté en avril, est jugé pour trahison, une accusation passible de la peine capitale.
Le secrétaire général de l’ONU « très inquiet »
« Il n’y a eu aucun usage excessif de la force », a répondu le ministre tanzanien des Affaires étrangères Mahmoud Thabit Kombo sur la chaîne Al-Jazeera, faisant état de « poches de violence » dans le pays. « Je n’ai pas vu ces 700 morts », a-t-il poursuivi. « Nous n’avons encore aucun chiffre pour aucune victime dans le pays. »
Le bilan de l’opposition a été qualifié de « plutôt crédible » par une source diplomatique, qui a fait état de « centaines de morts ». Une source sécuritaire interrogée par l’AFP a reçu des informations similaires.
Plusieurs hôpitaux et centres de santé ont refusé de s’exprimer auprès de l’AFP. L’internet reste largement bloqué, ce qui complique le travail de récolte des données.
Le secrétaire général de l’ONU António Guterres, « très inquiet », a réclamé vendredi dans un communiqué une « enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d’utilisation excessive de la force », appelant toutes les parties à la « retenue » et à « empêcher toute nouvelle escalade ».

