La qualification de Curaçao pour la Coupe du monde marque un tournant historique. Avec seulement 150 000 habitants, cette île caribéenne devient le plus petit pays à accéder à cette compétition. Quelles opportunités économiques cela pourrait-il engendrer ?
Il n’y a plus de maillots en stock. C’est dans une rue du centre-ville de la capitale, Willemstad, qu’est situé le magasin de Soraida Slijger. Les bâtiments à l’architecture néerlandaise s’enchaînent avec des ruelles qui mènent droit vers l’estuaire.
Ici, il faudra encore attendre quelques semaines avant de pouvoir acheter les maillots de la sélection curacienne. “On n’a plus rien, les prochaines livraisons devraient arriver par bateau bientôt. On a lancé la commande mais on ne sait pas quand ils seront là exactement.”
Les décorations de fin d’année ornent les bâtiments colorés, et s’il ne faisait pas 25 degrés, il serait possible de se croire à Amsterdam. Mais voilà, cet ancien territoire néerlandais des Caraïbes est indépendant depuis 2010. Et c’est sous son propre drapeau qu’il s’est qualifié pour la Coupe du monde le 18 novembre dernier. Devenant ainsi le plus petit pays de l’histoire à accéder à la compétition internationale.
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Quatre langues officielles pour 150 000 habitants
Le Curaçao, grand de 444 km² est un joyeux mélange culturel. En proie à différentes occupations européennes entre 1499 et le 21ème siècle, le pays garde aujourd’hui de cet héritage ses quatre langues officielles. L’espagnol, le néerlandais, l’anglais et le papiamento.
La dernière étant la plus utilisée. C’est un mélange des trois premières, de portugais et de langues africaines. C’est celle que parle Marlon Albertus avec ses collègues en préparant des bouteilles d’eau de coco.
“Pour une île comme nous, de 150 000 habitants, aller à la Coupe du monde c’est vraiment énorme. Toute l’île est tellement heureuse.” Couteau à la main pour ouvrir les noix de coco, il précise même qu’une chanson est devenue célèbre : “Elle s’appelle Mama Wak, tout le monde la chante, ça dit : ‘Maman, regarde où on est arrivés !'”
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Un peu plus loin sous les feuilles de palmier, son collègue lance : “On a déjà gagné. La victoire pour nous, c’est de participer.”
La porte ouverte à d’autres opportunités ?
Le pays fait toujours partie du Royaume des Pays-Bas et à ce titre les curaciens possèdent les nationalités néerlandaise et européenne. C’est d’ailleurs le cas de la totalité des joueurs de la sélection qui se rendront aux États-Unis pour disputer la Coupe du monde.
Connue depuis le tirage du 5 décembre, la poule du Curaçao compte l’Allemagne, la Côte d’Ivoire et l’Équateur. Pour Muryad de Bunin, Directeur général de l’office du tourisme du Curaçao, au-delà de l’aspect sportif cette participation peut représenter beaucoup.
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“On voit déjà qu’il y a beaucoup plus de recherches sur internet. Notre plus grand challenge était que les gens sachent où se trouve Curaçao, maintenant c’est chose faite. Cela nous permet de faire venir des touristes évidemment mais aussi de pouvoir faire du business à plus large échelle sur le plan international.”
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Pour le moment, l’île vit essentiellement du tourisme et de son industrie pétrolière. Autre secteur d’industrie important, son usine de désalinisation ultra performante qui distribue de l’eau potable sur l’ensemble du territoire curacien. Reste à voir jusqu’où iront les footballeurs dans la compétition qui débute le 11 juin prochain.

