Tétraplégique, Jonathan Naboulet, 32 ans, a réussi l’impossible : boucler les 101 kilomètres et 6 500 mètres de dénivelé positif de la CCC, l’une des courses les plus exigeantes de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc en joëlette. Une première mondiale accomplie dans des conditions météorologiques extrêmes, entre neige, froid glacial et sommets vertigineux.
“J’ai énormément souffert lors du dernier sommet, ce qui rend l’arrivée d’autant plus extraordinaire”, se remémore Jonathan Naboulet. À 32 ans, ce natif de Prat-Bonrepaux, en Ariège, a relevé l’un des plus grands défis de sa vie : participer à la CCC de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, une épreuve de 101 kilomètres et 6 500 mètres de dénivelé positif entre Courmayeur et Chamonix.

Le départ a été donné vendredi 29 août à 9 heures. Regroupés au sein de l’association Trail Sans Limite, Jonathan et ses coéquipiers ont franchi la ligne d’arrivée le lendemain, aux alentours de 11 heures. “On a dû faire 25 heures 50 min d’effort”, confirme son ami Clément Gaston, 33 ans, co-président de l’association créée en 2023. L’équipe s’est classée à la 1 476e place.
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“Parfois, pour faire les points de ralliement, on perdait deux heures et demie”
Au-delà du défi sportif, l’événement prenait une signification toute particulière pour Jonathan, tétraplégique. Avec ses 45 coéquipiers, il est devenu le premier athlète à terminer cette épreuve en joëlette, un dispositif permettant de courir avec une personne à mobilité réduite. Une première mondiale dont le traileur est particulièrement fier en raison des conditions météorologiques exceptionnellement difficiles cette année.


“Vers Les Tseppes (en Suisse, NDLR), à 2 000 mètres d’altitude, on a chopé la neige à 2 heures du matin”, retrace ce dernier. S’il ne lâche rien, le sportif traverse à nouveau un moment critique en atteignant Vallorcine (Haute-Savoie), après plus de 83 kilomètres. “J’étais en larmes, saisi par le froid, les mains gelées, le col qu’on était en train de monter était particulièrement pentu… Clairement, j’ai douté de mes capacités”, confie Jonathan, qui s’est alors enroulé dans une couverture de survie et a pris la décision, avec son équipe, de marquer un temps de pause d’1 h 20. “Il fallait sans cesse s’adapter, avec des journées à 20 degrés suivies de nuits à – 4… Cette année, les conditions climatiques étaient horribles”.

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Pour y faire face, “les garçons poussaient la joëlette tandis que les filles s’occupaient de nous ouvrir la route et de s’assurer que tout aille bien pour Jonathan. […] Parfois, pour faire les points de ralliement, on perdait deux heures et demie”, explique à son tour Clément.
“Le faire à plusieurs, c’était déjà le plus gros défi”
Malgré l’épuisement, la team doit impérativement franchir la ligne d’arrivée avant midi, le samedi. Porté par ses compagnons, le traileur retrouve la force de repousser ses limites. D’autant que ce n’est pas sa première grande course en joëlette : l’année dernière, il a participé à l’OCC (57 km et 3 500 mètres de dénivelé).
“Je suis des Pyrénées, j’ai toujours vécu dans ces montagnes, et cette association permet justement aux personnes à mobilité réduite de ne pas abandonner leur passion, de pouvoir accéder à des endroits inimaginables”, souligne-t-il. Trail Sans Limite, qui possède aujourd’hui plusieurs joëlettes, espère pouvoir accompagner d’autres personnes dans ce type d’aventure.

“Le trail, c’est une discipline qui reste individuelle alors le faire à plusieurs, c’était déjà le plus gros défi”, estime Clément, encore sur son “petit nuage”. Désormais bien au chaud chez lui, Jonathan savoure également l’expérience. “C’est un bonheur d’avoir pu partager cette aventure avec les gens que j’aime. J’ai jamais vécu ça, confie-t-il. Par rapport à l’année dernière, on a doublé la distance, le dénivelé. Certes, c’était beaucoup plus dur mentalement que physiquement, mais ça valait le coup.” Si l’envie de relever de nouveaux défis ne le quitte pas, l’heure est au repos bien mérité.