Week-ends mobilisés, renforts de l’armée et protocole strict : en Ariège, les vétérinaires et les éleveurs sont sur le pont pour administrer 70 000 doses de vaccin avant le 31 décembre. Quelle est la méthode ? Quel vaccin est choisi ? On fait le point.
Vacciner tous les cheptels d’Ariège d’ici le 31 décembre. C’est l’objectif fixé par le gouvernement depuis le 17 décembre. Cela représente donc 1 000 exploitations, pour près de 70 000 bovins. Une campagne vaccinale qui semble être bien accueillie par la profession. “Tout se passe très bien. On sent que les éleveurs ont envie de protéger leurs bêtes” constate le Dr Mossière, un des vétérinaires déployés.
Comment est organisée la vaccination ?
Tous les cabinets de vétérinaires du département sont à pied d’œuvre pour administrer les vaccins. Pour tenir le délai du 31 décembre, la préfecture de l’Ariège a sollicité le renfort de l’armée. Ainsi, seize vétérinaires militaires sont actuellement déployés. Quinze vétérinaires libéraux ont aussi été appelés en supplément. “C’était nécessaire”, assure le Dr Mossière. “Dans notre cabinet on a une moyenne de 1 400 vaccinations par jour. Pour être dans les temps, on ne s’arrête pas les week-ends.”
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La vaccination, désormais obligatoire en Ariège est gratuite pour les éleveurs et totalement prise en charge par l’État. L’injection intervient à la suite d’un examen clinique rigoureux du bétail. L’éleveur reçoit ensuite un certificat.
Quel type de vaccin est utilisé ?
Le vaccin administré en Ariège s’appelle le Lumpyvax. Il est produit par le laboratoire MSD, branche du géant pharmaceutique Merck. Il s’agit d’un vaccin vivant atténué qui ne nécessite qu’une seule injection. Les animaux vaccinés peuvent parfois développer des symptômes identiques à la dermatose nodulaire contagieuse, tels que la fièvre ou l’apparition de nodules. “Les vétérinaires savent faire la différence entre les symptômes dus à la DNC et une réaction au vaccin”, rappelle le Dr Mossière.
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Quand est-il efficace ?
L’immunité totale est atteinte 28 jours après l’injection. Pour qu’une zone soit considérée comme protégée contre la DNC, la couverture vaccinale doit être large : 95 % des élevages et 75 % des bovins du département doivent avoir reçu le vaccin. Il faut attendre 28 jours après la dernière piqûre et qu’aucun nouveau cas de DNC ne soit détecté pour enfin sortir de la zone réglementée.
L’Ariège est-elle toujours en zone réglementée ?
Oui et cela implique de nombreuses restrictions pour les éleveurs. Chaque déplacement de bovins doit faire l’objet d’une alerte auprès des services de l’État et est soumis à une autorisation, même en cas d’acheminement de bêtes à un abattoir. Les moyens de transports doivent être désinsectisés. Ainsi, la préfecture de l’Ariège rappelle que les contrôles sur les déplacements de bêtes sont actuellement renforcés.
“On appelle globalement à une très grande vigilance. Les vétérinaires suivent un protocole strict pour ne pas devenir malgré eux un vecteur de la maladie. Les moucherons qui transmettent la DNC couvent sous terre et peuvent ensuite s’agripper à une chaussure ou un bas de pantalon”, explique Hervé Brabant, préfet de l’Ariège. “Lors du mouvement de protestation aux Bordes-sur-Arize, nous étions également très préoccupés concernant les risques de transmission involontaire de la maladie”, souligne-t-il.
Y aura-t-il une évolution du protocole sanitaire ?
Le dépeuplement du cheptel aux Bordes-sur-Arize est d’ailleurs encore un sujet brûlant. “Nous avions fait la demande auprès du gouvernement d’étudier la mise en place d’un autre protocole sanitaire, qui consistait à abattre uniquement les bêtes contaminées” explique Hervé Brabant. “Étant donné qu’il y avait déjà quatre cas sur l’exploitation et qu’aucune bête n’était vaccinée, la stratégie du dépeuplement, qui est celle pratiquée dans toute l’Union européenne, a été choisie”, rappelle le préfet de l’Ariège.
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Le comité scientifique créé par Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, étudie actuellement la fiabilité et faisabilité de la méthode d’abattage sélectif, demandée par plusieurs syndicats agricoles. “J’ai insisté pour que Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture d’Ariège, soit au sein de ce comité pour qu’il apporte son expertise d’éleveur mais aussi son expérience de ce qui se passe dans notre département.” Pour répondre aux questions des éleveurs, la préfecture a mis en place un dispositif “appui crise DNC”, accessible depuis son site internet.

