Après plus d’une semaine, la mobilisation des agriculteurs au rond-point de la Hurée à Auch (Gers) se poursuit. Malgré la fatigue, la solidarité et la convivialité dominent. Des actions coup de poing, comme le déversement de déchets devant le Centre des finances publiques, témoignent de leur détermination à ne rien lâcher.
“Il y a assez d’oignons, c’est bon”, assure le “cuistot du jour” aux cinq personnes en train d’émincer les légumes sous la tonnelle. Il ajoute les aliments dans la poêle posée sur le réchaud et donne le menu du jour : “Les flageolets accompagneront le mouton”. À quelques mètres cuisent en effet, à la broche, deux agneaux de 18 kg. “Avant c’était 24 kg, ce sont les nouvelles normes”, indique le responsable de la viande.

Il est midi passé ce dimanche 21 décembre et le camp du rond-point de la Hurée à Auch, plutôt calme dans la matinée, voit arriver des agriculteurs et des soutiens pour partager le déjeuner. “La nuit a été courte, témoigne l’un des manifestants. J’étais avec ma famille aux impôts.” Dans la nuit, une action a en effet été menée devant le Centre des finances publiques à Auch : plusieurs bennes de déchets y ont été déversées.
“Ils nous poussent à cacher les bêtes”
Quelques participants à la nuit sont encore présents ce dimanche sur l’un des derniers giratoires occupés par les agriculteurs dans le Gers. Mais la plupart des personnes sont arrivées le matin : “On se relaie”, témoigne le préposé à l’ail. Chacun participe selon ses moyens et disponibilités à la vie du barrage.

Autour d’une table, Denis et Lilian, bonnet jaune de la Coordination rurale sur la tête, ouvrent, eux, des huîtres, apportées par une Gersoise solidaire. “Je suis contre tout ça, l’abattage systématique, la vaccination”, explique-t-elle, un café à la main. “On vit en absurdie.” Ces rencontres entre agriculteurs et citoyens permettent les échanges sur les difficultés du monde agricole et les revendications portées.
“On sait que la dermatose nodulaire a une mortalité de moins de 10 %. Et pourtant on tue tout !”, s’insurge Denis, un artisan landais présent sur le blocage depuis vendredi, en soutien. “Avec cette mesure, ils nous poussent à l’extrême et à être hors la loi”, ajoute Lilian Goineau, éleveur bovin et porcin à Mormès. “En fait, ils nous poussent à cacher les bêtes”, poursuit-il avant d’être interrompu par la musique de la tractopelle : “J’en rêve la nuit de cette mélodie”, rigole-t-il.
Solidarité et convivialité
Malgré leurs difficultés actuelles et la fatigue qui commence à se faire ressentir, la bonne humeur et la convivialité règnent sur le barrage plus d’une semaine après le début de la mobilisation. Un sentiment renforcé par les klaxons des automobilistes et la visite de Gersois solidaires au quotidien. Ce dimanche midi, une paroissienne d’Auch apporte une bougie en soutien au monde agricole. Tandis que d’autres amènent boisson ou nourriture pour le ravitaillement. Car quiconque le souhaite peut partager le repas sur le barrage.

Après celle de la veille, “très sympa, avec plein de jeunes présents”, la Coordination rurale du Gers organise d’ailleurs une nouvelle soirée conviviale ce lundi 22 décembre, afin d’échanger et de discuter. Car si certains blocages sont progressivement levés, comme à Gimont ou à Vic-Fezensac, les agriculteurs mobilisés à La Hurée ne prévoient pas de quitter le giratoire et devraient y fêter Noël. Le sapin, au milieu du rond-point, a, en tout cas, déjà été décoré dans ce sens.

