Le Parc des expositions du Grand Cahors est en fin de vie. Son démantèlement a été voté à la quasi-unanimité, jeudi soir, au conseil communautaire, à Arcambal. Le parc sera remplacé par l’entreprise Tekever qui occupera le terrain, avec 100 emplois à la clé. Cependant, des voix se sont élevées contre ce projet.
La saga du bon vieux Parc des expos de Cahors, où résonnent encore les clameurs des plus grands concerts, de Yannick Noah aux artistes du festival des Meules Bleues, va s’arrêter, car il faut bien se rendre à l’évidence et profiter de la providence.
L’évidence a été rappelée par l’élu communautaire Serge Munté, jeudi soir en séance du conseil du Grand Cahors, à Arcambal : “Nous parvenions à louer le Parc 30 jours par an. Cela faisait des années que nous tentions de le dynamiser. C’est compliqué. Désormais, nous réfléchissons avec nos partenaires qui sont le festival des Meules Bleues ou encore le Salon de l’Habitat, pour qu’ils puissent poursuivre leurs événements ailleurs. Nous n’allons pas les laisser tomber.”

Une délibération pour “le déclassement du Parc du domaine public”
La providence, quant à elle, c’est le président du Grand Cahors, Jean-Luc Marx, qui a su la souligner en faisant voter les délibérations portant notamment sur “le déclassement du Parc du domaine public pour y mettre en place une activité économique en effet providentielle puisqu’elle sera créatrice d’emploi. 100 exactement. C’est ce que prévoit l’entreprise Tekever, spécialisée dans la conception de drones.
“Nous avons la possibilité de leur louer le Parc, avec une option d’achat. Ce qui semble intéresser ce nouveau partenaire important du Grand Cahors. La vente pourrait se concrétiser autour de 3 600 000 €. Le loyer annuel est de 300 000 €. Nous discutons entre gens honnêtes. Le prix de vente correspond à la vraie valeur de ce bien. On peut en parler, le débat est ouvert” propose le président du Grand Cahors.
“Tekever participe à la course à l’armement dans laquelle notre pays est engagé”
L’élu de l’opposition, Gérard Iragnes, s’engouffre dans le débat et émet une première réserve : “En effet, c’est une bonne affaire sur le plan comptable, mais cela me dérange sur le plan philosophique. En fait, si l’on y regarde de plus près, on va participer à la construction de l’écosystème de la défense en fabriquant ici des drones destinés à nous protéger des attaques ennemies. Derrière Tekever, on trouve de fonds américains et de l’Otan. Tout cela n’est pas fait pour me plaire. Il y a aussi des participations financières anglaises et espagnoles dans ce projet. Tekever participe à la course à l’armement dans laquelle notre pays est engagé. Finalement non, ce n’est pas une bonne affaire. 100 emplois, je pense qu’on pourrait les consacrer à d’autres missions.”
“Un rôle clé en matière de prévention des incendies et dans les enjeux environnementaux qui nous attendent”
Face aux arguments de Gérard Iragnes, Jean-Luc Marx ne s’est pas trouvé désarmé, mais il n’a pas eu besoin de sortir l’artillerie lourde pour répondre. Calmement et brièvement, il rassure son opposant : “Il faut raison garder Monsieur Iragnes. Les drones qui seront conçus ici sont des appareils qui auront d’abord un rôle clé en matière de prévention des incendies, en étant bien moins chers qu’un canadair. Ils joueront aussi un rôle majeur dans les enjeux environnementaux qui nous attendent et pour bien d’autres projets liés à la nature et la protection animale. Je ne vois pas ici, un enjeu militaire.”
La maire de Fontanes vote contre et fait une suggestion
Puis, avec beaucoup d’énergie et de détermination, Roselyne Valette, maire de Fontanes, entre dans le débat et lance : “Je vote contre ce démantèlement du Parc des expos. Je ne suis pas hostile à l’arrivée de cette entreprise, mais j’aurais souhaité conserver ce parc et faire en sorte que Tekever s’installe dans la zone économique de Cahors Sud.”

L’élue locale enfonce le clou en avançant d’autres arguments pour garder le Parc : “Je trouve que le Parc des expos est une structure idéale pour l’accueil des populations en masse en cas d’incident climatique grave, par exemple, ou pour d’autres faits majeurs nécessitant un lieu protecteur. “
Pour Frédéric Decremps, maire de Saint-Cirq-Lapopie, “on ne peut pas refuser 100 emplois. Mais que fait-on et où va-t-on accueillir nos manifestations si nous n’avons plus ce Parc des expos ? Comment faire venir des spectacles et des nouveaux porteurs de projets ?”. Jean-Luc Marx a sa petite idée qui répond à ce grand besoin.
“L’équipement culturel que nous devons mettre en place devra avoir une envergure départementale”
En garantissant que d’autres lieux de grande capacité seraient capables d’accueillir une foule en détresse, le président du Grand Cahors a conclu les débats. “Nous sommes en contact avec les utilisateurs habituels du Parc. Cela nous projette dans l’avenir. Maintenant nous devons avancer. L’équipement culturel que nous devons mettre en place devra avoir une envergure départementale pour accueillir d’autres populations que celle de notre seule communauté d’agglomération.”
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INFO LA DÉPÊCHE. Un bail de 19 ans, 3,6 M€ et un conseil décisif pour Tekever : entretien avec Jean-Luc Marx, président du Grand Cahors
Voici un premier indice esquissant un début de projet très attendu dans le Grand Cahors : une salle de spectacle digne de ce nom. La vente du Parc pourrait cristaliser toute l’attention et toutes les questions autour du besoin d’une salle de spectacle. Vente qui alimenterait la caisse de ce chantier.
Jean-Luc Marx ne dément pas cette hypothèse. Bien au contraire. Reste à savoir où s’allumeront les nouveaux projecteurs, pour une nouvelle saga, quand ceux du P
arc des expos s’éteindront définitivement.
Nadia Maaref, directrice de Tekever France : “cette installation nous permettra d’accélérer la production et les essais de drones”
L’offre proposée à Tekever prévoit un bail emphytéotique pour une durée de 19 ans, favorisant ainsi l’implantation durable de Tekever dans la région. “Le recrutement débutera d’ici la fin de l’année, dans le cadre de l’engagement de Tekever à créer 100 emplois en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine au cours des cinq prochaines années. Cette étape illustre la capacité de Tekever à tenir les engagements pris, en passant sans délai de la planification à l’exécution. Le site de Cahors devrait contribuer au développement et à la production de drones Tekever depuis le sol français, soutenant ainsi la souveraineté nationale de la France et renforçant la base industrielle européenne de défense et de sécurité” confirme l’entreprise.
Nadia Maaref, directrice de Tekever France ajoute : « Une fois confirmée, cette installation nous permettra d’accélérer la production et les essais de drones en partenariat étroit avec les acteurs régionaux, tout en élargissant nos activités dans les technologies spatiales. Surtout, cette offre illustre l’engagement de Tekever envers la France, sa souveraineté et son rôle au cœur de l’écosystème européen de sécurité. »