December 18, 2025

Des viols et des agressions sexuelles dans un commissariat toulousain : pourquoi l’ancien policier a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle

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Jugé coupable d’agressions sexuelles et de viols au sein d’un commissariat de quartier, à Toulouse, un ancien brigadier-chef a été condamné à 12 années de réclusion criminelle par la cour criminelle départementale de la Haute-Garonne. Il a été incarcéré.

Pas de sourire, ni de mots. Elles sont reparties discrètement, comme elles étaient venues. Reconnues officiellement victimes et indemnisées, ce qui restait essentiel. Finalement, ces femmes bafouées dans un lieu, un commissariat de police de quartier, où on vient chercher “aide et secours”, comme l’a rappelé l’avocat général Olivier Kern, ne demandaient rien d’autre. Leurs avocats (Mes Saliha Sadek, Emmanuelle Franck, Aymeric Martin-Cazenave et Julien Aubry) ont d’ailleurs pris le soin d’éviter l’hallali lors de leurs plaidoiries mardi.

“Juger c’est comprendre. C’est aussi aider celui qui est en cause à progresser”, alerte Me Laurent Boguet. Mission délicate pour cet accusé “taiseux”, muré dans le silence et les larmes pendant ces quatre jours d’audience devant la cour criminelle de la Haute-Garonne.

Château de sable qui s’effondre

Par quel mécanisme ce policier à la carrière linéaire, âgé de 47 ans au moment des faits, 55 ans aujourd’hui, a-t-il pu se transformer en opportuniste désireux d’abuser de femmes en souffrance ? Comment, l’espace de treize mois, de mars 2017 à avril 2018, ni avant, ni après, a-t-il pu profiter de son statut, de l’autorité que lui conférait sa mission, pour tripoter, imposer des fellations et des coïts fugaces ?

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Lui affirme qu’il s’agissait de relations consenties. “Tout le dossier montre le contraire”, rappelle l’avocat général. Et ses avocats ont soigneusement évité de contester la réalité de ces abus sexuels. “Même si certains faits ont pu se dérouler différemment”, prévient, au passage, Me Martin Vatinel. Alors ? “Je porte la voix de quelqu’un qui n’a pas de mot, quand ils ne sont pas inadaptés ou maladroits. Qui, en réalité, percute sa souffrance, ses problématiques, ses douleurs”, prévient l’avocat.

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La défense cherche dans sa première rupture, “celle de sa carrière de militaire qui n’a pas empêché sa femme, et son fils, de partir”, analyse Me Boguet, le fondement de ses soucis. “Un château de sable qui s’effondre à chaque marée, à chaque tempête”, image Me Vatinel. Et quand le nouveau couple, “l’équilibre retrouvé mais aussi la souffrance partagée”, vacille, l’homme tombe. “C’est le passé qui ressurgit, le malaise, profond, jamais soigné”, expliquent ses défenseurs.

“Fragilité ébranlée”

Il a fui les soins, s’est enfoncé, encore, dans la dépression. Sans jamais rien dire, sans jamais parler, surtout pas à ses collègues. “Quand il abuse dans son propre bureau, inconsciemment, ne cherche-t-il pas à être découvert ?”, interroge Me Vatinel. “Reconnaître ses torts, ses fautes, c’est ébranler sa fragilité, c’est passer au Kärcher son château de sable”, concède Me Boguet. Ses avocats partagent le sentiment : impossible pour lui de ne pas s’écrouler.

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La défense souhaitait “une peine qui aide à comprendre”, une sanction “d’accompagnement” pour celui “qui ne sera jamais plus policier mais qui doit se soigner”. La présidente Valérie Noël et ses assesseurs ont rapidement tranché et suivi toutes les réquisitions : 12 années de réclusion criminelle, 5 ans de suivi socio-judiciaire, interdiction de la fonction publique et interdiction de porter une arme. Condamné, l’homme a pris le chemin de la détention. Ses proches pleuraient ; lui a simplement haussé les épaules, comme désolé.

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