Bien ancré en Aveyron, Carles s’adapte aux grandes évolutions.
Installée à Sonnac depuis plus de soixante ans, l’entreprise Carles continue d’incarner une exception industrielle dans le paysage funéraire français. Avec 55 000 cercueils entièrement fabriqués en Aveyron chaque année, l’entreprise est devenue un acteur important auprès des pompes funèbres. À la tête de cette maison familiale, Sylvie Dellac revient sur les transformations du secteur et sur l’évolution d’une entreprise qui conjugue ancrage territorial et développement national.
Carles a vu passer plusieurs générations de professionnels du funéraire, et Sylvie Dellac a accompagné cette mutation. “Dans les années 70 et 80, nous vendions nos cercueils directement à des menuisiers, souvent en milieu rural. La libéralisation du monopole funéraire au début des années 90 a bouleversé ce modèle”, explique-t-elle. L’obligation pour les opérateurs d’être habilités, de disposer d’un corbillard aux normes ou encore d’une structure dédiée a progressivement éloigné les menuisiers du secteur.
“Cela a donné naissance à des entreprises plus structurées, parfois issues du monde de l’ambulance, puis à la professionnalisation des pompes funèbres dans les années 2000 avec l’essor des chambres funéraires.” Depuis une quinzaine d’années, l’arrivée de fonds d’investissement a accéléré la concentration du marché. “Nous sommes passés d’un tissu d’artisans à des groupes nationaux fonctionnant avec des centrales d’achat. Mais il reste encore de très belles entreprises familiales, avec lesquelles nous entretenons un lien précieux depuis plusieurs générations.”
L’Aveyron au cœur de l’innovation
Avec 20 000 m² de surface de production et 75 salariés, Carles s’est imposé comme une référence industrielle. Le groupe s’appuie désormais sur quinze plateformes logistiques réparties dans toute la France, du Grand Toulouse à la Bretagne en passant par les Hauts-de-France. Mais le cœur reste ici : “Nous sommes fiers de nos racines. L’Aveyron véhicule une image d’authenticité et de sérieux qui résonne auprès de nos clients.”
Le label Fabriqué en Aveyron, bien visible sur les cercueils, est devenu un marqueur commercial fort. “Oui, c’est un vrai levier de différenciation. Il affirme notre identité.”
Chaque année, Carles affirme investir entre 700 000 € et 1 million d’euros dans son outil industriel. “Nos innovations répondent à trois enjeux : supprimer des tâches répétitives, garantir une régularité de production et réduire notre impact environnemental.”
C’est ainsi que la société opte de plus en plus pour des finitions à base aqueuse limitant l’usage de solvants et réduisant les rejets atmosphériques, travaille du chêne provenant de scieries françaises, ou encore du pin issu de forêts durablement gérées. Les copeaux produits en usine servent même au chauffage des bâtiments, renforçant l’autonomie énergétique du site.
Une gouvernance renouvelée
L’arrivée d’un comité de direction a transformé la dynamique interne. “Nous sommes entourés de cadres jeunes et investis. Victor, notre fils, est devenu directeur général cette année, et Jules fait aussi partie de l’équipe. Un vent de jeunesse souffle sur l’entreprise.”
Quant à sa place de dirigeante dans un environnement industriel : “Je suis surtout la fille des fondateurs Jean-Marie et Georgette, la sœur de Jérôme qui a travaillé à nos côtés avec son épouse Jacqueline, l’épouse de Jean-Marc qui m’accompagne professionnellement depuis 35 ans. Aujourd’hui, mes enfants s’investissent à leur tour.
Et si cette aventure familiale présente à la fois des avantages et quelques inconvénients, je souhaite être l’héritière de toutes leurs valeurs. Je suis persuadée que, face à mes collaborateurs, l’autorité se gagne par l’exemple et la droiture.”