Faute parfois de pouvoir compter sur les formations de feu le “socle commun” et désireux d’avoir des ministres déconnectés de toute ambition présidentielle pour 2027, Sébastien Lecornu a choisi hier plusieurs hauts fonctionnaires, experts de leurs domaines. Tour d’horizon des principaux profils qui entrent au gouvernement.
Plusieurs nouveaux visages font l’apparition dans le nouveau gouvernement formé par Sébastien Lecornu et dévoilé ce dimanche 12 octobre. Certains d’entre eux sont totalement inconnus du grand public. Découverte de ces profils qui diffèrent des habitués à la vie politique.
Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail et des Solidarités
Jean-Pierre Farandou, né en 1957 à Bordeaux, est diplômé de l’École des Mines de Paris. Il débute sa carrière dans l’industrie minière américaine Amax à Denver avant de rejoindre la SNCF en 1981. Polyvalent, il exerce tous les métiers du transport ferroviaire (aiguilleur, conducteur, régulateur) puis gravit les échelons opérationnels et managériaux. Il pilote le lancement de plusieurs lignes TGV majeures (Paris-Lille en 1993, Thalys en 1996, TGV Méditerranée en 2001).
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Devenu directeur général délégué en 2012, il préside Keolis jusqu’en 2019, puis devient président de la SNCF, succédant à Guillaume Pépy. Il avait provoqué la colère de Bruno Le Maire en 2024 en signant avec les syndicats un accord de fin de carrière accusé de contourner la réforme des retraites.
Édouard Geffray, ministre de l’Éducation nationale
Né en 1978 à Épinay-sur-Seine, Édouard Geffray est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’université Paris-Sorbonne (maîtrise d’histoire économique) et de l’ENA. Il débute en 2005 au Conseil d’État comme rapporteur, puis occupe plusieurs fonctions juridiques et administratives. En 2012, il rejoint la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) comme directeur des affaires juridiques, avant d’en devenir secrétaire général jusqu’en 2017. Il est ensuite directeur du cabinet de François Bayrou, éphémère ministre de la Justice.
Après avoir été directeur général des ressources humaines du ministère de l’Éducation nationale, il est nommé en 2019 directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO) et donc associé aux controversées réformes Blanquer ou au choc des savoirs. Totalement inconnu du grand public, il succède à Elisabeth Borne comme 7e ministre de l’Éducation nationale depuis 2022.
Monique Barbut, ministre de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature
Née en 1956 à Safi au Maroc, Monique Barbut est une haute fonctionnaire spécialisée dans le développement durable et la finance internationale. Après des études en économie à l’Université Paris I et Paris II, elle commence sa carrière en 1981 à la Caisse centrale de coopération économique, devenue l’Agence française de développement (AFD). Elle a notamment joué un rôle clé aux négociations financières du Sommet de la Terre à Rio en 1992 et participé à la création du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), dont elle devient première directrice générale en 2006.
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De 2003 à 2006, elle a dirigé la division Technologie, industrie et économie au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). En 2013, elle est nommée secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), poste qu’elle occupe jusqu’en 2019. De 2021 à 2024, elle est présidente de WWF France. Elle succède à Agnès Pannier-Runacher qui ne voulait pas rempiler.
Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur
Laurent Nuñez, né en 1964 à Bourges, diplômé de l’ENA, est spécialiste du renseignement et de la sécurité intérieure. Il a été préfet de nombreux départements, directeur de la DGSI de 2017 à 2018, puis secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur de 2018 à 2020. Coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, il est depuis 2022 préfet de police de Paris.
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Son parcours reflète une expertise approfondie dans la gestion des crises, la sécurité nationale et la lutte antiterroriste. Il succède à Bruno Retailleau.
Serge Papin, ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat, du tourisme et du pouvoir d’achat
Né en 1955 à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), Serge Papin n’est pas haut fonctionnaire mais chef d’entreprise spécialiste de la grande distribution coopérative. Fils de commerçants, il commence dans la vente avant de rejoindre en 1976 la centrale Loire-Atlantique des UNICO (ancêtre des Super U). Il gravit les échelons jusqu’à devenir PDG du groupement coopératif Système U, poste qu’il occupe de 2005 à 2018.
Il est reconnu pour avoir modernisé et dynamisé les magasins U (Super U, Hyper U) tout en s’engageant pour une consommation responsable et écologique à travers le manifeste “Osons Demain”. Depuis 2023, il est administrateur indépendant du conseil d’administration d’Auchan Retail International. Il est également auteur d’ouvrages sur la consommation durable.