December 14, 2025

REPORTAGE. Dermatose nodulaire : "Il est anéanti"… Ce village se mobilise autour d’un éleveur, dont les vaches ont été abattues

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À Touille (Haute-Garonne), la confirmation du premier cas de dermatose nodulaire contagieuse dans le département bouleverse la population. Alors qu’un troupeau de 35 vaches a été abattu, les habitants se sont rassemblés pour soutenir l’éleveur, sous une haute surveillance policière.

À Touille, petit village du Comminges frontalier avec l’Ariège, la journée de ce samedi 13 décembre se déroule sous une tension bien inhabituelle. Sur les hauteurs de la commune, au hameau de Montarréaut, un important dispositif de sécurité encercle une exploitation agricole où le premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) du département a été confirmé la veille, vendredi. Le troupeau concerné, trente-cinq bovins, a finalement été abattu dans l’après-midi, selon une source à la préfecture de Haute-Garonne, afin d’endiguer la propagation de la maladie. Une opération qui s’est déroulée sans incidents.

Dès l’entrée du village, les forces de l’ordre filtrent les accès. Depuis Salies-du-Salat, dès le pont de l’Usine à sel, des véhicules de gendarmerie interdisent toute approche du site. Un périmètre de plusieurs centaines de mètres est établi autour de la ferme, tandis qu’un hélicoptère survole régulièrement la zone. Une présence policière exceptionnelle pour une commune peu habituée à une telle agitation.

Un grand rassemblement en soutien à l’éleveur

À quelque 500 mètres de l’exploitation, près de 200 personnes se sont rassemblées. Riverains, familles, agriculteurs et élus locaux sont venus témoigner leur soutien à l’éleveur, contraint de voir disparaître l’intégralité de son troupeau. Dans le calme, ils font face aux gendarmes, sans la moindre tentative de forcer les barrages.

Sous les applaudissements, trois tracteurs s’avancent lentement vers le point de contrôle, symboles d’un monde agricole solidaire. Personne ne peut approcher la ferme, mais la mobilisation se veut visible, silencieuse et digne, à l’image de la détresse ressentie dans le village.

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Le maire de Touille, Michel Estrella, connaît bien l’agriculteur touché par la mesure sanitaire. “J’ai vu l’éleveur hier. Il est anéanti”, confie l’élu, résumant l’état d’esprit d’une commune soudée face à l’épreuve de l’un de ses habitants. Un chasseur voisin est arrivé sur les lieux dès la mi-journée pour soutenir l’exploitant agricole. “Tout le monde se connaît ici, je me devais d’être là”, témoigne-t-il.

Contrairement à la situation en Ariège, où 207 vaches ont été abattues jeudi, aucun appel à manifester n’a été lancé par les syndicats agricoles. Les Ultras de l’A64, bloquant l’autoroute au niveau de Carbonne, ne se sont pas déplacés. “L’éleveur avait accepté l’abattage”, explique l’un de ses membres.

En fin de journée, après l’abattage du cheptel de 35 bêtes, les agriculteurs ont déversé du bois et des gravats à l’entrée de Salies-du-Salat. Ces derniers souhaiteraient “bloquer la route qui mène à l’exploitation”, selon une source proche du dossier.

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Un arrêté préfectoral de déclaration d’infection a été pris, prévoyant l’instauration de zones réglementées, un renforcement de la surveillance vétérinaire et des restrictions de déplacement des bovins. À Touille, la colère laisse place au soutien, et la solidarité des habitants contraste nettement avec la rigueur d’un dispositif de sécurité hors norme.

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