December 12, 2025

ENTRETIEN. Dermatose nodulaire : "On a subi la violence de l’État" juge le président de la chambre d’agriculture du Gers présent en Ariège

l’essentiel
Le président de la chambre consulaire du Gers, Lionel Candelon, évoque la soirée d’affrontements vécue avec d’autres agriculteurs aux Bordes-sur-Arize (Ariège). L’ancien président de la Coordination rurale Occitanie dénonce une gestion “violente” de l’Etat et des forces de l’ordre.

Combien de personnes étaient présentes hier soir aux Bordes-sur-Arize ?

Nous étions entre 600 et 700, dont 98 % d’agriculteurs. En face, il y avait environ 200 à 300 gendarmes, avec sept véhicules blindés, des milliers de grenades lacrymo — dont un millier qu’on a reçues —, deux hélicoptères et un drone. Mobiliser autant de matériel militaire contre des paysans, franchement, je ne comprends pas.

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Comment avez-vous vécu cette soirée sur place ?

C’était infernal. À chaque mètre avancé, ils lançaient cinquante grenades. On a pris du gaz pendant quatre heures, sans jamais agresser ni menacer un seul gendarme. On a reçu des grenades de désencerclement qui ont explosé à quatre mètres de nous et nous ont mis à terre. On a subi la violence de l’État, entre 13 h 30 et 23 h 30, gratuitement.

Les services de l’État se sont heurtés à des barrages installés par des agriculteurs hier en Ariège.
Les services de l’État se sont heurtés à des barrages installés par des agriculteurs hier en Ariège.
DDM – S. L.

Des discussions avaient pourtant été engagées pour permettre l’accès des vétérinaires à l’exploitation…

Aucune. Personne n’est venu discuter avec nous depuis un an. Rien du tout. La seule discussion qu’on a eue, c’est celle avec les grenades lacrymogènes.

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La préfecture de l’Ariège évoque des violences contre les forces de l’ordre, notamment des jets de projectiles et de cocktails Molotov. Que répondez-vous ?

J’ai répondu au préfet sur les réseaux sociaux : il n’y a eu aucun jet de cocktail Molotov, parce qu’il n’y en avait pas sur place. En fin de journée, une vingtaine de personnes connues pour être des antifas ou des black blocs se sont jointes aux agriculteurs, mais cela ne nous concerne pas. Quand ils sont face aux boucliers des CRS et que nous, à 60 mètres derrière, on se fait gazer, c’est bien nous qu’ils visent, pas eux.

Y a-t-il eu des blessés parmi les agriculteurs ?

Oui. Les trois blessés que j’ai vus partir étaient des agriculteurs. L’un d’eux a été touché par une grenade assourdissante qui a explosé à ses pieds. Une voiture d’un paysan a aussi été renversée par les forces de l’ordre à l’aide d’un engin de levage en début d’après-midi. Ils l’ont jetée dans un champ. Quand on se permet de balancer des véhicules dans les champs, il y a un vrai problème de communication…

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Avez-vous constaté la présence de militants extérieurs au monde agricole ?

Oui, quelques-uns, une vingtaine tout au plus. Mais 98 % des personnes présentes étaient des agriculteurs ou des habitants du coin, venus pacifiquement s’opposer à la décision de la ministre d’abattre tout le troupeau. Et la réponse qu’on a eue, c’était une réponse militaire. On aurait dit une incursion dans une vallée afghane : ils tiraient sur tout ce qui bougeait.

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