September 7, 2025

Des apiculteurs piègent les frelons grâce aux bières périmées de la brasserie Ratz

l’essentiel
Frelon : derrière les ruches, la pression s’intensifie à Cahors, où les apiculteurs multiplient les pièges artisanaux à base de bière. Mais sans plan départemental, pourront-ils freiner cette menace grandissante ?

Ils sont quatre ou cinq. En cette fraîche matinée, derrière le stade Lucien Desprats, à Cahors, ils sont quatre ou cinq frelons à tenter de rentrer dans les ruches dont s’occupe Charles Bonnet. “C’est vraiment dramatique”, soupire-t-il. Après les piégeages de printemps, une nouvelle campagne s’ouvre pour l’automne. Avec Patricia Caussanel, président du Groupement de Défense Sanitaire des Abeilles, et Michel Bétaille, apiculteur, ils s’échangent de bons conseils. Par exemple, Charles Bonnet a installé un piège avec de la viande à l’intérieur. Depuis la veille, il en a attrapé trois ou quatre. “Vous deviez mettre des filets à fraise sous les ruches. Les abeilles peuvent passer mais pas les frelons !”, conseille Patricia Caussanel.

Un autre élément qui fonctionne bien : la bière. Et ça, Christophe Ratz l’a bien compris. “Je suis fils de paysan. Mes grands-parents ont toujours eu des ruches à la ferme”, explique-t-il. Pendant le Covid, des litres et des litres de bière périment. Au lieu de les jeter, il les offre à des apiculteurs. Cette année, il reconduit la même chose. “Une centaine d’apiculteurs en ont bénéficié entre le Lot et le Tarn-et-Garonne. Le frelon, c’est catastrophique pour l’environnement et l’équilibre de nos abeilles. C’est une aide infime, mais je suis heureux de le faire”, détaille le fondateur de la brasserie locale.

Un piège artisanal fait avec de la viande pour piéger les frelons.
Un piège artisanal fait avec de la viande pour piéger les frelons.
DDM Aouregan Texier

Au lieu de jeter ces litres de bière aux égouts, les apiculteurs sont bien contents de pouvoir les récupérer (pour cela, ils peuvent prendre rendez-vous à la brasserie et y venir avec des bidons et leur numéro NAPI). Avec, ils en font des pièges dans de vieilles bouteilles en plastique. “Je recommande un mélange avec un tiers de bière, un tiers de sirop de grenadine ou de cassis, et un tiers de vin blanc pour repousser les abeilles”, souligne la présidente du GDSA. Christophe Ratz, lui, ne met que de la bière et du sirop.

Un espoir : le plan départemental de lutte contre les frelons

Tout est bon pour que les apiculteurs se débarrassent des frelons. “Ils ont un vol stationnaire et attendent que les abeilles sortent pour les attraper. Alors, elles, elles se mettent en position de défense. Elles ne sortent plus butiner. Elles ont déjà mangé leurs réserves… La reine, elle, est stressée. Elle réduit la ponte. Or, nous sommes au moment où les abeilles créent les abeilles d’hiver. Mais si elles sont attaquées, elles vont mourir. Les abeilles d’été ne sont faites pour survivre l’hiver”, regrette Michel Bétaille.

Deux frelons tentent de rentrer dans une ruche.
Deux frelons tentent de rentrer dans une ruche.
DDM Aouregan Texier

Des initiatives ont vu le jour çà et là pour lutter contre les frelons. “À la mairie de Figeac, ils ont été les premiers à le faire, mais ils enlèvent gratuitement les nids de frelons”, détaille l’apiculteur. Selon la présidente du GDSA, les communes de Gourdon et Vayrac le font aussi. Elle ajoute : “Ce sont quand les feuilles tombent que l’on commence à voir les nids. Ils nichent aussi dans les haies, voire dans les trous au sol. Ils sont très intelligents.” En réalité, ce qu’aimeraient les apiculteurs, c’est qu’un plan départemental de lutte contre les frelons soit réellement mis en place.

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