Volodymyr Zelensky à Rome, en décembre 2025. MARCO IACOBUCCI / SOPA/SIPA
Le bras de fer continue entre Kiev et Washington. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré ce jeudi 11 décembre que les Etats-Unis continuaient de demander d’importantes concessions de la part de son pays dans les négociations pour mettre fin à la guerre avec la Russie.
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L’administration de Donald Trump a proposé il y a près de trois semaines un plan visant à résoudre bientôt quatre ans de guerre déclenchée par l’invasion russe à grande échelle de février 2022. Ce texte est depuis discuté séparément par les Russes et les Ukrainiens avec les Américains.
• Deux questions essentielles à négocier
Selon Volodymyr Zelensky, il reste deux questions essentielles à négocier : « Les territoires de la région de Donetsk et tout ce qui s’y rapporte, ainsi que la centrale nucléaire de Zaporijjia. Ce sont les deux sujets que nous continuons de discuter » avec Washington, a-t-il déclaré à des journalistes, dont ceux de l’AFP.
Le président ukrainien a précisé qu’à ce jour, ces deux points sont « irrésolus » dans les négociations avec les Américains pour mettre fin à la guerre avec la Russie.
• Kiev prête à accepter une zone démilitarisée dans le Donbass
Volodymyr Zelensky a annoncé que Washington veut que l’armée ukrainienne se retire du Donbass, mais pas l’armée russe. Si le renoncement territorial est refusé, Kiev serait prêt à accepter une zone démilitarisée, selon les informations du « Monde ». Une décision avalisée par l’Europe, selon le quotidien du soir, qui cite le chancelier allemand, Friedrich Merz, admettant que l’Ukraine est désormais « prête » à accepter des concessions territoriales. Le même a reconnu avoir participé à la rédaction de cette « proposition », aux côtés du président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer.
« Une zone démilitarisée devra exister de part et d’autre de la ligne », a confirmé auprès du « Monde » le négociateur ukrainien Mykhaïlo Podoliak. Il estime que c’est « un format naturel de fin de conflit, sachant qu’une partie du territoire restera malheureusement sous occupation de facto de la Russie et qu’une ligne de séparation sera fixée de toute façon ». Une décision qui évite l’abandon pur et simple du Dombass, comme le réclame Moscou.
• Washington veut démilitariser la partie ukrainienne de Donetsk
Volodymyr Zelensky a précisé le plan de Washington pour la partie de la région de Donetsk que Kiev contrôle encore : « Ils (les Américains) voient les forces ukrainiennes se retirer du territoire de la région de Donetsk, et le compromis supposé est que les forces russes ne pénètrent pas dans cette partie » de la région, a-t-il déclaré. « Qui gouvernerait ce territoire, qu’ils (les Américains) appellent déjà “zone économique libre” ou “zone démilitarisée”, ils l’ignorent », a-t-il ajouté.
En échange, l’armée russe se retirerait des zones sous son contrôle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk (nord, nord-est et centre-est), mais se maintiendrait dans celles de Kherson et Zaporijjia (sud).
Les régions de Donetsk, contrôlées à plus de 80 % par la Russie, et celle voisine de Lougansk, presque totalement sous son contrôle, sont l’objectif prioritaire du Kremlin en Ukraine. Moscou revendique depuis 2022 leur annexion, tout comme celle de deux autres régions du sud, celles de Kherson et Zaporijjia, que les forces russes occupent partiellement.
• Les questions territoriales tranchées par un vote
Volodymyr Zelensky a assuré que dans tous les cas, une « élection » ou un « référendum » sera nécessaire en Ukraine pour trancher sur les questions territoriales. « Je crois que le peuple ukrainien répondra à cette question. Que ce soit par des élections ou par un référendum, il doit y avoir une position émanant du peuple ukrainien », a-t-il déclaré.
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Mardi, il s’était dit prêt à organiser une présidentielle si la sécurité du scrutin pouvait être assurée par les Etats-Unis, avec les Européens.
• Discussions sur les garanties de sécurité
Le président ukrainien a aussi indiqué avoir échangé avec de hauts responsables de l’administration de Donald Trump sur les garanties de sécurité que l’Ukraine demande de la part de ses alliés occidentaux face à Moscou.
« Nous avons eu une discussion constructive et approfondie avec l’équipe américaine au sujet (…) des garanties de sécurité », a-t-il affirmé sur X. Selon lui, le secrétaire d’Etat Marco Rubio, le ministre de la Défense Pete Hegseth, l’émissaire spécial Steve Witkoff et le gendre du président américain, Jared Kushner, étaient notamment présents au cours de cet échange téléphonique.
• Les Etats-Unis veulent un accord « le plus tôt » possible
Mercredi, deux responsables ukrainiens avaient confirmé à l’AFP que Kiev avait remis aux Etats-Unis sa version mise à jour de ce plan, à un moment où le président américain redit son impatience face à Kiev et aux Européens. Le président ukrainien a confirmé ce jeudi que les Etats-Unis souhaitaient conclure un accord « le plus tôt » possible.
La version du plan américain révisée par les Ukrainiens lors de négociations à Genève et en Floride n’a pas été rendue publique. Un texte divisé en quatre parties a également été soumis au Kremlin lors d’un voyage de l’émissaire américain Steve Witkoff à Moscou la semaine dernière.
Ces efforts américains interviennent à un moment difficile pour l’Ukraine : la présidence a été déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de Volodymyr Zelensky, l’armée est en recul sur le front et la population est soumise à des coupures de courant à cause des frappes russes. Le plan originel de Washington avait été perçu comme largement favorable aux demandes du Kremlin.

