Par
Le Nouvel Obs avec AFP
Des enfants palestiniens lors d’une distribution alimentaire à Deir al-Balah, à Gaza, le 29 juillet 2025. HASSAN JEDI/ANADOLU VIA AFP
Un organisme international soutenu par l’ONU a averti ce mardi 29 juillet que le « pire scénario de famine est en cours à Gaza », où le ministère de la Santé relevant du Hamas a annoncé que le bilan de près de vingt-deux mois de guerre avec Israël avait dépassé les 60 000 morts.
A la faveur d’une pause partielle dans les bombardements annoncée par Israël, de nouvelles aides humanitaires ont été acheminées à Gaza mais elles sont à ce stade jugées insuffisantes par les agences internationales.
Malgré cette pause, des sources hospitalières ont fait état de 30 morts dont 12 enfants dans des raids israéliens nocturnes sur le camp de Nousseirat dans le centre du territoire dévasté et assiégé par Israël.
A lire aussi
Entretien
Elie Barnavi : « Le camp de la paix n’a pas disparu »
« Nous n’avons pas entendu le bruit du missile et soudain, la maison s’est effondrée. Les corps volaient et les gens criaient », raconte Oum Saleh Badr au milieu des destructions à Nousseirat. « Nous ne voulons pas d’aides, nous voulons être en paix. Je ne veux pas être la mère, la sœur ou l’épouse d’un martyr. »
Au moins 16 enfants de moins de 5 ans morts à cause de la famine
A l’hôpital Al-Awda du secteur, la même scène quotidienne dans le territoire palestinien se répète avec des Palestiniens pleurant la mort de leurs proches près de corps enveloppés dans des couvertures ou des sacs en plastique, alignés au sol. La prière des morts est ensuite récitée.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. En riposte, Israël a lancé une offensive destructrice dans le territoire pauvre de 365 kilomètres carrés, où s’entassent plus de 2 millions de Palestiniens.
Le « pire scénario de famine est en cours à Gaza » en raison de la guerre, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l’aide humanitaire, a indiqué un rapport IPC (Cadre intégré de Classification de la Sécurité alimentaire).
A lire aussi
Témoignage
« Pendant cette nuit de bombardements, je me suis recroquevillée contre un mur, priant pour voir la lumière du matin arriver »
« Plus de 20 000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet », ajoute l’IPC. Les hôpitaux ont signalé au moins seize décès d’enfants de moins de 5 ans depuis le 17 juillet, souligne ce rapport, fruit du travail d’ONG, institutions régionales et agences de l’ONU spécialisées.
Pour le Programme alimentaire mondial, la catastrophe humanitaire à Gaza rappelle les famines en Ethiopie et au Biafra au Nigeria, au siècle dernier. « Cela ne ressemble à rien de ce que nous avons vu au cours de ce siècle. »
Des largages humanitaires insuffisants
Prenant le contre-pied des affirmations du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, le président américain Donald Trump a lui-même affirmé lundi qu’il y avait des signes d’une « vraie famine » à Gaza.
Selon l’IPC, les largages aériens de vivres autorisés à partir de dimanche par Israël et menés par plusieurs pays « ne seront pas suffisants pour inverser la catastrophe humanitaire ».
Entretemps, les autorités israéliennes ont annoncé que l’aide transportée par plus de 200 camions avait été distribuée lundi par l’ONU et des agences humanitaires à Gaza. Environ 260 autres camions d’aide ont été autorisés à entrer dans le territoire palestinien, ainsi que quatre camions-citernes de l’ONU transportant du carburant, selon elles.
L’ONU a dit qu’il fallait chaque jour au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d’hygiène pour subvenir aux besoins immenses de la population.
Le patron de l’ONU, António Guterres, s’est félicité « de l’allègement des restrictions […] mais cela est loin d’être la solution pour mettre fin au cauchemar ».
Plus de 60 000 morts, selon un ministère lié au Hamas
L’attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l’armée.
A Gaza, « le bilan de l’agression israélienne s’élève à 60 034 martyrs » depuis le début de la guerre, a indiqué le ministère de la Santé relevant du Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
A lire aussi
Témoignage
« Comment pourrais-je regarder mes photos de mariage en sachant que des gens mouraient à quelques kilomètres ? »
Début mars, Israël avait totalement interdit l’entrée des aides à Gaza, avant d’autoriser fin mai l’acheminement de quantités très limitées.
Mais face à une forte pression internationale, Israël a annoncé dimanche une « pause tactique » quotidienne dans les hostilités, « de 10 à 20 heures (7 à 17 heures GMT [9 à 19 heures à Paris]) » dans certains secteurs de Gaza, à des fins humanitaires. Il n’a pas précisé sa durée.
Benyamin Netanyahou a néanmoins réaffirmé dimanche qu’« il n’y a pas de politique de famine à Gaza » et qu’« il n’y a pas de famine à Gaza ».
Mardi, son ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar a rejeté les pressions internationales en faveur d’un cessez-le-feu. Si Israël cessait la guerre alors que le Hamas est toujours au pouvoir à Gaza et détient toujours des otages, ce serait une « tragédie ». « Cela n’arrivera pas. »