Donald Trump lors d’une conférence de presse à bord du Air Force One, le 14 novembre 2025. ROBERTO SCHMIDT / GETTY IMAGES VIA AFP
Semaine délicate pour Donald Trump. La publication de courriers électroniques attribués au financier Jeffrey Epstein mercredi par des élus démocrates a remué cette affaire que le président américain pensait avoir enfouie. Donald Trump « savait à propos des filles » agressées sexuellement et a même « passé plusieurs heures » avec l’une d’elles, affirment des e-mails du financier new-yorkais au carnet d’adresses bien rempli. Avec sa complice Ghislaine Maxwell comme rabatteuse, Epstein faisait venir des mineures dans ses résidences notamment à New York et en Floride pour, sous le prétexte de massages, les agresser sexuellement.
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Mais le président américain a assuré vendredi 14 novembre, tandis qu’il se rendait en Floride : « Je ne sais rien de cela. (Sinon) cela aurait été dit il y a longtemps. » « Jeffrey Epstein et moi avons entretenu de très mauvaises relations pendant de nombreuses années », a-t-il ajouté.
Donald Trump a, dans la foulée, lancé sa contre-attaque en réclamant une enquête au ministère de la Justice et à la police fédérale (FBI) sur la relation entre Jeffrey Epstein et certaines personnalités démocrates dont Bill Clinton. Cette enquête vise également Larry Summers, ministre des Finances de Bill Clinton, l’investisseur et entrepreneur Reid Hoffman, la banque JPMorgan Chase ainsi que « beaucoup d’autres personnes et institutions ». « Les dossiers montrent que ces hommes, et de nombreux autres, ont passé beaucoup de temps avec Epstein », a assuré le locataire de la Maison-Blanche sans fournir aucune preuve.
La ministre de la Justice Pam Bondi a promis sur X que ses services allaient agir « avec diligence et honnêteté pour donner des réponses au peuple américain ».
« Bill Clinton n’a rien fait et ne savait rien »
« Ces e-mails prouvent que Bill Clinton n’a rien fait et ne savait rien. Le reste n’est que du bruit, destiné à détourner l’attention des défaites électorales (républicaines) et du retour de bâton causé par la paralysie budgétaire », a réagi Angel Urena, porte-parole de l’ancien président. Bill Clinton a fréquenté le financier new-yorkais dans les années 1990 et 2000.
Contacté par l’AFP, le bureau de Larry Summers, qui a été conseiller économique de Barack Obama et présidé la prestigieuse université Harvard, n’a pas immédiatement répondu.
Accusée d’avoir facilité les agissements de Jeffrey Epstein en lui permettant de financer ses activités, la banque JPMorgan Chase a accepté de verser 290 millions de dollars à des victimes présumées, en vertu d’un accord annoncé en juin 2023. « Nous regrettons les relations que nous avons eues avec cet homme mais nous ne l’avons pas aidé à commettre ses actions odieuses », a déclaré un porte-parole de JPMorgan Chase.
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En juillet dernier, le ministère de la Justice et le FBI avaient annoncé qu’ils n’avaient « pas découvert de preuves sur lesquelles fonder une enquête contre des personnes jusqu’ici non poursuivies » dans l’affaire Epstein. Les deux institutions avaient aussi jugé qu’il ne serait « pas pertinent » de rendre public le « dossier Epstein » (« Epstein files » en anglais).
Donald Trump avait promis pendant sa campagne des révélations fracassantes. Mais une fois revenu au pouvoir, l’ancien promoteur immobilier, qui a fréquenté Jeffrey Epstein quand ils étaient des figures de la jet-set new-yorkaise avant de se brouiller avec lui, a tenté de clore le dossier, selon lui une « supercherie » montée par les démocrates.
Le dossier Epstein bientôt rendu public ?
La Chambre des représentants doit examiner la semaine prochaine une proposition de loi qui forcerait le ministère de la Justice à publier les « Epstein files ». La presse américaine s’attend à ce que de nombreux républicains votent pour.
En effet, la position de Donald Trump suscite l’incompréhension voire la colère de certains de ses partisans. Vendredi, il a aussi rompu publiquement et de manière fracassante avec une figure emblématique de son mouvement MAGA (Make America Great Again), Marjorie Taylor Greene, qui lui reproche de manquer de transparence dans ce scandale politico-judiciaire.
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« Je retire mon soutien à l’élue Marjorie Taylor Greene », a-t-il écrit sur son réseau Truth Social, ajoutant : « Maggie “la Dingue” ne fait que SE PLAINDRE, SE PLAINDRE, SE PLAINDRE » à propos de la représentante de Géorgie, un état du sud-est des Etats-Unis.
Donald Trump « s’en prend à moi avec force pour faire un exemple et faire peur aux autres Républicains avant le vote de la semaine prochaine », a réagi Marjorie Taylor Greene sur X. Elle a jugé « stupéfiant de voir à quel point il se bat » pour empêcher une publication.

