Au salon de Noël des métiers d’art, au Foyer Valentré à Cahors, visiteurs et artisans parlent budget serré, petits prix et “pièces uniques”. Entre idées reçues et réalité des stands, la question du pouvoir d’achat s’invite dans les allées.
À Cahors, le salon de Noël des métiers d’art a commencé, vendredi, sous un ciel gris et avec une fréquentation timide. “Je ne pensais pas pouvoir m’acheter quelque chose ici”. Ce samedi après-midi, à l’entrée de l’événement, une jeune femme pousse un soupir de soulagement en regardant les étiquettes. À côté d’elle, une passante sourit. “Et l’entrée est gratuite.”
“Il y a des prix très abordables”
Jusqu’au dimanche 7 décembre, une vingtaine d’artisans exposent au Foyer Valentré, de 10 h à 18 h 30, dans le cadre d’une manifestation co-organisée par la Maison de l’Artisan et le syndicat des Métiers d’Art du Lot. Céramistes, verriers, tapissiers décorateurs, créateurs de bijoux, vanniers, sculpteurs sur bois… Tout l’éventail de l’artisanat d’art s’étale sur les stands, avec un même objectif : prouver que la pièce unique n’est pas forcément hors de prix.

Président du syndicat, le tapissier décorateur Guy Dols constate un début “en douceur”, mais plutôt encourageant pour certains. Selon lui, ce sont surtout les stands proposant de “petites pièces” qui tirent leur épingle du jeu. “Il y a des prix très abordables pour beaucoup de collègues. On peut tout à fait s’y retrouver en termes de prix. On dit toujours, les métiers d’art c’est cher. Non, ce n’est pas toujours cher. Ce qui est cher, c’est la non-qualité.”


Sur son stand de céramique, venue de Saint-Germain-du-Bel-Air, Béatrice Dubrulle aligne animaux, photophores, fleurs et petits anges modelés à la main. “Moi, je suis céramiste et je travaille pratiquement uniquement la faïence”, précise l’artisane. Pour Noël, ses anges connaissent un vrai succès. “C’est ce qui se vend le mieux. Ils sont très populaires. Ils coûtent entre 12 et 15 euros, donc c’est abordable. On peut avoir un coup de cœur et les emporter facilement.” À côté, des pièces plus importantes dépassent les 200 ou 300 euros, “plus compliquées” à vendre, reconnaît-elle. “Il faut le coup de cœur”.

Un peu plus loin, le bois remplace la terre. Devant ses jouets en bois, puzzles en 3D et créations inspirées des Fables de La Fontaine, Hélène Boutefeu assume une ligne claire : rester abordable sans brader son travail. “Je fais en sorte d’être accessible à un maximum.” Elle fabrique tout, du choix du bois à l’objet fini.

Un petit budget, mais de grandes envies
Au cœur de l’espace, de nombreux visiteurs avouent être venus avec “un petit budget”. Certains prévoient “une pièce ou deux”, d’autres “font des repérages” pour revenir le dernier jour. Un homme, entré presque par hasard, résume cette prudence. “Je vais peut-être trouver quelque chose pour ma femme, mais mon budget est petit.”

Le verre coloré de Murièle Rames illustre un autre visage de l’artisanat : celui d’objets d’art de la table et de bijoux construits patiemment. Là aussi, des entrées de gamme côtoient des pièces plus onéreuses, mais tout est pensé pour durer. Tout comme les créations poétiques en papier de Christine Röhlich, qui conçoit abat-jour à ombres chinoises, sculptures lumineuses, bouquets, petits escargots décoratifs, rocamadours ou arbres, plus vraies que nature.


Une tombola pour le dernier jour
Pour attirer encore un peu plus le public, les organisateurs ont mis en place une tombola gratuite. Jusqu’à demain, les visiteurs peuvent déposer leurs coordonnées dans une urne. “Chacun a offert une pièce”, rappelle Guy Dols. Tirage prévu ce dimanche à 14 heures.

Reste à savoir si, au final, le salon confirmera ce que les artisans constatent déjà à mi-parcours : malgré l’inflation et les arbitrages de fin d’année, l’envie de “vrai” et de “fait main” continue d’exister. “L’avantage que nous avons, c’est qu’ici la pièce est unique”, insiste Guy Dols. Au Foyer Valentré, un visiteur qui s’éclipse avec un sac sous le bras prévient déjà. “Le marché continue ce dimanche. J’y serai sûrement. Je dois juste faire quelques mesures chez moi.” Le temps, peut-être, de vérifier que l’artisanat d’art a encore sa place… dans le budget du week-end.

