Dans le viseur des instances disciplinaires du district de Haute-Garonne, le président du Football-Club de Bagatelle, à Toulouse, par ailleurs élu à la région Occitanie, Mohamed Hamami, conteste les dernières décisions qui lui ont été infligées au sein d’un club trop souvent pointé du doigt.
Serait-ce l’affaire de trop ? L’inusable président du Football-Club de Bagatelle (FCB), dans les quartiers ouest de Toulouse, Mohamed Hamami, 57 ans, est dans le viseur de la commission de discipline du district de football. Lors d’un match des moins de 17 ans (U17) sur le terrain de Bagatelle, contre l’équipe de Garona, le 28 septembre dernier, un de ses joueurs a asséné un coup de poing à un arbitre. Match interrompu, ambiance électrique et intervention des policiers de la BAC. La sentence tombe : 14 ans d’interdiction de licence pour le jeune joueur agresseur et interdiction de licence, pendant cinq ans, à l’encontre de Mohamed Hamami dont le comportement “intimidant et menaçant envers des officiels” a été signalé à la justice, qui a ouvert une enquête.
Sur le plan sportif, on lui reproche notamment d’avoir tenté de dissimuler la preuve de sa présence dans le vestiaire des arbitres, attitude contrevenant à une précédente sanction disciplinaire. Si tel est le cas, c’est l’image d’un élu de la République, tenu à un devoir d’exemplarité, qui s’en trouverait entachée. En attendant, le président du FCB a fait appel de cette sanction et conteste fermement ce qui lui est reproché. “Le club et moi-même condamnons le geste de violence de notre joueur. Un comportement qui n’a pas sa place sur un terrain de foot, ni ailleurs, et qui est contraire aux règles et aux conduites que nous enseignons au club”, assure celui qui bénéficie d’aides publiques pour la formation des jeunes joueurs.
Lorsqu’il n’est pas dans les bureaux de son club favori, Mohamed Hamami, élu au conseil régional, occupe sa fonction de vice-président de la commission sports (membre du groupe socialiste et citoyens d’Occitanie). La collectivité lui a d’ailleurs octroyé deux aides, en 2025, l’une pour du “petit matériel”, à hauteur de 1 500€, et une autre de 6 100€ dans le cadre des politiques de la ville. Ce qui peut être interprété comme un signe de confiance.
“Présent à titre personnel”
Tout en condamnant “avec la plus grande fermeté” les actes de violence, le Conseil régional tient à préciser : “Mohamed Hamami était présent à côté du terrain à titre personnel, en tant que président du club de Bagatelle. Des procédures menées par les autorités compétentes sont en cours. La Région prendra connaissance de leurs conclusions à l’issue”.
Niché au cœur d’une cité populaire, le FCB (460 licenciés) est bien plus qu’un club de foot. Il est un maillon essentiel du lien social dans un quartier gangrené par le trafic de drogue. Un fléau contre lequel luttent les bénévoles de l’impasse du Bachaga Boualam, malgré les pressions du quotidien. Sur les faits du 28 septembre, Mohamed Hamami explique que s’il est entré dans le vestiaire de l’arbitre, en dépit d’une interdiction d’en franchir le seuil, “c’était à la demande de ce dernier pour que je débloque la tablette numérique qu’il souhaitait utiliser à la suite de l’incident”.
Quant à son comportement “intimidant” à l’égard de l’observateur mandaté pour ce match, il ajoute : “Cet homme n’a jamais décliné son identité ni sa fonction, et il filmait discrètement des familles et des enfants dans le vestiaire de l’arbitre. Je lui ai demandé de stopper sa caméra et lorsqu’il a voulu se saisir de la tablette, je la lui ai retirée des mains fermement.” On lui reproche d’avoir voulu effacer les images prises sur le téléphone portable de l’observateur dans le vestiaire, images pouvant attester de sa présence dans un lieu qui lui était interdit. Mais, là aussi, le principal intéressé s’en défend : “Je n’ai rien à cacher !”
“Pas de stigmatisation”
La ligue de football doit examiner, en appel, le 15 décembre, les contours de cette affaire. Président du district de Haute-Garonne, Jean-Marc Sentein affirme que les sanctions prononcées par la commission de discipline à l’encontre du FCB “s’appliquent pour n’importe quel club du département”. Et rejette toute idée de stigmatisation. Il observe, en marge de cette affaire, une tendance inquiétante sur les terrains. “La violence y est plus importante et les faits plus graves que ces dernières années. Plus de 80 % des faits proviennent soit du personnel encadrant, soit des spectateurs ou des parents.” À Bagatelle, juste avant l’agression de l’arbitre, un dirigeant du FCB venait d’être exclu par ce dernier.
Les déboires de Mohamed Hamami sont-ils ravivés par les divergences de vue qui l’opposent à Jean-Marc Sentein, représentant son instance sportive de tutelle ? Les deux hommes ont soutenu deux listes différentes lors des dernières élections à la présidence de la Fédération française de foot, décrochée par Philippe Diallo, en 2024. Des oppositions qui s’expriment aussi sur le terrain judiciaire. À l’issue de l’affaire du coup de poing, une plainte pour “diffamation” a été déposée au commissariat par Mohamed Hamami, à l’encontre du président du district de Haute-Garonne.

