December 5, 2025

Pas de miracle pour Gerstube, salariés et responsables syndicaux dénoncent un plan de sauvegarde de l’emploi "scandaleux"

l’essentiel
C’est terminé pour Gerstube, sept mois après l’incendie qui a ravagé l’entreprise. Le plan de sauvegarde de l’emploi a été présenté aux salariés, les responsables syndicaux parlent d’un “scandale”.

C’est sous de timides applaudissements que Christophe Boronad, délégué syndical CGT de l’entreprise Gerstube, s’engouffre dans la mairie de Vic-Fezensac. Ce vendredi après-midi se tenait l’ultime CSE (conseil social et économique) de l’entreprise afin d’entériner le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) lancé il y a quelques mois à la suite de l’incendie qui a détruit l’entreprise le 5 avril dernier.

Sur le parvis de la mairie, salariés et proches venus les soutenir font grise mine. Depuis des semaines, les discussions menées dans le cadre de ce PSE sont loin de satisfaire les 60 salariés qui se sont retrouvés, il y a sept mois, du jour au lendemain sans emploi.

Christophe Boronad, le délégué syndical CGT de Gerstube.
Christophe Boronad, le délégué syndical CGT de Gerstube.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

“Il y a eu des mois sans communication, aucun échange avec les salariés, alors que l’impact psychologique était énorme. La direction a fermé les yeux sur cette réalité”, considère Christophe Boronad.

Le salarié et délégué syndical le sait, s’il essaye de négocier, d’influencer depuis des mois les mesures du PSE pour protéger au mieux ses collègues, les négociations sont mal engagées.

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“On est, avant cet ultime CSE, à 14 % de nos demandes satisfaites. C’est peu. On le répète, ce PSE ne cherche qu’à satisfaire des obligations légales, rien de plus. C’est un minimum pour que la direction puisse homologuer son plan. Mais cela ne correspond en rien à la situation des salariés et à l’investissement qu’ils ont mis dans cette entreprise depuis des années”.

“Écœurés”

Les quelques salariés qui se sont réunis sont peu diserts. Rares sont ceux qui acceptent de parler avant d’avoir le mot de la fin. “On est tous bien remontés, ça, on peut vous le dire”, souffle Élodie. “On a été menés en bateau pendant des mois, voilà tout, on est écœurés”, poursuit à côté d’elle Laura.

Baptiste Allainé, le PDG de Gerstube, à quelques minutes de la rencontre.
Baptiste Allainé, le PDG de Gerstube, à quelques minutes de la rencontre.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Baptiste Allainé, le PDG du groupe Alfiplast qui avait racheté Gerstube quelques mois avant le sinistre, et qui a attendu le mois d’octobre pour rencontrer les salariés à l’hôtel de ville de Vic-Fezensac, concentre évidemment toutes les critiques.

“Ce n’est pas qu’il ne peut pas repartir, c’est qu’il ne veut pas. Les élus sont venus à notre rencontre, ils lui ont fait des propositions pour repartir, comme financer un nouveau bâtiment. Tout ce qu’il veut, c’est partir avec l’argent de l’assurance”.

À quelques minutes du début de la rencontre, le PDG passe discrètement, et après quelques mots avec le délégué syndical, refuse d’échanger avec les journalistes présents avant de disparaître dans la mairie.

“Tout ce qu’il fait, c’est attendre que l’orage passe, un grand courageux”, ironise quelqu’un.

Pour l’instant, les propositions de reclassement ne sont pas à la hauteur des attentes, jugent les salariés. “On nous a fait des propositions dans le Jura, dans le Var. Mais on a des maisons ici, des parents, nos enfants vont à l’école. On va pas tout plaquer non plus.”

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Quant aux recherches d’emploi, ce n’est guère mieux. “Il n’y a plus rien ici à Vic. Et on attend la conclusion du PSE. Accepter un nouvel emploi, c’est faire une croix sur des milliers d’euros d’indemnités de licenciement. Après sept mois de chômage partiel, c’est impossible”.

“Moi, j’ai une promesse d’emploi pour le mois de janvier. Enfin, c’est à Auch, et au Smic. Donc 35 kilomètres de voiture au lieu de 2 minutes à pied. Ça va coûter cher en essence, mais je n’ai pas le choix”.

Des miettes

Personne n’attendait de miracle, et de miracle il n’y aura pas. Après trois heures et demie de discussion, la fin de l’entreprise Gerstube, vieille de 80 ans, a été actée. “On est absolument pas satisfait. Le CSE s’est opposé à ce plan de sauvegarde de l’emploi tel que va l’imposer le patron”, commentait Fabrice Lamarque, responsable CGT dans le Gers. “Par rapport à la dernière mouture, les salariés obtiennent quelques miettes supplémentaires”, dénonce-t-il.

Si deux ministres s’étaient exprimés, dont celui de l’Economie Roland Lescure, demandant que le PSE soit “exceptionnel”, on en est loin selon le responsable syndical. “On détruit un outil de travail et de richesse pour tout un territoire”, conclut-il.

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