Noah et Yasser, âgés de 18 et 19 ans, ont signé depuis Auch (Gers) leur contrat d’engagement dans l’armée de Terre. Ce mardi 2 décembre, ils ont pris le train direction Toulon et Gap pour commencer leur carrière. Un choix assumé malgré les inquiétudes familiales. Rencontres.
La voix légèrement tremblante, Noah se présente dans la vaste salle de la préfecture du Gers. Bras croisés dans le dos, posture droite, il a déjà presque tout d’un véritable militaire. Pourtant, il n’a pris le train que ce mardi 2 décembre, tôt le matin, en direction de Gap, dans les Hautes-Alpes (Provence-Alpes-Côte d’Azur).

“Je rejoins le 4ᵉ régiment de chasseurs (RCH), sourit le jeune homme d’à peine 18 ans. Je commence mes classes, j’enchaîne avec mon brevet de ski militaire, mon brevet quatre portes, et je ferai enfin partie de l’armée.” Unité de cavalerie blindée de l’armée française, le 4ᵉ RCH est aujourd’hui l’unique régiment de cavalerie blindée de la 27ᵉ brigade d’infanterie de montagne.
Une unité qui passionne Noah, qui n’a qu’une hâte : arriver au régiment. Ce lundi, lors de la signature de son contrat d’engagement dans l’armée de Terre, son impatience est perceptible. “Je crois que je n’ai pas encore réalisé à 100 % que j’ai intégré l’armée, mais j’ai tellement hâte d’y être qu’il n’y a pas vraiment d’anxiété.”
“J’ai trop hâte”
Noah n’est pas le seul à signer en ce début de semaine. À ses côtés, Yasser, 19 ans, s’engage lui aussi. Pour lui, la destination sera Toulon, au 519ᵉ régiment du train (RT). “Depuis l’enfance, je savais que l’armée, c’était ce que j’aimais. Et je vais conduire de gros véhicules”, glisse-t-il avec bonne humeur.
Le 519ᵉ RT, stationné à Ollioules, dans l’agglomération de Toulon, est le seul régiment français spécialisé dans le transbordement maritime. Mais avant de le rejoindre, Yasser a effectué un parcours au régiment du service militaire adapté de Mayotte (RSMA), un organisme d’insertion socioprofessionnelle, après un décrochage scolaire. Après dix mois de formation en mécanique, son chef de section lui propose de s’engager dans l’armée.”Du coup, je me suis lancé”, lance-t-il.
Arrivé dans le Gers depuis cinq mois, il n’a pas tardé à franchir le pas. “Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, mais je sens que ça va piquer… Et j’ai trop hâte.”
L’inquiétude des parents dans un contexte géopolitique compliqué
Dans le Gers, on évoque volontiers un “désert militaire”, hors gendarmerie nationale. Un constat que partagent les militaires eux-mêmes : aucun régiment permanent n’est implanté dans le département depuis la fermeture des casernes d’Auch et la fin du service national.
Pour autant, cette absence d’unités ne signifie pas absence d’armée. Au contraire : en novembre dernier, la Chambre de commerce et d’industrie du Gers et la délégation militaire départementale ont signé une convention de partenariat. Objectifs : faciliter la reconversion des militaires, soutenir le recrutement des entreprises locales et renforcer la connaissance des métiers de la Défense sur le territoire. Un partenariat qui a déjà permis deux engagements : ceux de Noah et Yasser.
Une vocation, finalement, qui les a rattrapés. “Pour moi, l’armée, c’était la meilleure façon de commencer ma vie. Comment dire… J’ai toujours voulu débuter ma vie par un service militaire, que ce soit une conscription ou un engagement”, conclut Noah. Une décision qui vaut la fierté de ses parents. “Avec le contexte actuel, c’est très dur. D’autant plus que son aîné est déjà parti en gendarmerie mobile, il est actuellement en Guyane, confie Sandrine, sa maman. Donc là, le plus petit qui part, c’est dur mais bon, ça reste mon fils et je suis très fier de lui.”

