November 20, 2025

ENTRETIEN. TFC : "C’est Oscar Trejo qui devait tirer…" Yann Bodiger le héros angevin de 2016 raconte son but miracle qui a évité à Toulouse de descendre

l’essentiel
Il y aura dix ans au printemps prochain, sur le terrain du SCO, le coup franc du gauche de Yann Bodiger avait sauvé le Tef d’une rétrogradation. Le N°6, depuis sept saisons en Espagne, ouvre la boîte à souvenirs. À l’heure où, ce dimanche (17h15), Toulouse reçoit… Angers. Milieu de terrain formé au Téfécé qu’il va quitter en janvier 2019, celui qu’on surnomme toujours “Bodi” est aujourd’hui âgé de 30 ans et évolue cette saison à Ceuta en D2 espagnole. Verbatim.

Angers, Stade Jean-Bouin, 14 mai 2016, 80e minute…
Pouh… coup franc magique : oui, pour tout le monde, c’est la date qui reste. Mais moi, ce que je veux retenir, c’est plus tout le temps passé avant ce match-là, le travail qui a été effectué, l’harmonie qu’il y a eue dans le groupe. Justement, ces instants furent superbes et cela demeurera à jamais un joyeux moment pour tous les Toulousains.

Acolade avec le coach devin Pascal Dupraz ; sous son nouveau maillot du club de Liga2 AD Ceuta FC (sur la côte nord de l’Afrique, frontière avec le Maroc).
Acolade avec le coach devin Pascal Dupraz ; sous son nouveau maillot du club de Liga2 AD Ceuta FC (sur la côte nord de l’Afrique, frontière avec le Maroc).
MONTAGE PA. D. – PHOTOS ARCHIVES DDM, MICHEL VIALA ET DR

Vous faites jackpot sur votre première munition ?
Pas tout à fait. Ce n’est pas mon premier ballon ; j’en ai eu quelques-uns avant puisque je suis entré depuis un quart d’heure : à la 66e si ma mémoire est bonne. On est alors menés 2-1 et on revient déjà à égalité par Martin (Braithwaite, 78e). La consigne de Pascal (Dupraz) à mon égard était : récupérer pour jouer vers l’avant. Puis survient une faute. C’est Oscar (Trejo) qui devait tirer mais, ce soir-là, il ne le sentait pas. Arrive ce qui arrive (large sourire).

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En revoyant les images, vous êtes hyper-concentré avant de frapper : vous piétinez le gazon pour bien poser la balle, vous travaillez vos appuis, vous ne regardez que le ballon et le but…
C’est vrai que ça saute aux yeux quand on revisionne l’action. J’en ai reparlé à maintes reprises avec Christian Ramos, préparateur mental en région Occitanie, qui m’accompagne régulièrement depuis tout-petit. Au-delà du but, tout ce qui se passe devant, le ballon que j’ai entre les mains, l’arbitre qui vient me parler, le grand bol d’air que je prends avant de tirer… L’image est cool, parce qu’elle met en lumière une vraie préparation derrière ; et je ne pense à rien d’autre que ce que je vais faire. Au final, tout sort comme il faut si je puis dire : c’est-à-dire que la trajectoire est bonne et ça va dans le but !

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Dès le début, vous aviez l’intention de tenter le coup franc direct ?
À un moment donné, lorsque je saisis le ballon, Issa (Diop) s’approche de moi pour me conseiller de viser au premier poteau. Et, en fait, en regardant la zone j’y vois un espace. À partir de là, je ne changerai plus d’avis : jamais je n’ai envisagé de centrer.

Puis après le kop (1 500 supporters avaient fait le déplacement), vous courrez vers le banc !
Le clin d’œil à Pascal, vous vous souvenez tous de ses paroles : “Bodi, je ne sais pas pourquoi, j’ai un pressentiment avec ta patte gauche…” Et c’est assez dingue puisque comme je le disais tout à l’heure je rentre avant tout pour gratter des ballons. Bref, le long de la ligne de touche je vois d’abord Alexis (Blin), mon coéquipier, mon ami. Il y a aussi Pantxi (Sirieix), JD (Akpa Akpro) qui est blessé. Le but, vraiment, était une célébration commune. Parce qu’on souffrait, on a tous souffert. Ça a été une situation quand même très difficile. Longtemps. Avant qu’on explose : c’est fort, très fort.

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À brûle-pourpoint, vous pourriez réciter le 11 de départ de A à Z ?
Je crois. Alban (Lafont) dans les buts. Steeve (Yago) à droite, François (Moubandjé) à gauche ; Issa (Diop) et Marcel (Tisserand) dans l’axe de la défense. En 6, la surprise du chef : Jean-Armel (Kana-Biyik) ; les deux relayeurs sont Étienne (Didot) et Somalia. Enfin, le trio en attaque se compose d’Adrien (Regattin), Wissam (Ben Yedder), Martin (Braithwaite). Voilà. OK ?

Reçu onze sur onze. Vous avez gardé des contacts avec qui ?
Alexis, en premier, parce que notre amitié dépasse le foot. Il fait toujours du très bon boulot, aujourd’hui en Serie B à Palerme. Avec Pantxi, j’ai reparlé régulièrement. Steeve, Issa, Alban lorsque j’étais adepte des réseaux sociaux. Mais comme depuis 3-4 ans j’ai un peu coupé…

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C’est votre meilleur souvenir ?
Clairement. Même si je suis monté deux fois en Liga : avec Cadix au printemps 2020 et Grenade à l’issue de la saison 2022-2023. Après, sauver le club de ton cœur où tu as passé tant d’années, où tu as éclos, franchement… De telles émotions, je n’en revivrai pas de si intenses.

Est-ce que votre vie a changé ?
Je n’irai pas jusque-là, cependant il est certain que ça m’a forgé en tant que joueur de foot, certes, mais comme personne aussi. Au niveau purement sportif, il y a une sacrée histoire. Il ne s’agit pas non plus d’oublier Dominique Arribagé (qui jette l’éponge fin février) : il avait fait le travail, or les résultats ne venaient pas. Coach Dupraz sera gravé à vie dans nos cœurs, nos âmes. Pour nous comme nos familles, d’ailleurs. Rappelez-vous sa légendaire causerie avant la rencontre : il met nos familles sur les écrans, à nu, devant tout le monde, et c’est une décharge qui nous arrive ! On est au fond du seau à 10 matchs de la fin (10 points de retard sur le 1er non-relégable) et chacun se dit qu’il y a des gens qui vont perdre leur boulot. Ce n’est pas rien…

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N’avez-vous pas “peur” que les fans ne gardent que ce coup franc en tête comme stigmate de vos dix années violettes, de 14 à 24 ans ?
Honnêtement, non. Je suis simplement fier d’appartenir à l’Histoire du club, j’aime ces couleurs, l’amour que les Toulousains ont pu me porter et vice-versa.

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Vous faites 30 ans, quelles sont vos ambitions à moyen terme ?
Pourquoi pas regoûter à la Liga. Et revenir à Toulouse ? On ne sait jamais !

TFC-SCO, dimanche, un prono ?
Bien sûr : 2-0 pour le Tef.

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