Un immeuble éventré après une frappe russe à Ternopil, le 19 novembre 2025. YURIY DYACHYSHYN / AFP
Au moins 25 personnes ont été tuées et plus de 90 blessées ce mercredi 19 novembre dans l’une des frappes russes les plus meurtrières dans l’ouest de l’Ukraine tandis que la tentative du président Volodymyr Zelensky de relancer les négociations de paix est restée vaine. « Le Nouvel Obs » fait le point.
• Une des attaques les plus meurtrières de l’année
L’Ukraine a vécu dans la nuit l’une des attaques les plus meurtrières de l’année, qui a notamment visé les régions occidentales de l’Ukraine, d’ordinaire plus épargnées en raison de leur éloignement du front : Lviv, Ivano-Frankivsk et Ternopil.
A Ternopil, au moins 25 personnes ont été tuées, dont trois enfants, et 92 blessées, selon un nouveau bilan des secours. Les recherches sont toujours en cours pour retrouver des survivants sous les décombres d’immeubles.
Un journaliste de l’AFP sur place a vu deux immeubles d’habitation dont les derniers étages ont été éventrés, de la fumée s’échappant de ce qu’il restait des appartements, tandis que des pompiers s’activaient autour avec une lance à incendie.
L’armée ukrainienne a affirmé que la Russie avait frappé la ville avec dix missiles de croisière. Quelque 476 drones et 48 missiles russes ont visé le pays dans la nuit, dont respectivement 442 et 41 ont été abattus, a-t-elle dit. Les bombardements ont « endommagé des immeubles d’habitation ainsi que des installations industrielles et des entrepôts », provoquant « des incendies de grande ampleur », a indiqué le ministère de l’Intérieur.
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L’administration régionale de Ternopil a appelé les habitants à rester chez eux et à fermer les fenêtres en raison d’une teneur en chlore dans l’air « six fois » supérieure à la norme, liée aux incendies et aux fortes fumées.
Comme lors d’autres attaques, la Roumanie, membre de l’Otan et voisine de l’Ukraine, a annoncé avoir dû faire décoller des avions de chasse à cause d’une nouvelle incursion de drone sur son territoire.
• « Guerre de terreur »
Volodymyr Zelensky a estimé que ces frappes montraient que « la pression sur la Russie était insuffisante ». « Voilà à quoi ressemblent en réalité les “plans de paix” de la Russie », a ironisé le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a dénoncé « une intensification massive » des frappes russes. « Cela n’a rien à voir avec des objectifs militaires. Il s’agit purement d’une guerre de terreur contre la population civile ukrainienne », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
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Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit dans un communiqué mercredi « particulièrement choqué par le nombre élevé de victimes civiles à Ternopil, une ville de l’ouest de l’Ukraine située à des centaines de kilomètres de la ligne de front ». « Le ciblage évident et spécifique des infrastructures énergétiques intervient juste au moment où l’hiver s’installe », a dénoncé Volker Türk, qui précise qu’il s’agit de « la sixième attaque de grande envergure de ce type documentée » par son bureau en moins de deux mois.
• Zelensky espère une reprise des pourparlers
Volodymyr Zelensky a été reçu ce mercredi en Turquie. A l’issue d’une rencontre avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan il a dit espérer une reprise des échanges de prisonniers de guerre avec la Russie « d’ici la fin de l’année ».
Cette visite, sans présence russe, visait à « réengager » les Etats-Unis dans le processus de paix, avait dit un responsable ukrainien à l’AFP. Mais l’émissaire américain Steve Witkoff n’était pas présent et la Russie a poursuivi ses frappes sur les villes et infrastructures énergétiques ukrainiennes.
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La volonté de Kiev de relancer les pourparlers intervient à un moment très difficile pour l’armée ukrainienne. Une ville clé sur le front Est, Pokrovsk, semble sur le point de tomber. Les soldats russes ont pénétré cet été dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est) et avancent depuis plusieurs jours dans celle de Zaporijjia (sud), où le front était largement gelé depuis deux ans.
• Une proposition de paix comprenant des cessions de territoires ukrainien envoyé à l’Ukraine
L’Ukraine a par ailleurs reçu une nouvelle proposition de paix de la part des Etats-Unis qui requiert notamment que Kiev cède les territoires actuellement sous contrôle de la Russie et réduise son armée de plus de moitié, selon des déclarations mercredi à l’AFP d’un haut-responsable proche du dossier. « Nous recevons des signaux disant que nous devons accepter ce plan », a déclaré cette source sous couvert d’anonymat.
La proposition inclut la « reconnaissance de [l’annexion de] la Crimée et d’autres régions prises par la Russie » et « la réduction de l’armée à 400.000 personnes », a-t-elle indiqué.
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Depuis son retour au pouvoir en début d’année, Donald Trump s’est présenté comme un médiateur avec Moscou pour ce conflit, alors que Washington avait été un soutien militaire et financier majeur de Kiev depuis quatre ans. Ses efforts n’ont toutefois pas abouti à une cessation des hostilités. Se disant tour à tour frustré par Volodymyr Zelensky puis Vladimir Poutine, il a finalement adopté en octobre des sanctions contre le secteur pétrolier russe. Plusieurs sessions de pourparlers entre Russes et Ukrainiens à Istanbul cette année ont échoué à aboutir à des avancées majeures.
La Russie, qui occupe environ 20 % de l’Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l’Otan. Kiev refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales sur le territoire restant sous son contrôle, idée que la Russie juge inacceptable.

