La Coordination rurale a un nouveau président : Bertrand Venteau a été élu avec seulement six voix d’avance. Son discours radical et ses actions directes ont séduit le Sud-ouest, où les comités départementaux sont influents. Élu après une campagne tendue, il appelle à l’unité pour défendre les agriculteurs.
Six voix. Six voix d’écart qui ont fait de Bertrand Venteau le nouveau président de la Coordination rurale (CR) ce mercredi 19 novembre. Le 32e congrès national, ouvert mardi 18 novembre, servait de cadre à cette élection disputée entre l’éleveur bovin de 46 ans et la présidente sortante, Véronique Le Floc’h. Un scrutin serré entre les deux candidats (74 contre 68), qui s’est donc soldé par la victoire du président de la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne.

Et alors que les élections ont été marquées par d’importantes tensions, encore visibles lors du congrès, le nouveau président du syndicat appelle désormais à l’unité. “Maintenant, l’important, c’est de construire et d’amener tout le monde à travailler pour défendre tous les paysans qui souffrent en France, dans leurs départements, à Paris et à Bruxelles. Je ne veux pas qu’on s’attaque les uns, les autres. On a fort caractère, on aura toujours des querelles de personnes. Mais je ne veux pas d’affaire de justice entre nous, jusqu’au dépôt de plainte par une ancienne cadre nationale.”
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Son discours plus radical et ses appels à des actions directes lui ont rapporté le soutien des influentes délégations du Sud-ouest, dont celle du Gers, qui a donc fait pencher la balance en sa faveur. “Le résultat de ce vote est aussi en grande partie le résultat de l’appui de tous ces départements du Sud-ouest qui disposent de plus de mandats parce qu’ils ont plus d’adhérents, reconnaît la présidente sortante, Véronique Le Floc’h. C’est aussi la reconnaissance que ce territoire n’en peut plus. Il faut que les départements qui se portent mieux aujourd’hui comprennent ce résultat et l’acceptent afin que justement notre action soit vertueuse et encore en progression.” La productrice laitière appelle à l’apaisement et assure qu’elle “passera le relais à Bertrand et l’accompagnera, afin qu’ils ne perdent pas de temps, parce qu’il n’y en a pas à perdre pour nos agriculteurs.”
Un comité directeur acquis
Et la présidente sortante sera, ces prochaines années, bien isolée au sein du comité directeur. Bertrand Venteau fait en effet un gros coup, avec une équipe de 17 membres acquise à sa cause pour une écrasante majorité. Lionel Candelon-Bonnemaison, président de la chambre consulaire gersoise, a d’ailleurs été élu au sein de l’instance nationale, avec 80 voix. “Ce sont des gens qui ont fait des résultats chez eux, assure le président national. Ils sont indispensables dans l’accompagnement de la croissance de la CR parce qu’ils ont l’expérience de terrain.”

Une connaissance importante pour le nouveau président, qui affirme qu’il “y a un cap à passer, sinon on va régresser. Et si on régresse, on ne sera pas au service des agriculteurs. Nous devons être au service de nos paysans.” Proximité avec les adhérents, représentativité, information et crédibilité. Telles sont les lignes directrices de Bertrand Venteau. “Il faut que l’on reste crédible, chez nous, sur nos exploitations, parce que ce sont des mandats prenants mais il faut garder l’équilibre.”

Une proximité que salue Lionel Candelon-Bonnemaison. “On a un président élu proche du terrain, qui a les mains dans le cambouis comme nous. Apparemment, le simple discours et la discussion avec le gouvernement ne marchent pas. On le voit bien depuis trois ans, puisque l’on n’a rien obtenu par rapport à l’année dernière. Donc peut-être que la nouvelle méthode va marcher…”
Un retour des mobilisations annoncé pour les prochains jours
Lionel Candelon l’avait déjà annoncé ce mardi 18 novembre, lors de l’ouverture du congrès. Mais il l’a confirmé ce mercredi. “Tout ce que l’on a fait jusqu’à aujourd’hui n’a rien amené en termes de revendications. Il faut passer à d’autres modes d’action : nous allons ressortir très prochainement, avec des bennes encore plus volumineuses, jusqu’à ce que le gouvernement entende que l’agriculture est en détresse sur tout le territoire, notamment sur notre département.” Les tracteurs devraient donc retrouver les routes du Gers dans les prochains jours, possiblement d’ici le week-end. Une mobilisation soutenue par le président national, qui laisse cependant ce choix aux départements : “Lionel a raison d’appeler à se mobiliser. C’est aux CR départementales qu’appartient l’action du territoire. Nous, le national, nous sommes là pour leur faciliter la tâche, pas pour les empêcher de manifester.”

