"On va attendre la fumée blanche" : à la veille des élections à la Coordination rurale, incertitudes, apaisement et divergences à Auch

Un joyeux brouhaha règne dans le hall du complexe du Mouzon. Par petits groupes, chaque participant au 32e congrès national de la Coordination nationale vient signer la feuille d’émargement. L’événement annuel ouvre ses portes ce mardi 18 novembre à Auch et se conclura ce mercredi 19 novembre, avec l’élection du président ou de la présidente ainsi que du nouveau comité directeur.

Mais avant, place aux échanges. Après un hommage rendu à Jacques Laigneau, fondateur de l’organisation syndicale, au cimetière de Lussan, les représentants rejoignent Auch pour le repas et le début du congrès. L’après-midi est dédié à deux colloques : “Quels enjeux et perspectives pour l’agriculture française et européenne ?” et “Phytosanitaires : vers une nouvelle ère réglementaire (UE et pays tiers ?) Défis et opportunités pour l’agriculture française.”

“C’est un congrès important, parce qu’il concrétise toutes ces années de combat, menées par ceux qui ont posé les fondations de la Coordination rurale”, estime lors d’une conférence de presse, Véronique Le Floc’h, présidente de la CR, qui remet son mandat en jeu. “Ensuite, il a fallu faire en sorte d’élargir et de faire partager nos idées avant de prendre de l’ampleur. Et aujourd’hui, la CR se construit et va continuer à se construire.”

Élections sous tension ?

Mais au-delà de ces moments d’échanges, l’élection de la nouvelle direction du syndicat sera l’épicentre de ce 32e congrès ce mercredi matin. Et a déjà fait couler beaucoup d’encre. Véronique Le Floc’h, productrice laitière, se présente à sa succession face à Bertrand Venteau qui se place en opposition. L’éleveur bovin, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne, est soutenu par les influentes sections du Sud-Ouest, dont Lionel Candelon, président de la chambre d’agriculture du Gers. Et la campagne n’a pas été un long fleuve tranquille : des échanges internes dévoilés par France Bleu montrent des tensions importantes entre les deux partis.

Pourtant, à la veille du scrutin, l’heure est à l’apaisement du côté de l’équipe sortante : “Il n’y a pas de drame, pas de révolution, assure Christian Convers, secrétaire général, lors de la conférence de presse de présentation du congrès. Il y a deux méthodes différentes. Un syndicat qui progresse comme on l’a fait, encore heureux qu’il y ait des candidats. S’il n’y en avait pas, ce serait plus grave.”

Et parmi les adhérents aussi, l’opposition apparaît comme naturelle : “Quand deux camps sont compétition, c’est normal qu’il y ait des critiques,” estime un céréalier venu de l’Aude. Pourtant, même lors des débats, les divergences s’expriment et la matinée pourrait bien être tendue ce mercredi.

Incertitudes

Quant aux résultats, l’incertitude règne. “Évidemment que l’on a une préférence entre les candidats”, reconnaît un producteur de foin, venu du Loir-et-Cher (41). “Mais, on ne va rien dire parce que l’on ne sait vraiment pas ce qu’il va se passer.” L’un de ses collègues, éleveur laitier dans le Doubs, confirme : “Comme au Vatican, on va attendre que la fumée blanche sorte.” Le panachage possible des candidats ajoute encore plus de doutes. “Ce n’est pas parce que l’un des candidats affiche son soutien à l’un des présidents, qu’ils seront élus ensemble.”

Quant à un possible risque de scission suivant les résultats, “je dirais clairement que non, affirme Véronique Le Floc’h. On a toujours été dans le dialogue avec Bertrand (Venteau, NDLR). Tous les candidats qui se présentent sont là parce qu’ils veulent œuvrer dans l’intérêt général des agriculteurs. Donc oui, on aimerait tous aller plus vite. Mais on ira tous ensemble. Avec une équipe qui sera élue.”