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Le président américain, Donald Trump, à la Maison Blanche, à Washington, aux Etats-Unis, le 16 novembre 2025. UPI/NEWSCOM/SIPA
Donald Trump ne sait plus comment se dépêtrer de l’affaire Jeffrey Epstein. Dans un revirement spectaculaire, le président américain a déclaré, dimanche 16 novembre, qu’il soutenait un vote à la Chambre des représentants américaine pour la publication du dossier du délinquant sexuel, qui a agressé de nombreuses mineures.
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Chronique
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« Les républicains de la Chambre devraient voter pour publier le dossier [sur] Epstein, parce que nous n’avons rien à cacher et qu’il est temps de mettre ce canular démocrate derrière nous », a écrit sur sa plateforme, Truth Social, le président, qui était jusque-là opposé à l’idée. « Le ministère de la Justice a déjà rendu publiques des dizaines de milliers de pages sur Epstein, et s’intéresse à plusieurs agents démocrates » concernant leur « relation » avec celui-ci, a ajouté Donald Trump, citant « Bill Clinton, Reid Hoffman, Larry Summers, etc. ».
La Chambre des représentants doit examiner, dans la semaine, une proposition de loi qui forcerait le ministère de la Justice à publier le reste du dossier du riche financier new-yorkais, mort en prison, en 2019, avant son procès.
Division dans le camp républicain
Donald Trump a été accusé de chercher à empêcher un vote pour dissimuler des éléments l’impliquant dans cette affaire, ce que l’intéressé a démenti. La position qu’il tenait avant son revirement a semé la division dans le camp républicain, habituellement loyal. Le milliardaire a pris ses distances avec de proches alliés issus de son mouvement « MAGA » (Make America Great Again), dont des parlementaires comme Marjorie Taylor Greene. Il a retiré, vendredi 14 novembre, son soutien lors des primaires républicaines prévues pour les élections de mi-mandat de 2026. « Certains “membres” du Parti républicain sont “utilisés”, et on ne peut pas laisser cela se produire », a-t-il lancé.
« La Commission de surveillance de la Chambre peut avoir tout ce à quoi elle a légalement droit, JE M’EN FICHE ! », a encore affirmé le président, qui avait promis pendant sa campagne des révélations fracassantes, puis avait tenté de clore le dossier une fois revenu au pouvoir.
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Décryptage
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L’affaire a été relancée, le mercredi 12 novembre, par la publication de courriers électroniques de Jeffrey Epstein, que Donald Trump a fréquenté quand ils étaient des figures de la jet-set new-yorkaise, avant de se brouiller avec lui. Le président républicain « savait à propos des filles » agressées sexuellement et a même « passé plusieurs heures » avec l’une d’elles, affirment des mails du délinquant sexuel récemment dévoilés par des parlementaires démocrates.
Avec sa complice Ghislaine Maxwell comme rabatteuse, Jeffrey Epstein faisait venir des mineures dans ses résidences, notamment à New York et en Floride, pour les agresser sexuellement, sous le prétexte de massages. Il est mort en prison, en 2019, par suicide selon les autorités. Ghislaine Maxwell purge, elle, une peine de vingt ans de prison pour exploitation sexuelle. « Je ne sais rien de cela. [Sinon] cela aurait été dit il y a longtemps », a assuré le président américain vendredi. « Jeffrey Epstein et moi avons entretenu de très mauvaises relations pendant de nombreuses années », a-t-il ajouté.
Trump a réclamé une enquête contre Clinton
Dans ces courriers électroniques figurent aussi des échanges avec Larry Summers, l’ex-conseiller économique de Barack Obama et ancien président de la prestigieuse université Harvard. Bill Clinton a, pour sa part, fréquenté le financier new-yorkais dans les années 1990 et 2000. Après ces révélations, Donald Trump a réclamé une enquête fédérale contre Larry Summers, l’ancien président Bill Clinton et l’investisseur-entrepreneur Reid Hoffman, notamment.
En juillet, le ministère de la Justice et la police fédérale avaient pourtant annoncé qu’ils n’avaient « pas découvert de preuves sur lesquelles fonder une enquête contre des personnes jusqu’ici non poursuivies » dans l’affaire Epstein. Les deux institutions avaient aussi jugé qu’il ne serait « pas pertinent » de rendre public le « dossier Epstein », suscitant l’incompréhension, voire la colère, de nombreux partisans « MAGA ».

