November 16, 2025

Insultes, menaces, intimidations… la tension monte à la Coordination rurale avant son congrès à Auch

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La Finistérienne Véronique Le Floc’h est candidate à sa réélection à Auch (Gers) à la tête du syndicat agricole la Coordination rurale. Mais elle fait face à une fronde menée par Bertrand Venteau, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Vienne, soutenu par le bastion “sudiste”.

Après une percée historique en janvier, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole en France, s’apprête à renouveler sa tête lors de son congrès mardi 17 et mercredi 18 à Auch (Gers) dans une ambiance délétère.

La présidente sortante Véronique Le Floc’h, qui brigue un nouveau mandat de trois ans, fera face à Bertrand Venteau, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne depuis 2019.

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Un Bertrand Venteau soutenu par les “sudistes”

L’éleveuse de 52 ans, productrice de lait bio du Finistère-Sud, veut accompagner le syndicat après son succès aux élections de chambres d’agriculture, et “consolider sa position d’acteur incontournable du monde agricole”.

Bertrand Venteau, 46 ans, éleveur de vaches de race Limousine, promeut un syndicat “au service des équipes départementales dans la défense des paysans”. Une déclinaison locale du slogan omniprésent dans les manifestations des deux derniers hivers : “Foutez-nous la paix, laissez-nous bosser”. Il est soutenu par les dirigeants des places fortes du syndicat aux bonnets jaunes, du Gers natal de la CR au Lot-et-Garonne : les “sudistes” estiment que la percée aux élections leur est largement attribuable, portée par une série d’actions musclées contre des camions de fruits et légumes importés ou le saccage de bureaux de l’Office français de la biodiversité.

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Ils défendent une ligne dure, vue comme l’ADN d’un mouvement bâti de blocages en coups d’éclat. Certains ne cachent pas leur proximité avec l’extrême droite, à rebours d’une ligne officiellement “apolitique”.

“C’est sur la méthode qu’on diverge”

Le ton est monté ces derniers mois : insultes, menaces et intimidations ont fusé à l’encontre de la direction sortante, selon une enquête de Radio France, qui rapporte notamment un message évoquant un mélange d’ammonitrate, de carburant et un détonateur en guise de “solution” pour le comité directeur.

Bertrand Venteau minimise ces menaces, dont l’une a conduit à une plainte au parquet de Tulle, évoquant des chicaneries qui auraient dû rester “en famille”. Quant à José Pérez, il a exigé que la direction nationale ne fasse “pas de chichis” et règle 50 000 euros d’amendes infligées à des agriculteurs pour des dégradations, selon Radio France. “Je lui ai répondu que l’argent public n’était pas destiné à payer des amendes”, indique Véronique Le Floc’h.

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“Ça me paraît normal que le syndicat national ne laisse pas tomber ses soldats quand ils partent à la guerre”, rétorque José Pérez, évoquant auprès de l’AFP “la montée sur Paris et Rungis” l’hiver dernier, des actions qui ont selon lui attiré de nouveaux adhérents. L’actuel secrétaire général, l’éleveur haut-savoyard Christian Convers, déplore des propos “inacceptables”. Alors que “c’est surtout sur la méthode qu’on diverge, pas vraiment sur le fond”, ajoute-t-il.

“On gère une crise de croissance”, tempère Véronique Le Floc’h, défendant la nécessité d’imposer le syndicat dans l’agenda national voire international : pour lutter contre l’accord UE-Mercosur, les “dérives” de la politique agricole commune et protéger les revenus des petits exploitants. Elle se décrit comme une femme de “dossiers”, assure “entendre les critiques” mais peine à fédérer sur une ligne claire, dans un syndicat à la fois libéral et souverainiste.

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