Emmanuel Macron annonce plus de 4 milliards € pour renforcer la défense spatiale française d’ici 2030

Dans la cour d’honneur du Commandement de l’espace (CDE) à Toulouse, la Marseillaise interprétée par la fanfare de la Musique de l’Air a retenti dès l’arrivée du président de la République. Après avoir passé les troupes en revue, Emmanuel Macron s’est ensuite dirigé à l’intérieur pour découvrir ce nouveau lieu stratégique de la défense spatiale française. Pour des questions de secret-défense, les journalistes et la centaine d’invités n’ont pas été autorisés à le suivre. Sorti de terre en janvier 2024, le bâtiment de 11 000 m² est en effet entré en service le mois dernier. Son accès est donc très limité et la grande salle des opérations, un lieu sensible.

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“L’espace est devenu un champ de bataille”

Après une heure de visite, le chef de l’État accompagné de la ministre des Armées, Catherine Vautrin, s’est ensuite adressé aux personnes présentes : des militaires bien sûr, mais aussi les patrons du CNES, d’Airbus, de Safran et de start-up du spatial. “L’espace n’est plus un sanctuaire, c’est devenu un champ de bataille”, a déclaré Emmanuel Macron. Rapprochement de satellites espions, attaques cyber, brouillage, tirs de missile antisatellites… Les agressions se multiplient et la menace russe d’une arme nucléaire spatialisée plane au-dessus de la Terre. “La guerre d’aujourd’hui se joue déjà dans l’espace et la guerre de demain commencera dans l’espace, soyons prêts !”, a-t-il ajouté.

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Depuis les couches basses de l’atmosphère jusqu’à l’espace, en passant par la très haute altitude, la France a donc décidé de muscler son dispositif. Le président a annoncé qu’il entendait consacrer, dans le cadre de l’actualisation de la loi de programmation militaire, 4,2 milliards d’euros supplémentaires aux 6 milliards déjà prévus, pour le spatial militaire d’ici 2030. À cette enveloppe, viendront s’ajouter “plus de 16 milliards d’euros pour le spatial français civil, en incluant les activités duales”, civiles et militaires. En matière de défense active, l’armée française se verra dotée, dès 2027, de premiers satellites patrouilleurs guetteurs pour surveiller, inspecter et, si nécessaire, contrer les menaces en orbite. Ils seront complétés par des capacités d’action vers l’espace à base de lasers et de brouilleurs et par des capacités d’alerte avancée en coopération avec l’Allemagne.

Une nouvelle feuille de route jusqu’en 2040

Mais à l’occasion de ce déplacement au CDE, Emmanuel Macron a souhaité aller au-delà. Il a présenté la nouvelle Stratégie nationale spatiale, sa feuille de route jusqu’en 2040. Elle s’articulera autour de cinq piliers : un accès autonome à l’espace, une industrie compétitive, des capacités de défense renforcées, une approche plus offensive en matière d’exploration spatiale, et enfin, une coopération plus étroite avec les États européens mais aussi avec l’Inde, le Japon, les États-Unis ou encore les Émirats arabes unis.

Le nouveau centre opérationnel de l’armée de l’Air à Toulouse devient donc une sorte de rampe de lancement des ambitions françaises dans l’espace. La France entend ainsi rattraper son retard face à la Russie et à la Chine. “Nos compétiteurs ne nous attendent pas et disposent aujourd’hui de capacités d’action dans l’espace et vers l’espace. Ils visent à nous priver de notre liberté d’action, à fragiliser notre souveraineté, à remettre en cause notre supériorité opérationnelle. Face à cette menace, la France agit avec une stratégie claire”, a déclaré le président. Il a indiqué, à ce titre, que le pays organisera en avril prochain un grand sommet du spatial.