November 10, 2025

"On gratte des minutes sur nos salaires" : la grogne monte chez les ambulanciers de Keolis Santé

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Les conditions de travail chez Keolis Santé suscitent l’indignation. Des salariés dénoncent des pauses imposées et des baisses de salaires, en violation de la convention collective. Une lettre de revendication a été envoyée à la direction il y a deux semaines.

Au sein de Keolis Santé, filiale du groupe Keolis dédiée au transport sanitaire sous la marque Ambulances Jussieu, plusieurs salariés dénoncent une détérioration de leurs conditions professionnelles et le non-respect de leur temps de présence ; des pratiques qui contreviennent à la convention collective nationale des transports routiers.

“On nous impose des pauses de 20 minutes de manière arbitraire, alors que la législation des transports ambulanciers prévoit cette coupure au bout de la sixième heure de travail”, témoigne Valérie Bassaler, ambulancière depuis quatre ans. Ces pauses forcées, ajoutées à la limitation à 15 minutes pour la désinfection du véhicule (au-delà desquelles le temps est décompté du salaire), constituent une source de pression financière pour les équipes.

Un témoignage corroboré par celui d’Axel Henry, lui aussi ambulancier depuis plus de quatre ans. “Ils vérifient nos carnets d’horaires chaque semaine et corrigent pour quelques minutes. Certains responsables demandent de surveiller les collègues. On est clairement fliqués.”

Des baisses de salaires significatives

“Il y a quelques jours, une réunion a réuni direction et personnel. Le directeur a parlé de rentabilité sans aborder nos conditions de travail. Ils grattent des minutes sur nos horaires alors qu’on est mal payés, on finit les mois à découvert”, ajoute Axel Henry. Il assure que son salaire est passé de 2 000 à 1 600 euros depuis le début de l’année.

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Une lettre de revendication a été transmise au responsable d’exploitation, au CSE et à l’inspection du travail, le 18 octobre dernier. La direction de Keolis Santé Occitanie n’a pas encore répondu à nos sollicitations.

Le directeur se dit “surpris” par les revendications

François Rasteau, le directeur de Keolis Santé Occitanie, qui supervise environ 235 salariés sur la Haute-Garonne et le Tarn, se dit “surpris” par la lettre de revendications envoyée par certains employés.

Le dirigeant affirme n’avoir reçu aucune alerte officielle et insiste sur le respect strict du Code du travail. Selon lui, la pause de 20 minutes toutes les six heures est obligatoire et légale, mais non rémunérée, comme le prévoit la loi.

Concernant la désinfection des ambulances, il explique qu’une procédure interne, conforme aux recommandations de l’ARS, prévoit 15 minutes quotidiennes et une désinfection hebdomadaire complète. “Dire qu’on mégote sur la sécurité est faux”, martèle-t-il, rappelant la certification ISO 9001 de l’entreprise.

S’il reconnaît un suivi précis du temps de travail, il affirme que ce contrôle vise à “garantir la qualité du service”.

Enfin, il met en avant les actions de formation et d’amélioration de la qualité de vie au travail, notamment pour les salariés avec des contraintes familiales, et dit vouloir maintenir un dialogue social ouvert.

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