December 24, 2025

La Coordination rurale déverse des déchets devant les impôts et la DDETSPP

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À Carcassonne, une trentaine d’agriculteurs de la Coordination Rurale ont mené une action coup de poing devant les services de l’État pour dénoncer la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire. Entre colère, dénonciation des abattages de bovins sains et appel à une alternative fondée sur la vaccination et l’abattage sélectif, les éleveurs réclament un changement immédiat de stratégie sanitaire.

Ce lundi 22 décembre 2025 au soir, dans un ballet synchronisé, des tracteurs ont déversé leurs bennes de déchets devant les trois entrées des impôts et de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations à Carcassonne. Cette action menée devant les services de l’État par le syndicat de la Coordination Rurale cristallise la colère des agriculteurs face à la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire. “N’ayez pas honte. Ce que nous faisons aujourd’hui c’est symbolique, l’État nous traite comme de la merde, la merde vient à l’État”, scande Florian Sastre, adhérent du syndicat et éleveur sur le plateau de Sault.

La pluie et le froid n’auront pas suffi à arrêter la trentaine de manifestants présents sur la place Gaston Jourdanne. Tous réclament un arrêt des abattages des bovins sains, qu’ils soient vaccinés ou non. Si un protocole de dépeuplement sélectif est en cours de réflexion jusqu’au 5 janvier, beaucoup ont l’impression que l’État “cherche à tuer un maximum des bêtes avant cette date”. “À ce jour, deux nouveaux cas ont été déclarés, un dans les Pyrénées-Orientales, un autre en Haute-Garonne. Pourtant le département du 31 vient d’être vacciné, il faut laisser le temps à la vaccination de produire son effet”, affirme l’éleveur.

À titre d’exemple, les bovins de Florian Sastre sont vaccinés depuis le 18 octobre. Malgré les 21 jours d’immunité atteints depuis l’injection, si une des vaches de son troupeau contracte le virus, les services vétérinaires devront abattre l’intégralité du cheptel. “Le protocole que nous proposons n’est pas irresponsable. Lorsqu’un cas est détecté, nous demandons la mise en quarantaine du troupeau, l’abattage de la bête malade et le suivi vétérinaire avec des tests PCR réguliers afin de suivre l’évolution de la maladie dans le cheptel”, explique l’éleveur.

Cette alternative, les agriculteurs l’évoquent en se référant à un rapport de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) de 2016. Résultant d’un travail de recherche mené par des scientifiques, il modélise l’impact des différentes stratégies de lutte contre la maladie.

Il s’est avéré que “lorsque la vaccination est appliquée de sorte que 95 % des élevages soient vaccinés et que 75 % des animaux vaccinés soient effectivement protégés, l’abattage sanitaire total et l’abattage sanitaire partiel aboutissent à une probabilité d’éradication de l’infection similaire. Néanmoins, en l’absence de vaccination ou en cas de faible efficacité vaccinale (par exemple, 40 %), la probabilité d’éradication est plus élevée avec l’abattage sanitaire total qu’avec l’abattage sanitaire partiel”.

Ainsi, d’après ce rapport, l’option d’un abattage sélectif existe et peut être efficace pour lutter contre la maladie, à la condition qu’une vaccination nationale des bovins soit mise en place. Cette stratégie, l’État se refuse à la mettre en œuvre, essentiellement pour des raisons économiques, liées aux interdictions d’importation des vaches vaccinées depuis moins de 14 mois.

Dans les jours à venir, la Coordination Rurale menace de durcir ses actions si tout reste inchangé : “Le gouvernement nous demande une trêve de Noël mais lui n’est pas près d’arrêter les tueries pendant les fêtes”, affirme Florian Sastre.

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