Un jeune coureur de 18 ans, blessé pendant la compétition, met en cause les organisateurs et entame une procédure pour “mise en danger de la vie d’autrui”. L’enquête pourrait bouleverser l’avenir des courses amateurs.
Un choc. À Vire, dans le Calvados, c’est tout un club de cyclisme amateur qui vacille. Six mois après le Grand Prix des Jumelages, une course cycliste amateur organisée par le club, une plainte pour “mise en danger de la vie d’autrui ” sème la stupeur. Un jeune coureur de 18 ans, lourdement blessé après avoir percuté une voiture stationnée sur le bas-côté, met aujourd’hui en cause les organisateurs.
Pour Jackie Laville, président du Vélo Club du Bocage, la convocation à la gendarmerie a eu un goût amer. Il raconte à nos confrères de France 3 avoir vécu un véritable électrochoc en découvrant les procédures auxquelles il devait se soumettre : “Vous êtes pris en photo de face et de profil, on vous prend vos empreintes. Donc ce n’est pas anodin. Vous avez l’impression d’être un délinquant, c’est un bien grand mot mais voilà, vous êtes fiché”, lâche-t-il, encore secoué. Puis il insiste : “Fiché, parce que président de club, il y a soi-disant eu une faute… Pour moi, il n’y en a vraiment pas.”
“Il a pris des risques”
Selon lui, le dispositif de sécurité avait été soigneusement calibré : motards, gendarmes, signaleurs. Rien ne laissait présager le drame. Le président évoque un jeune coureur engagé, déterminé, peut-être trop : “Il a pris des risques. Il a pris le plein extérieur dans une courbe. Son vélo a tapé une bordure de trottoir, il a été projeté et a fini dans une voiture.”
Mais l’affaire dépasse désormais la simple question de trajectoire. La polémique enfle : pourquoi une plainte si tardive ? Faut-il y voir une stratégie vis-à-vis des assurances ? Les proches du jeune cycliste, eux, gardent le silence. L’enquête devra déterminer si l’organisation a failli, ou si l’accident relève de la malchance crue propre aux courses amateurs.
Au-delà du cas individuel, c’est toute une communauté de passionnés qui retient son souffle. Bernard Sineux, président du comité cycliste de Normandie, redoute un effet domino sur un milieu déjà fragilisé : “C’est déjà très compliqué d’organiser, de trouver du bénévolat. Et là, ça mettra un grand coup de frein au niveau des bénévoles et des organisateurs, c’est une certitude.”

