La présidente de l’Assemblée nationale a passé une journée dans le Lot pour s’imprégner du territoire. Peut-être aussi pour souffler un peu, loin du perchoir du Palais Bourbon. Un agneau dans les bras, elle a fait la visite d’une exploitation agricole, ravie de toutes ses rencontres lotoises.
Les pieds dans la boue, mais la mine enchantée, la présidente de l’Assemblée nationale était ponctuelle ce vendredi. Dès son arrivée sur l’exploitation du Gaec d’Uffande à Floirac, c’est par la visite de la bergerie que Yaël Braun-Pivet a débuté cette rencontre, accueillie sur l’exploitation familiale par Sylvie et Jean-Claude Goudoubert, et leur fils Mathieu. Tous trois rodés à l’exercice, puisqu’ils ont déjà reçu un ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, et même une ministre des Outre-Mer, Annick Girardin.

Bien loin du Palais Bourbon, où les discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale avaient repris ce vendredi après-midi, le bruit des bêlements de brebis, à Floirac, a dépaysé la parlementaire. “Mercredi, je présiderai la séance, nous débattrons du sujet des retraites. Aujourd’hui, je suis dans le Lot et j’ai l’un de mes six vice-présidents au perchoir. Je m’épuiserais à conduire constamment tous les débats de l’Assemblée”, justifiait-elle, nous confiant, “J’essaie d’être au moins une fois par semaine en déplacement sur le terrain.”
Car le Lot constitue en effet son 76e déplacement, avant un passage au Salon du Livre de Brive ce samedi, où les visiteurs lui demanderont peut-être une dédicace de son livre “À ma place”, puis un débat avec François Hollande, à Tulle, sur la question des violences faites aux femmes.

“Il y a 15 ans, il y avait 240 000 brebis, elles ne sont plus que 180 000”
Mais, revenons à nos moutons… C’est donc dans sa bergerie que Jean-Claude Goudoubert, par ailleurs président du label Agneau fermier du Quercy, lui a expliqué l’histoire de sa ferme. Une exploitation qui à elle seule résume la situation agricole : “Dans mon village, il y avait six éleveurs de moutons, aujourd’hui il en reste deux. Dans le Lot, il y a 15 ans, il y avait 240 000 brebis, elles ne sont plus que 180 000. Il y a aussi un abattoir privé à Gramat, et celui de Saint-Céré qu’il faut sauver.” Car, comme l’a souligné Christophe Proença, député du Lot : “C’est le seul abattoir multi-espèces du département. Beaucoup d’éleveurs en ont besoin, notamment parce qu’ils font de la vente directe ou même pour répondre à des exigences de qualité grâce à un abattage local.”

À la présidente de l’Assemblée qui admirait les paysages des causses, ils en ont expliqué les contraintes aussi, avec une déprise agricole importante qui modifie l’environnement et augmente le risque d’incendie. “D’ailleurs, à Floirac, on a dû créer une association foncière pastorale pour entretenir les collines sur 330 ha et éloigner le risque de feu de forêt”, rappelle le maire, Alexandre Barrouilhet.
“Face aux contraintes climatiques, notre département est en première ligne”
Pour le président de la chambre d’agriculture du Lot, Stéphane Pons, l’enjeu est paysager, mais il est également économique. “Le renouvellement des générations ne se fait plus. 44 % des agriculteurs lotois ont plus de 55 ans. Dans 10 ans, la moitié aura pris sa retraite. Toutes filières confondues, on assiste à une baisse majeure de la production agricole. De plus, face aux contraintes climatiques, notre département est en première ligne.”

Autant de sujets dont la présidente s’est imprégnée. “On a besoin en tant que femme ou homme politique d’être sur le terrain, de se nourrir du réel. J’essaie d’incarner au mieux la fonction, à un moment où la démocratie a atteint une cote d’alerte. Je veux mettre l’accent sur ce qui se fait dans la ruralité de remarquable, d’étonnant, d’innovant. Au milieu de ces paysages incroyables, on ne s’attend pas à trouver la chapelle de Maraden avec ses fresques de la Shoah ou le Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie et encore moins une entreprise d’ingénierie industrielle comme ITOPP à Thégra”, résumait la présidente, ravie d’avoir découvert ces sites. “Il n’y a pas Paris et le reste de la France, mais des territoires d’excellence partout”, affirmait-elle, avant de déguster gâteaux et noix, puis de s’entretenir avec une poignée de représentants de la Coordination rurale, contrariés d’avoir appris ce déplacement officiel le jour même et de ne pas y avoir été conviés.

