December 1, 2025

DOSSIER. Pourquoi il reste encore 25 % de déchets à recycler dans la poubelle noire

l’essentiel
Citeo, société en charge de recycler les emballages et les papiers, dresse un bilan des bonnes et mauvaises habitudes en matière de tri sélectif. Focus sur le Tarn-et-Garonne.

Acteur de référence en France en matière de collecte et de recyclage des emballages plastiques et des papiers, Citeo vient de rendre public le bilan de la valorisation des déchets pour l’année 2024. Bonne nouvelle, avec 76,1 kg recyclés par habitant, le Tarn-et-Garonne se hisse au-dessus des moyennes nationales (72 kg) et régionale (75,4 kg). En revanche, difficile de rivaliser avec les voisins lotois (101,7 kg) ou les amis ariégeois (89,9 kg).

Le centre de tri de Montech, géré par la DRIMM, est en cours de modernisation.
Le centre de tri de Montech, géré par la DRIMM, est en cours de modernisation.
ARCHIVES DDM – NATHALIE SAINT AFFRE

« En Tarn-et-Garonne, il faut positiver. Il y a une belle dynamique autour des bacs jaunes même si la marge de progression est certaine. Il reste encore un quart de la poubelle noire qui pourrait rejoindre le bac de tri », signale Antoine André, directeur régional de Citeo qui travaille – forcément – en étroite collaboration avec les collectivités.
Ainsi, la communauté de communes Quercy Rouergue et Gorges de l’Aveyron se dote actuellement de dispositifs de collecte dits « hors foyers ». « Ce travail est en cours pour permettre aux habitants et aux touristes qui séjournent dans ce beau département de trier lorsqu’ils se trouvent sur l’espace public », commente Antoine André. Dans le Grand Montauban, ces poubelles publiques « 2 en 1 » font déjà partie du paysage urbain.

Autre grand chantier mené sur l’agglomération, le recensement des bacs et le lancement de l’application « Monservicedéchets ». Ne serait-ce pas le premier étage de la fusée de la tarification incitative ?

« C’est surtout de la communication car aujourd’hui, il n’y a pas d’annonce à faire sur le Grand Montauban. Permettre aux habitants de connaître le nombre de sorties de leur bac noir est une première étape vers la tarification incitative. Mais c’est un projet au long cours dont seule la collectivité est décisionnaire », poursuit Antoine André qui croit dur comme fer au principe du pollueur payeur.

« Ça responsabilise »

« Il s’agit plutôt de récompenser les bons comportements. Actuellement, les habitants ont l’impression de ne pas payer leurs déchets vu que la taxe d’enlèvement des ordures ménagères est comprise dans la taxe foncière. Et ce calcul est basé sur la taille du bien immobilier. Or, lorsqu’on corrèle la tarification des déchets au nombre de fois où l’on sort son bac d’ordures ménagères, ça responsabilise. On fait plus le tri des papiers et emballages, on se tourne vers des bacs à compost : les effets sont très positifs », insiste-t-il.

C’est bon pour la planète mais pour le porte-monnaie ? « Quand on dit aux administrés qu’il faut payer au nombre de sorties du bac noir, ils pensent qu’on leur rajoute quelque chose alors qu’ils paient déjà dans le cadre de la taxe foncière, peu importent leurs efforts. Mais aujourd’hui, qui accepterait de payer ses factures d’électricité de manière mutualisée avec tous les voisins de la rue ? »

Pourquoi nettoyer les emballages à recycler est inutile

On se pose tous (ou presque) la question : face à un emballage souillé, faut-il le nettoyer avant de le trier ? « Non, il faut juste qu’ils soient vides. Cela ne sert à rien de le rincer, même si c’est une boîte de raviolis et qu’il reste de la sauce. Notre process de collecte permet de le valoriser quand même », précise Citeo qui signale au passage que le centre de tri de Montech est en cours de modernisation.

Ibbeo : le pouvoir des fleurs et du réemploi

Attachée à la notion de circuit court, l’équipe d’Ibbeo récolte ses fleurs dans une ferme à Montauban.
Attachée à la notion de circuit court, l’équipe d’Ibbeo récolte ses fleurs dans une ferme à Montauban.
ARCHIVES DDM – MANUEL MASSIP

La marque montalbanaise de cosmétiques bio Ibbeo est l’un des pionniers dans le réemploi des contenants. Innovante, sa démarche est « scrutée à l’échelle nationale ».

Lancée en 2011 à Montauban, la marque de cosmétiques bio Ibbeo a le développement durable collé à la peau. Et ça ne date pas d’hier. Dès 2019, l’entreprise a fait des petits avec la création de Coveco qui permet d’assurer le nettoyage et le recyclage des flacons et autres pots de crème d’Ibbeo. Mais depuis, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) contraint les industriels de la cosmétique à recycler au moins 10 % de leurs contenants d’ici à 2027.

Grâce à une machine qui fait appel à la technologie des ultrasons, Coveco est même devenu le sous-traitant de grandes marques qui souhaitent évidemment se mettre en conformité avec la loi. Installé par le passé à Portet-sur-Garonne, cet automate qui permet de rendre neufs des contenants parfois souillés de matières très grasses a été déménagé dernièrement à Montauban. « Ce qu’ils font est très intéressant. Ibbeo Cosmétiques a toujours été engagée sur cette problématique de la consigne. C’est un acteur vraiment innovant qui est regardé et scruté à l’échelle nationale », commente Antoine André, le directeur régional de Citeo.

En tissant une très solide toile de points de vente et de collecte dans toute la France grâce au réseau « Vrac et réemploi », Ibbeo a su rendre fluide une démarche qui aurait pu apparaître comme contraignante pour certains de ses clients.

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