Laurence Marandola, ancienne porte-parole de la Confédération paysanne, a été entendue par la gendarmerie après une plainte déposée par le groupe Lactalis.
L’ancienne porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola, a été entendue par la gendarmerie ariégeoise dans le cadre d’une enquête ouverte après une plainte déposée par le géant laitier Lactalis. Cette procédure fait suite à une action menée en février 2024 au siège du groupe, à Laval (Mayenne), par des manifestants du syndicat agricole.
Dans un communiqué publié cette semaine, la Confédération paysanne s’est indignée de cette convocation, affirmant avoir exercé “son droit syndical en se présentant, sans effraction ni violence, au siège social de Lactalis à Laval, sans entraver l’activité”. “Cette plainte vise à pénaliser notre action syndicale et notre droit d’expression”, ajoute l’organisation.
“Violation de propriété privée et dégradation”
Le groupe Lactalis a confirmé avoir déposé plainte en 2024 “à la suite d’une intrusion de la Confédération paysanne au siège du groupe à Laval, le 21 février 2024”. “Cette plainte porte notamment sur les chefs de violation de propriété privée et de dégradation”, a précisé l’entreprise, qui n’a pas souhaité faire d’autres commentaires.
Ce jour-là, en plein mouvement de colère agricole, environ 200 manifestants avaient forcé l’entrée du site à l’aide de deux tracteurs et investi le hall d’accueil. L’action, organisée à l’appel de la Confédération paysanne, visait à dénoncer les pratiques de Lactalis et à réclamer une meilleure rémunération pour les éleveurs.
Quelques dizaines de participants avaient décidé de passer la nuit sur place avant d’être évacués par les CRS.
“Notre rôle de syndicat d’agir”
Laurence Marandola, alors porte-parole nationale du syndicat et présente lors de l’action, a été convoquée lundi à la gendarmerie de Tarascon-sur-Ariège. “Notre action est intervenue après maintes tentatives de rendez-vous avec les dirigeants, alors que Lactalis proposait 420 euros/1 000 litres face à un coût de revient à 500 euros et refusait les propositions du médiateur des négociations commerciales. C’est notre rôle de syndicat d’agir dans ces circonstances”, a-t-elle défendu.
Des précédents judiciaires entre syndicats et Lactalis
Ce n’est pas la première fois que le géant laitier engage des poursuites contre des organisations agricoles. En septembre dernier, la section de la Mayenne de la FNSEA a été condamnée par le tribunal judiciaire de Laval à verser 150 000 euros à Lactalis pour des dégradations commises lors d’une mobilisation de producteurs de lait en 2016. Ces derniers réclamaient déjà une meilleure rémunération. La FDSEA 53 avait alors dénoncé “un acharnement” de Lactalis “pour faire taire ses fournisseurs”.
Par ailleurs, deux agriculteurs ont été condamnés mi-octobre par le tribunal correctionnel de Paris à 450 euros d’amende chacun pour des violences commises sur des policiers lors d’une manifestation de la Confédération paysanne en décembre 2024 devant le Grand Palais, à Paris, contre les géants du commerce des céréales.

