Née d’une rencontre hasardeuse entre Alain Bruys et Marc Berthier, la foire à la poterie devient très vite un incontournable de l’été.
Au bout de la Vallée de Gavaudun, lorsque le paysage desserre son étau forestier pour s’ouvrir, plus aéré, sur des prés bordant la Lède, une chapelle au clocher coiffé d’un chapeau pointu surgit en haut d’une colline. Le hameau de Saint-Avit se dresse avec sa maison- forte, ses petites maisons aux pierres dorées, sa petite rue qui serpente jusque dans la forêt, son cimetière qui incite à la flânerie mélancolique.
C’est là, que les bénévoles du syndicat d’initiative de Lacapelle, bien nommé, s’attaquaient courageusement au nettoyage du hameau endormi, oublié, envahi de ronces et de légendes. On est en 1983, ils voulaient lui redonner vie en y créant une foire artisanale, comme on en faisait de nombreuses à cette époque. Elle dura deux ans, sans satisfaire vraiment.
Sur les terres de Palissy
Le hasard vient toujours au secours des audacieux. Un soir d’hiver, à une table de restaurant de Villefranche, le président du SI, Alain Bruys, rencontra un potier de Brousse, Marc Berthier. « Le hameau natal de Palissy ? Et pourquoi pas le spécialiser pour une foire à la poterie ? » Ainsi dit, ainsi fait. Aussitôt, Christiane Debiard, secrétaire, contactait des céramistes. 17 répondaient à l’appel pour la première en 1985, notamment Pascal Lacroix, de Tournon, Thierry Jambois de Penne et Jean- Yves Leveau de Villeréal.
Ce groupe précurseur adora le lieu, l’accueil, l’authenticité indicible de cette foire, rameutant année après année leurs amis, eux aussi prêts à l’adopter à y adhérer sans ambages. Très vite Saint-Avit devint un lieu incontournable dans le monde de la céramique, d’autant plus avec la naissance du musée Bernard Palissy, en 1991, dédié à la céramique contemporaine.
40 bougies, 40 potiers
Ces 9 et 10 août, c’est toujours le deuxième dimanche du mois d’août, la foire fêtera avec faste ses 40 ans. Pour cette édition spéciale, 40 potiers, ont répondu présents, parmi lesquels les premiers « intrépides » Pascal Lacroix et Thierry Jambois qui se feront une joie de déballer, une nouvelle fois. Tout comme Raphaël Meyer ou Thomas Lacroix, céramistes désormais reconnus, enfants suivant leurs parents, qui vendaient déjà leurs objets sur le mur du cimetière.
Une histoire pérenne, toujours vivace et lumineuse, où histoires intimes et souvenirs se tissent et se racontent de stand en stand, ou lors du repas des potiers le samedi soir, le long des longues tablées, éclairées par la lune, sous l’égide du Patron Bernard. Dès le samedi 14 h, le public pourra découvrir l’éventail très large des créations de terre, conjuguées dans des formes, des couleurs, des aspects infinis.
De la poterie dite « utilitaire », mais toujours unique à des œuvres jugées plus artistiques : une déclinaison pour ravir petits et grands, amateurs ou curieux. Et pour fêter cet âge de la jeune maturité, des animations tout au long des deux jours. Un groupe d’artistes, un céramiste, deux danseuses et un musicien à la vièle à roue, déambuleront dans la foire recueillant les impressions, données par le public ou les exposants, sur cet évènement, son histoire, son avenir. Puis le céramiste créera des pièces à partir des mots retenus. Le dimanche, dès la matinée, il mettra en cuisson ces pièces dans deux braseros posés au milieu du village, moment agrémenté de danses et musique.
Et comme un cadeau, Mathieu Duval, dont les œuvres dentelées sont exposées au musée, offrira une démonstration de son art en direct. Deux journées à ne pas manquer tant l’art et la convivialité seront au rendez-vous.
Buvette et grillades sur place.