November 1, 2025

"On ne voit pas la ville, parfois on l’entend": éleveur de chèvres, cet agriculteur a installé son troupeau aux portes de la cité

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Agriculteur dans une commune urbaine, voilà qui paraît paradoxal. Voilà un an et demi que Matthieu Grammont a créé la chèvrerie de Costeraste sur les hauteurs de Cahors. Rencontre avec un des rares exploitants agricoles du chef-lieu du Lot et ses chèvres atypiques.

Difficile de croire qu’on est encore à Cahors, la ville la plus peuplée du Lot. Pas une maison à l’horizon. Les petits chênes couvrent les collines alentour. Des chèvres broutent l’herbe que les pluies d’automne ont reverdie.

Matthieu Grammont et Pot-de-colle, une des premières chèvres de l’élevage.
Matthieu Grammont et Pot-de-colle, une des premières chèvres de l’élevage.
DDM – F.R.

“On s’installe plus facilement”

C’est là, en bordure de l’ancienne route de Paris, que Matthieu Grammont a installé la chèvrerie de Costeraste. C’était en mars 2024. Âgé de 23 ans, le jeune homme a implanté son élevage sur les terres de ses parents. Non pas que ceux-ci aient été agriculteurs mais “mon père a toujours eu des animaux pour le plaisir”, raconte le jeune éleveur. Voilà pour le lieu. Quant au choix de sa spécialité, elle s’est faite au fil de ses études. Après un bac technologique au lycée agricole de La Vinadie, à Figeac, le Cadurcien a poursuivi en BTSA analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole. Et s’il voulait être éleveur depuis le début, c’est en suivant des stages qu’il s’est décidé pour les chèvres. “On s’installe plus facilement”, dit-il. Après une spécialisation au CFAA de Gramat, le voilà installé.

Les chevreaux de l’année viendront agrandir le troupeau.
Les chevreaux de l’année viendront agrandir le troupeau.
DDM – F.R.

Une race provençale rustique

Restait à choisir la race. Son troupeau de soixante têtes, dont trois boucs et une quinzaine de jeunes, est plutôt bigarré : marron, noires, beiges, tachetées, à poil long ou court. C’est qu’il y a là de la chèvre du Rove, de la Pyrénéenne et du croisement. La première est une race issue des Bouches-du-Rhône, habituée aux terrains pentus et caillouteux. “La chèvre du Rove me plaisait parce que j’élève en extérieur et que c’est plus rustique que des races plus productives”, explique Matthieu Grammont. Et puis confie-t-il : “Il y a l’esthétique”. La bête se reconnaît surtout à ses belles cornes torsadées, qui l’ont d’ailleurs obligé à fabriquer des cornadis sur mesure : ce sont ces équipements qui bloquent l’animal pendant la traite.

Des cornadis faits sur mesure.
Des cornadis faits sur mesure.
DDM – F.R.

Vente à la ferme et en marché

Car avec le lait – riche- de ses chèvres, le jeune éleveur fabrique yaourts et cabécous dans le laboratoire installé en contrebas. Il les vend lundi, jeudi et samedi de 16 h 30 à 19 h 30 à la ferme, mais surtout sur les marchés de Cahors et Saint-Géry, ainsi que sur certains marchés d’été. Bref, un rythme intense, surtout en début d’année. “Tout est en période naturelle : les petits naissent en mars et on a du lait jusqu’à Noël”, explique-t-il. Du printemps jusqu’en juillet, elles sont traites deux fois par jour puis, la production baissant, seulement le soir. Il faut néanmoins continuer à nourrir, soigner, refaire les clôtures, rehausser les barrières.

Il a fallu rehausser des clôtures et les barrières de leur abri pour essayer de contenir ces acrobates.
Il a fallu rehausser des clôtures et les barrières de leur abri pour essayer de contenir ces acrobates.
DDM – F.R.

Et puis il y a des projets : développer doucement l’élevage via les naissances, construire un bâtiment plus grand pour les abriter, cultiver son foin sur des parcelles en combe. Et, comme cela se fait au mont Saint-Cyr, l’idée de créer une association foncière pastorale pour éviter l’embroussaillement et lutter contre le feu. Bref, être agriculteur périurbain ne lui déplaît pas. “Pour les marchés, c’est plus près ; pour la clientèle aussi car la route est assez passante”, analyse-t-il. D’autant qu’ici, Cahors se fait discrète : “Dehors, on ne voit pas la ville, parfois on l’entend”.

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