October 30, 2025

"On mendie finalement" : faute de donateurs, le diocèse d’Albi manque d’argent pour payer ses prêtres

l’essentiel
Le diocèse d’Albi, Lavaur et Castres alerte sur une situation en passe de devenir critique. La rémunération des prêtres et des laïcs est menacée par la baisse du nombre de donateurs. Pour éviter d’avoir à prendre des décisions difficiles, l’archevêque en appelle à la générosité de ses ouailles.

“C’est rare que l’on parle d’argent.” Mais aujourd’hui, Monseigneur Jean-Louis Balsa, archevêque d’Albi, ouvre les comptes du diocèse pour alerter sur une situation qui devient critique.

D’année en année, le denier de l’Église – un don versé par les fidèles afin de financer le traitement des prêtres et les rémunérations des laïcs – est en baisse. Cette somme représente 30 % des ressources du diocèse. “Chaque année, on doit trouver 2 416 000 euros pour payer l’ensemble des traitements et salaires, charges comprises”, expose Mgr Balsa. Mais à la fin du mois de septembre dernier, seuls 1 158 389 € ont été collectés.

Un nombre de donateurs en baisse

Pour assurer cette année 2025, le diocèse espère réunir encore 450 000 euros. “On peut compenser avec les legs et les dons, mais ce n’est pas une situation normale. On est dans l’aléatoire”, abonde Éric Forestier, le nouvel économe diocésain.

Une situation ni nouvelle, ni isolée aux paroisses tarnaises, mais révélatrice d’une tendance nationale. “On assiste depuis dix ans à une érosion. On est passé de 16 000 donateurs en 2016 à 9 000 en 2024”, développe l’archevêque. En parallèle, l’âge des donateurs est en hausse – 76 ans en moyenne – et les bienfaiteurs sont l’unique levier de financement pour assurer les traitements des 98 prêtres retraités ou en activité et les 48 équivalents temps plein. “Ni le Vatican ni l’État ne nous financent. Chaque diocèse est indépendant.”

À lire aussi :
Denier de l’Église en baisse : le diocèse de Toulouse lance un appel aux catholiques

La baisse du pouvoir d’achat et la multiplication des appels à la solidarité accentuent la diminution des dons. “Certains également ne sont pas au courant du fonctionnement, continue Mgr Balsa. Il y a un cliché selon lequel le Vatican serait riche, donc l’Église serait riche et donc le diocèse également. Mais ce n’est pas vrai.” Pour autant, le département reste largement plus généreux que la moyenne nationale, avec environ 30 % des catholiques qui contribuent au Denier, la moyenne nationale étant de 10 % pour un don moyen de 142 €.

“Mon but absolu est que personne ne soit licencié”

Au début du mois, les donateurs ont été avertis de la situation par une lettre émise par l’Église catholique dans le Tarn. Les responsables religieux espèrent désormais que la générosité des croyants, mais également des non-croyants, permette de ne pas avoir à prendre de décisions difficiles dans les prochains mois ou années. “Mon but absolu est que personne ne soit licencié”, rassure l’archevêque d’Albi.

Parallèlement, le diocèse examine son patrimoine pour dégager d’éventuelles marges de manœuvre. “Il y a un inventaire en cours, fait avec la SAFER, pour savoir s’il n’était pas possible de vendre quelques petits fermages, détaille Éric Forestier. Même chose du côté de l’immobilier pour éventuellement se prononcer sur le devenir de chaque bien.”

Pour rappel, les dons entrant dans le cadre du denier sont éligibles à une réduction fiscale de 66 % du montant du don.

source

TAGS: