October 30, 2025

À Paris, les démocraties s’allient pour défendre l’intégrité de l’information face aux manipulations en ligne

l’essentiel
Réunis au Forum de Paris pour la Paix, vingt-neuf États ont signé la « Déclaration de Paris » pour renforcer la coopération multilatérale en faveur d’une information libre, fiable et indépendante. Un texte qui entend doter la lutte contre la désinformation d’un véritable cadre politique et financier.

Face à la prolifération des fausses informations et à la fragilisation du journalisme, la France et le Ghana ont coprésidé, à Paris, mercredi 29 octobre, une Conférence internationale de haut niveau pour l’intégrité de l’information et les médias indépendants.

Organisée dans le cadre du Forum de Paris pour la Paix, cette rencontre a réuni chefs d’État, ministres et représentants de la société civile autour d’un même constat : la désinformation n’est plus un simple symptôme des tensions politiques, elle en est désormais un instrument structurant.

Vingt-neuf pays signataires

Au terme des échanges, vingt-neuf pays, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Ghana ou encore l’Ukraine, ont signé la « Déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information et les médias indépendants ». Ce texte marque une tentative de réarmement collectif face aux menaces pesant sur l’espace mondial de l’information, que les signataires qualifient de « bien commun de l’humanité ».

Protection de nos démocraties et protection de la planète sont les conditions d’un monde en paix. Voilà le message que je porte au Forum de Paris sur la Paix.

Quand le mensonge triomphe sur la vérité, nos sociétés sont fragilisées. Plus que jamais, nous devons unir nos efforts… pic.twitter.com/Iup1iFbIAf

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 29, 2025

La Déclaration reconnaît qu’une information fiable et indépendante constitue un bien public mondial, essentiel au fonctionnement des démocraties et à la prospérité économique. Les États s’engagent à renforcer leur coopération pour soutenir le journalisme libre, financer les médias d’intérêt public et protéger les sociétés contre la manipulation de l’information, y compris lorsqu’elle provient d’acteurs étrangers. Le texte érige ainsi l’intégrité de l’information en enjeu de sécurité nationale et collective.

Création du Fonds international pour les médias d’intérêt public (IFPIM)

Les signataires saluent la création du Fonds international pour les médias d’intérêt public (IFPIM), appelé à devenir le bras financier de cette coalition d’États. Inspiré de mécanismes multilatéraux déjà existants, ce fonds doit permettre de mobiliser des ressources durables pour la production et la diffusion d’une information indépendante, tout en soutenant les médias confrontés à la crise économique qui fragilise leur modèle.

La Déclaration appelle également à développer des synergies entre les institutions internationales – ONU, UNESCO, Partenariat international pour l’information et la démocratie, Coalition pour la liberté des médias – afin de mettre fin à la fragmentation actuelle des initiatives.

Le texte met en garde contre les effets amplificateurs des plateformes numériques et des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle (IA) générative, qui peuvent autant servir la vérification des faits qu’alimenter la désinformation. Les États affirment la nécessité d’un encadrement collectif, tout en encourageant des modèles économiques innovants pour le financement de l’information fiable.

Le rétablissement d’une souveraineté démocratique dans l’espace numérique mondial

En toile de fond, la Déclaration inscrit la question de l’intégrité de l’information dans un cadre plus large : égalité de genre, lutte contre la corruption, sécurité nationale et action climatique. L’accès à une information vérifiée est présenté comme une condition transversale au progrès social et à la stabilité démocratique.

Nous devons reprendre le contrôle de notre vie démocratique et informationnelle. pic.twitter.com/CN4H867b6d

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 29, 2025

Cette initiative s’inscrit dans la continuité du Partenariat pour l’information et la démocratie, lancé en 2018, et ambitionne d’en remobiliser la coalition autour d’une feuille de route commune. Si la Déclaration ne crée pas d’obligation juridique, elle établit une orientation politique claire : le rétablissement d’une souveraineté démocratique dans l’espace numérique mondial.

La Pologne et le Brésil ont apposé leur signature avec des réserves, respectivement sur les paragraphes 8 et 10.3, ce qui souligne les divergences persistantes sur la gouvernance de l’information mondiale. Mais la France mise sur la dynamique collective.

Après avoir convoqué la veille quelque 200 experts à l’Élysée pour proposer des pistes de régulation d’ici la fin de l’année, Emmanuel Macron entend faire de ce texte un socle d’action internationale contre les manipulations en ligne et pour la protection du journalisme indépendant.


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