La Russie affirme avoir réussi le test de propulsion nucléaire de son missile de croisière Bourevestnik. Une démonstration de force qui ne devrait pas avoir d’impact sur le conflit ukrainien, d’après le général Vincent Desportes, expert militaire.
Révolution militaire ou nouvelle provocation nucléaire ? La Russie a annoncé dimanche 26 octobre avoir réussi le test de propulsion nucléaire de son missile de croisière, surnommé le Bourevestnik.
“Les tests décisifs sont désormais achevés”, a déclaré le président russe Vladimir Poutine dans une vidéo diffusée par le Kremlin, lors d’une réunion avec des responsables militaires. Il a ordonné de “commencer à préparer les infrastructures pour mettre en service cet armement dans les forces armées russes”.
“Poutine veut intimider l’Europe de l’Ouest”
Il s’agit d’un missile à propulsion nucléaire thermique, ou nucléothermique. Le développement de cette arme par l’armée russe remonte à 2018, lancé à l’époque pour faire face, selon Moscou, aux menaces des États-Unis. Lors du dernier essai, le missile aurait volé environ 15 heures, parcourant près de 14 000 kilomètres.
“C’est une démonstration que Poutine ne respecte plus aucun accord sur l’interdiction des essais d’armes nucléaires, mis en place depuis la crise de Cuba en 1962”, analyse le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre et professeur des universités, contacté par La Dépêche. “Les édifices de paix construits à cette époque n’existent plus. Poutine veut intimider l’Europe de l’Ouest avec cet exercice nucléaire”, poursuit-il.
“La Russie et les États-Unis ont déjà la capacité nucléaire de se détruire mutuellement”
Malgré l’euphorie affichée par le Kremlin, plusieurs spécialistes estiment que cet armement n’aura pas d’impact militaire concret. “Cela n’apporte rien de nouveau”, souligne Vincent Desportes. “C’est une manœuvre psychologique, de la gesticulation géopolitique. Depuis longtemps, la Russie et les États-Unis ont la capacité nucléaire de se détruire mutuellement. Toutes leurs armes actuelles suffisent déjà à cela”, ajoute le général.
“Trump n’est pas dupe”
De son côté, le président américain a vivement réagi à cette annonce. “C’est inapproprié de la part de Poutine. Il devrait mettre fin à la guerre en Ukraine plutôt que de tester des missiles”, a-t-il déclaré. “Trump n’est pas dupe, il comprend que cela ne change rien à l’équilibre des forces”, ajoute encore le général Desportes.
Cette communication russe survient alors que le président américain met la pression sur Moscou, après une nouvelle salve de sanctions visant les pétroliers russes. “Poutine fait cette annonce pour peser sur l’opinion publique américaine”, estime l’expert militaire.
Des tensions entre Poutine et Trump
En réponse, Donald Trump a lui aussi évoqué la puissance militaire américaine. “Ils savent que nous avons un sous-marin nucléaire, le meilleur du monde, juste au large de leurs côtes”, a déclaré le locataire de la Maison Blanche.
Les négociations de paix, elles, sont au point mort. Pour rappel, Donald Trump a affirmé ce week-end qu’il ne “perdrait pas son temps” à programmer une nouvelle rencontre avec son homologue russe sans qu’un accord soit en vue pour mettre fin au conflit en Ukraine.

