“Delphine ne sortait jamais seule avec les chiens”
Après avoir confirmé que la voiture Delphine était inhabituellement garée dans le sens de la descente, le 16 décembre au matin, Olga C. raconte une anecdote : “Après la disparition, j’étendais mon linge dans le jardin et j’ai vu Cédric taper du pied contre des parpaings devant chez lui”. “Je ne voulais pas ça”, aurait-il dit. “Il avait un regard qui faisait peur”. Je lui ai donc dit, “Cédric, si tu as besoin de nous, nous sommes là”. Réponse de l’accusé, alors : “Je n’aurais jamais besoin de personne”. Les propos suivants sont inaudibles… Olga C. parle trop près du micro et ses paroles se transforment en bruits désagréables. L’huissier intervient pour lui indiquer de s’éloigner. L’assistance est soulagée.
La promenade des chiens est à nouveau sur la table des débats : “Delphine ne sortait jamais seule avec les chiens, même pas en journée”, assure la retraitée vêtue d’une grande robe bariolée et coiffée d’un bandeau bleu. Elle l’atteste : “C’est Cédric qui promenait seul les chiens”. La voisine tient à raconter une autre anecdote liée aux chiens des Jubillar. “Ils étaient partis quelques jours en vacances et avaient laissé les chiens”. Alors que les animaux erraient, “une femme est venue prendre des photos pour alerter la SPA”. À leur retour, “Cédric n’arrêtait pas de dire que c’était de la faute de mon mari”.
Olga C. n’a jamais entendu d’altercations violentes entre Cédric et Delphine Jubillar. “Je suis une tombe quand je dors, la maison est bien isolée, je n’entends rien de ma chambre…” Son mari, lui, avait dit, dans ses déclarations auprès des gendarmes, qu’il avait “déjà entendu des éclats de voix”.
Le témoignage d’Olga C., femme de Michel C., les voisins les plus proches de Jubillar
Olga C., retraitée, est à la barre… Avec son mari, décédé en 2023, ils sont les plus proches voisins des Jubillar. “Je vis là depuis 15 ans”, détaille-t-elle. Le témoignage posthume de Michel C. sera lu à la cour d’assises du Tarn, comme la témoin l’avait confirmé dans La Dépêche .
Légère escarmouche entre avocats, Me Franck rappelée à l’ordre
Me Emmanuelle Franck a la parole. Des protestations inaudibles s’élèvent de la partie civile. “Vous pouvez me laisser finir ma question ?”, interroge l’avocate toulousaine avant de déclarer que le point de la présence ou non de la voiture du voisin aurait dû être posée plus tôt. La présidente Ratinaud s’énerve : “Me Franck, je ne vous autorise pas à faire des réflexions sur la manière dont j’interroge les témoins. L’avocat général Aurignac prend le micro pour attaquer la défense : le magistrat estime que les avocats de Cédric Jubillar s’appuient sur les déclarations des gendarmes “quand ça les arrange”.
Une dernière question de Me Chmani, avocate des enfants Jubillar, fait affirmer au voisin que l’accusé ne cherchait pas sa femme après la disparition… “J’ai vu qu’il s’en foutait”.
“Madame, vous voyez des ronces, là ?”
Me Alexandre Martin a une question particulièrement précise à propos de la présence de ronces près des sorties des véhicules. C’est le témoin qui en avait parlé… Ces ronces rendraient la sortie ardue, côté conducteur, en cas de stationnement dans le sens de la montée. Des photos sont projetées à la demande de la défense : “Il n’y a pas de ronces, là”, lance l’avocat toulousain. Un plan plus large est demandé par la présidente, Me Martin s’exécute et présente son Ipad à la Cour sans attendre la projection. “Madame, vous voyez des ronces, là ?”, redemande-t-il. Hélène Ratinaud semble acquiescer sans prêter grande attention à l’information, comme l’ensemble de la salle, au grand dam du conseil de Cédric Jubillar. Le public s’interroge sur la pertinence de ce point.
Autre question de la défense au témoin… Pourquoi les gendarmes n’ont-ils pas vu son véhicule ? “Ils devaient être focus sur la voiture de Delphine”, rétorque-t-il confirmant à nouveau sa version. “Je ne sais pas quoi vous dire, moi, je me gare tout le temps-là, je suis sûr à 1000%”, lance Guillaume T. induisant donc à nouveau que c’est le véhicule de Delphine qui a bougé dans la nuit.
Accusation de Cédric et promenade des chiens
Guillaume T. avait-il des problèmes de voisinage avec Cédric Jubillar ? “Non”, répond-il, “mais après la disparition de Delphine, il m’avait accusé d’avoir acheté une plaque en ferraille et d’avoir tué Delphine”. Stupéfaction dans la salle… “On avait eu une discussion et une petite dispute, mais ça va ce n’était pas grand-chose”, tempère l’homme peu bavard. L’accusation n’avait jamais été abordée avant ce mardi.
Nouvelle question sur l’identité de celui qui promenait les chiens dans le couple : “Celui qui promenait les chiens, c’était Cédric”, assure le témoin. Ce point a été abordé à de nombreuses reprises depuis le début du procès. Il pourrait déterminer que Delphine aurait pu sortir pour promener les deux sharpeïs du couple. Ou pas.
Guillaume T., voisin des Jubillar, témoigne du sens de stationnement de la voiture de Delphine
Le voisin des Jubillar, plutôt discret, avance à la barre, vêtu d’un jogging gris. Avec les mains croisées dans le dos, cet homme vit en contrebas de la maison du, de l’autre côté de la rue. La présidente Hélène Ratinaud l’interroge sur ce qu’il a pu observer autour du 15 décembre 2020. “Quand je suis rentré ce jour-là, je me suis garé face à la voiture de Delphine et le lendemain vers 7h30, le véhicule était dans l’autre sens”, confirme-t-il. Le témoin déclare qu’il a peu de contact avec le couple. Son véhicule est un Renault master : la fourgonnette blanche évoquée par la défense lors de l’interrogatoire des gendarmes la première semaine.
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“Delphine et moi, on se garait toujours face à face, Cédric, lui, c’était dans l’autre sens”. Guillaume T. dans le sens de la descente, et donc, Delphine dans le sens de la montée. De plus, l’homme assure que la voiture de Delphine avait aussi bougé, “elle était plus proche de mon véhicule, le lendemain”. Le voisin s’était dit “sûr à 90%” du changement de sens et de place de stationnement, lorsqu’il avait été interrogé par les gendarmes.
L’expert n’a pas fondé son rapport sur l’observation directe de la voiture de Delphine
La défense a désormais la parole. “Je n’ai pas été missionné pour vérifier l’étanchéité de la voiture”, répond l’expert à Me Martin. L’homme explique à nouveau qu’il n’a pas pu fonder son raisonnement en observant directement la Peugeot 207 de Delphine. “Pour cela, j’ai eu accès aux déclarations des gendarmes, notamment les photos”, déroule-t-il, “à partir de cela, j’ai réalisé une mise en condition”.
André A. affirme n’avoir pas vu la condensation en tant que telle et s’est basé sur les déclarations des gendarmes primo-intervenants. “L’un a dit qu’il y avait de l’humidité et les deux autres de la condensation”, remarque l’avocat. André A. assure qu’il s’agit de la même chose.
Quelle attitude de Cédric Jubillar ce matin ?
L’accusé est assis courbé sur son siège. La tête posée sur la paume de sa main, l’homme vêtu de noir écoute, puis regarde le public. Difficile de déterminer s’il observe quelqu’un précisément, mais son regard s’attarde longuement sur l’assistance. Enfin, il revient sur l’expert qui dévoile son expertise sur la buée repérée sur la voiture de Delphine.
André A., expert, témoigne à propos de la buée trouvée sur une des vitres de la voiture de Delphine
Ce Toulousain, expert et ingénieur, avance à la barre pour développer son rapport sur la condensation trouvée sur la vitre de la Peugeot 207 de Delphine Jubillar. “L’hydrométrie stable de la nuit de la disparition ne favorise pas un phénomène de condensation ‘naturelle'”. Pour créer de la buée, la température chaude doit laisser place au froid. André A. assure que la montée en température à l’intérieur d’un véhicule monte en moyenne à 19 degrés en présence de personnes. La présence d’un corps dans cette voiture est donc possible, selon lui, mais les horaires ne permettent pas de le déterminer. “La voiture est très certainement montée en température”, affirme-t-il. Le fait de fumer peut ajouter de la condensation.
André A. est intervenu en théorie, comme le fait confirmer Me Boguet, avocat des enfants Jubillar. L’expert s’est appuyé sur les conditions météorologiques de la nuit du 15 décembre… Il n’a pas vu le véhicule de Delphine, mais a été mis en condition. “J’ai fondé mon expertise sur mon expérience de 40 ans notamment”.
La présence de Delphine et de ses enfants dans la voiture en soirée ne peut pas expliquer la buée relevée le lendemain au petit matin, selon l’expert. “Les températures plus chaudes en journée rendent peu probable, la présence de condensation plusieurs heures après”, dit-il.
L’audience reprend, la cour rend sa décision sur l’expertise de la ligne GSM de Donat-Jean
La demande de la défense à propos d’une expertise supplémentaire de la ligne GSM de Donat-Jean, l’amant de Delphine, a été rejetée. Les avocats de Cédric Jubillar avait tenté de démontrer que cette ligne avait été repérée près du domicile du couple.
La jeunesse de Cédric à nouveau abordé aujourd’hui, sa famille d’accueil à la barre
Comment la voiture de Delphine était-elle garée la nuit de sa disparation ? Le témoignage du voisin attendu
La 207 bleue de Delphine Jubillar revient au cœur des débats ce mardi 7 octobre devant la cour d’assises du Tarn avec le témoignage attendu de Guillaume, un voisin du couple à Cagnac-les-Mines. Cet artisan a assuré aux enquêteurs que le véhicule de l’infirmière tarnaise avait changé de sens la nuit de sa disparition. Selon le scénario de l’accusation, c’est Cédric Jubillar qui l’aurait utilisée pour transporter le corps de son épouse.