L’article 23 du projet de loi de finances 2026 inquiète les producteurs de chanvre. Assimilant la fleur de CBD à un produit du tabac, il menace les circuits courts et la survie d’une filière agricole émergente.
En cause, l’article 23 du projet de loi de finances 2026, qui assimile la fleur de chanvre à un produit comparable au tabac. Il s’agit, bien sûr, ici de CBD (cannabidiol), sans danger ni effets nocifs, connu pour ses vertus thérapeutiques (même si la science se montre encore réservée sur le sujet). Or, ce projet de loi revient, dans les faits, à interdire la vente directe pratiquée en France : la vente directe par les producteurs et les circuits courts.
La fleur de chanvre sera soumise à un droit d’accise (impôt indirect sur la consommation) de 25,7 % et la commercialisation de la fleur de chanvre sera réservée aux bureaux de tabac et aux établissements agréés.
1 000 producteurs en France
Vincent Deneux, céréalier et producteur de chanvre à Canals (Tarn-et-Garonne), coordinateur pour l’Occitanie de l’association des producteurs AFPC, l’affirme : « La fleur de chanvre, ce n’est pas du tabac, un produit dangereux responsable de 75 000 morts par an. Elle ne contient pas de nicotine, un produit addictif, et il est illogique de l’assimiler au tabac.
En outre, si cette loi passait, ce serait une catastrophe pour le millier de producteurs nationaux, qui produit un peu moins de 20 % de ce qui est consommé en France, des paysans pour lesquels cette production, valorisée et vendue directement, est un ajout aux revenus parfois bas de leur exploitation. »
Ce céréalier cultive du maïs et du tournesol sur 70 hectares dans la plaine de Garonne et, depuis quelques années, du chanvre à fleurs sur d’autres parcelles.
Il explique : « Cette année, le prix à la tonne des céréales a chuté et je produis pratiquement à perte. Heureusement, j’ai ma récolte de chanvre, que je transforme et vends sur les marchés, en direct ou dans des boutiques. »
Il ajoute : « En Occitanie, on est une bonne cinquantaine de producteurs au moins, et il y a des nouveaux venus qui viennent de s’installer. Pour eux, cela signerait la fin de leur activité. »
« Je ne sais plus quoi faire »
Cette culture très contrôlée, outre le CBD, permet de fabriquer des produits dérivés, tisanes, crèmes, huiles, etc., non impactés, mais qui entrent de façon marginale dans les recettes des producteurs. Le chanvrier canalais ne sait sur quel pied danser : « Je pensais faire moins de céréales, augmenter le chanvre ; j’ai des plans pour acheter des serres, développer ma production, monter un site Internet, mais là… je ne sais plus quoi faire », ajoute-t-il en admirant ses plants d’un beau vert et très odorants.

