Les braises crépitaient, les éplucheurs s’affairaient et l’odeur des châtaignes grillées flottait dans l’air : à Bourg-de-Bigorre, la 26e édition de la Fête de la Châtaigne a rassemblé curieux et passionnés autour d’un fruit aussi savoureux qu’identitaire pour les vallées des Hautes-Pyrénées.
La 26ᵉ édition de la Fête de la Châtaigne a une nouvelle fois démontré, ce dimanche, que Bourg-de-Bigorre mérite amplement son titre de capitale de ce fruit emblématique des vallées. Dès les premières heures de la matinée, le public est venu nombreux malgré la fraîcheur. Le soleil, faisant une apparition bienvenue, a fini de convaincre les visiteurs, qui ont pu déambuler parmi les nombreux stands où la châtaigne était célébrée sous toutes ses formes.
Aux manettes de cette belle journée, l’association « Le Renouveau de la Châtaigne en Hautes-Pyrénées » s’est attachée à mettre en avant les traditions tout en rappelant son engagement pour la sauvegarde d’un arbre qui fait partie intégrante du paysage local, même s’il fut un temps quelque peu oublié.
Comme l’a expliqué Xavier, accompagné de Jérôme, Jacques et Xavier Vallier, président de l’association : « Cela fait une vingtaine d’années que nous nous sommes regroupés afin d’inventorier et de préserver les variétés anciennes. Au siècle dernier, on comptait environ 1 500 hectares de châtaigneraies. Mais leur entretien demandait beaucoup de main-d’œuvre, et les deux guerres ont eu raison de cette ressource. Sans entretien, les arbres meurent, et nous avons ainsi perdu une grande partie de ce patrimoine. »
Un programme de relance
En 2003, un partenariat avec la Chambre d’Agriculture des Hautes-Pyrénées a permis de lancer un programme de relance soutenu financièrement par l’Europe, le Conseil régional et le Conseil général. Ce programme, mené de 2005 à 2011, a abouti à la plantation de 1 300 châtaigniers et à la rénovation, par la taille, de 600 vieux sujets. Sur ces bases solides, l’association poursuit aujourd’hui son travail de recherche et de conservation, notamment en partenariat avec l’Inrae de Bordeaux, afin d’obtenir des fruits plus faciles à éplucher et de valoriser économiquement la production locale.
« Il existe de nombreuses variétés : certaines châtaignes sont astringentes, d’autres presque sucrées. Les marrons, par exemple, n’ont pas de seconde peau qui se fond dans le fruit. La récolte peut être variable, notamment en raison de la météo. On peut consommer les châtaignes fraîches, crues, cuisinées ou grillées », précisent les membres de l’association.
Une tonne récoltée chaque année
L’association gère également les parcelles de propriétaires qui lui confient leurs arbres : « Nous avons redécouvert des variétés locales très intéressantes, adaptées à la conservation ou au greffage. Cela nous permet de récolter environ une tonne chaque année, que nous utilisons, bien sûr, lors de la fête. »
Sur place, l’ambiance était conviviale : le foyer alimenté en bois, les bénévoles épluchant consciencieusement les fruits avant de les faire griller, répandant une délicieuse odeur qui ouvrait l’appétit des curieux massés autour des stands.
En fin de matinée, un moment toujours très attendu a marqué la journée : la remise d’un jeune châtaignier aux enfants nés en 2025, que leurs parents pourront planter dans leur jardin. Une cérémonie pleine de symboles, menée avec brio par Stéphane Artigues, coordinateur de la fête, en présence d’élus du territoire et d’un public nombreux.
Cette 26ᵉ édition, à la fois gourmande et empreinte de convivialité, a une nouvelle fois rappelé combien la châtaigne fait partie du patrimoine vivant de nos vallées, entre tradition, transmission et respect de la nature.

