La réunion publique sur les pesticides organisée à Pujols a été perturbée par la Coordination rurale 47. Banderoles, bousculades et tensions ont marqué l’entrée des militants. Le débat s’est finalement tenu sous haute surveillance policière.
Une soirée-débat organisée à Pujols mercredi soir sur les pesticides à l’initiative de l’association “Ami.e.s de la Conf’47” a provoqué l’ire de la Coordination rurale 47. Dès le mardi soir, José Perez, président de la CR 47 alertait par SMS ses adhérents. “Aux réunions écolos anti-phyto ! RDV demain mercredi 24 septembre à 17 h 30, salle des fêtes de Pujols. Nous devons nous faire respecter ! STOP 36034.”. Un communiqué de presse suivra dénonçant les “actions d’agribashing et se terminant par ces mots. “Le 47 est une terre agricole de production, et nous défendrons toujours nos agriculteurs, leur travail, leurs produits de qualité, en nous opposant systématiquement et fermement à votre idéologie néfaste !”. Le ton était donné.
Et c’est dès 17 heures que quelques membres de la CR 47, José Perez en tête, arrivaient en voiture devant la salle des fêtes. “Beaucoup d’entre nous avaient prévu de venir avec leur tracteur, mais des barrages de la police autour de Pujols nous ont empêchés de monter. Beaucoup ont fait demi-tour pour venir en voiture” explique l’un d’eux.
Les quelques militants se mettent en travers de l’entrée et tentent d’installer une banderole sur la porte. Quelques minutes après, elle est enlevée par les forces de l’ordre venues nombreuses.
Des débats soit tendus, soit apaisés, “mais un dialogue de sourd”
Au fil des minutes, les militants des deux camps arrivaient. José Pérez, fidèle à lui-même déclarait. “Nous interdirons la tenue de toutes ces réunions sur le département. Ce sont les écolos qui font du bourrage de crânes contre nous”. Ce à quoi certains rétorquaient., “Ce n’est pas contre les agriculteurs, mais contre l’utilisation de tous ces pesticides dangereux pour la santé”.
Le ton monte par moments entre les présidents de la CR et ceux venus pour se renseigner sur les pesticides. Quelques bousculades, sans conséquence. Il faut dire que les forces de l’ordre sont bien présentes pour éviter tout débordement.
Çà et là, des dialogues s’installent, chacun exprimant ses arguments. “On a en marre de se faire insulter par des gens comme vous quand on travaille nos terres. Nous n’utilisons que des produits autorisés”. “Nous demandons juste de pouvoir manger des produits sans danger pour notre santé et celle de nos enfants”.
On dérive sur le plan économique, les normes européennes, le Mercosur. “Au moins, on est d’accord là-dessus. Mais pourquoi la CR nous accuse de ne pas nous battre. Je rappelle que les écolos ont été les premiers à manifester contre cet accord européen. La santé, au centre des préoccupations de beaucoup. “Je suis agriculteur et j’ai la maladie de Parkinson. Elle est due à tous ces produits toxiques”. “Comment voulez-vous que je vive de mon travail si on supprime des produits phyto sans avoir de solutions de remplacement”.
Une militante s’écarte, quelque peu désabusée.” C’est dommage, on n’arrive pas à se parler. C’est un vrai dialogue de sourds. On entend Liberté de réunion”, on répond “Liberté de manifester”.
À 19 heures, les portes s’ouvrent
Le maire de Pujols Yvon Ventadoux arrive en compagnie d’Annie Messina, conseillère départementale écologiste. Pendant que des “Ami.e.s de la Conf’47” arrive à entrer dans la salle des fêtes par des portes dérobées, un dialogue s’instaure, d’abord à l’extérieur, puis à l’intérieur entre le duo Karine Duc – José Pérez et le duo Annie Messina – Yvon Ventadoux, avec les forces de l’ordre départementales comme arbitre. “Vous pouvez assister à la réunion, mais dans le calme et sans couper la parole”. “Nous avons beaucoup e choses à dire. Il faudra aussi nous écouter”.
Un accord semble trouvé. “On va laisser ceux qui voulaient assister à la soirée s’installer et on verra la place qui reste pour la CR”. Des chaises supplémentaires sont installées. Karine Duc et José Pérez sont au premier rang, aux côtés d’Yvon Ventadoux. Les portes de la salle des fêtes s’ouvrent enfin, après les recommandations de la police. “La condition, c’est que chacun écoute les autres”.
Tout le monde est enfin dans la salle, les drapeaux de la CR flottent au fond de la salle. Il est 19 heures, la soirée débat peut commencer.
