Suspendu jusqu’en juillet 2026 pour manquements à ses obligations antidopage, le sprinteur français Mouhamadou Fall a annoncé son engagement aux Enhanced Games, un événement sportif qui autorise l’usage de produits dopants sous encadrement médical.
Mouhamadou Fall assume et revendique son choix. À 33 ans, le quadruple champion de France sur 100 m et 200 m relance sa carrière. Suspendu jusqu’en juillet 2026, il participera, en mai 2026, aux Enhanced Games, une compétition où les athlètes pourront recourir à des substances dopantes… en toute légalité.
“Une mise en scène dangereuse”
L’événement, prévu du 21 au 24 mai à Las Vegas, promet des épreuves d’athlétisme, de natation et d’haltérophilie, encadrées – selon les organisateurs – par des médecins et des chercheurs.
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La Fédération française d’athlétisme (FFA), le ministère des Sports et l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) dénoncent “une mise en scène dangereuse, contraire à l’éthique sportive”.
Mais pour Mouhamadou Fall, il ne s’agit pas de provocation : “Pour moi, ce n’est pas du dopage, explique-t-il dans Le Monde. C’est une occasion d’en savoir plus sur les limites du corps humain. Ce sont des essais cliniques hyperencadrés, hypersécurisés et sous contrôle médical.”
“Je ne vois pas pourquoi je retournerais dans un système qui m’a tourné le dos”
L’ancien sprinteur de l’équipe de France, suspendu à deux reprises pour dopage, estime que sa réputation a été injustement détruite. “Mon nom a été sali dans le système classique. Une fois que ça arrive, on est mort. La plupart des gens vous tournent le dos, confie-t-il. Dans une autre organisation, on m’offre le respect.”
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Si l’aspect scientifique intrigue, l’aspect financier attire également. Le Français ne s’en cache pas : il a signé un contrat “avec une somme importante à la signature et un bon montant mensuel”. Surtout, une prime d’un million de dollars est promise à quiconque battra un record du monde. “L’argent est un facteur, reconnaît-il, mais ce n’est pas le seul.”
Une compétition qui divise
Imaginés par l’entrepreneur australien Aron D’Souza, les Enhanced Games se veulent une alternative aux Jeux olympiques. L’objectif affiché : explorer les limites humaines grâce à la science et mettre fin, selon leurs promoteurs, à “l’hypocrisie du sport propre”.
Un discours qui choque les institutions, mais séduit certains athlètes lassés du système olympique. Après l’Américain Fred Kerley, Mouhamadou Fall devient le premier Français à rejoindre l’aventure des “Jeux sous dopage autorisé”.
Le sprinteur assure pourtant qu’il n’a rien d’un cobaye : “Je me suis renseigné sur les risques et, pour moi, il n’y en a pas puisque tout est supervisé. Je ne suis pas obligé de prendre des produits interdits, et il n’est pas dit que j’en prenne. Ce qui m’intéresse, c’est de voir jusqu’où je peux aller.”
Une ambition assumée
L’ancien champion de France se voit même comme un pionnier : “J’ai envie d’être une des égéries de ce système, dit-il. On m’a proposé de participer à quelque chose qui pourrait changer les mentalités et, peut-être, améliorer la vie des gens.”
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Malgré les critiques, Mouhamadou Fall reste convaincu du potentiel des Enhanced Games : “C’est une compétition que tout le monde voudra voir, ne serait-ce que par curiosité. Les gens sont prêts à payer pour regarder ça.”
Entre curiosité, pari financier et revanche personnelle, le sprinteur français ouvre une brèche dans le débat éternel entre performance et éthique. Reste à savoir si son audace marquera l’histoire… ou s’il en paiera le prix.

