Israël lance une série d’attaques à Gaza malgré le cessez-le-feu, à Khan Younès, le 19 octobre 2025. ALI JADALLAH / ANADOLU VIA AFP
Les événements du week-end ont bien montré la très grande fragilité du cessez-le-feu à Gaza, en vigueur depuis le 10 octobre dans le cadre du « plan de paix » présenté par Donald Trump. Israël a en effet accusé le Hamas d’attaques contre ses positions militaires, ce que le mouvement islamiste palestinien a démenti. De nombreuses frappes israéliennes ont eu lieu dimanche, tuant au moins 45 personnes à Gaza. Si Donald Trump assure ce lundi 20 octobre que le cessez-le-feu est toujours en vigueur, plusieurs raisons n’invitent pas à l’optimisme quant à la suite du processus de paix dans la région.
• Netanyahou contesté et visé par plusieurs procès en Israël
Ce point est sans doute le plus important. Le Premier ministre israélien est menacé par la justice de son pays et par la situation politique intérieure. Alors qu’il a annoncé samedi 18 octobre qu’il briguerait un nouveau mandat lors des prochaines élections de 2026, il est vivement critiqué pour sa gestion de la question des otages vivants détenus deux ans par le Hamas. Par ailleurs, Benyamin Netanyahou est visé par plusieurs procès, dont un pour corruption, ouvert depuis 2020. Auprès du « Nouvel Obs », le chercheur à l’Iris Didier Billion assure que le Premier ministre israélien cherche n’importe quelle raison qui justifierait la reprise des bombardements à Gaza « pour ralentir le processus de justice à son encontre en Israël et maintenir son gouvernement avec ses partenaires d’extrême droite. »
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• L’épineuse question des dépouilles d’otages
Le retour des otages israéliens vivants s’est effectué la semaine dernière, en échange de milliers de prisonniers palestiniens. Dans un second temps, il est prévu que le Hamas rende tous les corps des otages décédés. Le mouvement islamiste palestinien a pour l’instant restitué 12 des 28 dépouilles d’otages retenues à Gaza.
Alors que Benyamin Netanyahou assure qu’il ne fera « aucun compromis » tant que les derniers corps ne seront pas rapatriés, le Hamas se défend en arguant des difficultés rencontrées sur le terrain. La Turquie a envoyé des équipes pour aider à la recherche mais la fermeture du point de passage de Rafah bloquerait l’entrée des équipements nécessaires. Sur ce point, Didier Billion, spécialiste du Moyen-Orient, assure que « le Hamas ne détient pas toutes les dépouilles. » Le chercheur estime que le mouvement palestinien a tout intérêt à montrer sa bonne volonté lors de cette première phase et rappelle que « le Djihad islamique – un allié – avait aussi des otages mais n’a pas reconnu l’accord de paix. »
• Le Hamas pas désarmé
A Rafah, selon un responsable militaire israélien cité dimanche par l’AFP, « le Hamas a tiré sur nos troupes déployées derrière la ligne jaune » – la ligne de retrait de l’armée israélienne prévue par l’accord de cessez-le-feu – selon ce responsable. La branche armée du Hamas affirme de son côté n’avoir « aucune connaissance d’incidents ou d’affrontements » dans la région. Selon un témoin, des combattants du Hamas avaient ciblé un groupe rival dans un secteur de Rafah, près duquel des chars israéliens sont déployés.
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Le désarmement du Hamas était l’une des premières conditions posées par le président américain Donald Trump pour la signature d’un accord. Malgré la volonté affichée de Benyamin Netanyahou de faire disparaître le mouvement islamiste palestinien, celui-ci se présente encore comme un interlocuteur indispensable et s’appuie sur un vivier de recrutement presque inépuisable. « Le Hamas est très affaibli mais est loin d’être éradiqué. Tous les jeunes de 15-16 ans qui ont vu leurs frères, sœurs, parents, grands-parents et amis mourir sous les bombardements n’ont qu’une seule idée en tête : se venger », analyse Didier Billion.