October 19, 2025

"Rester, c’était mourir à coup sûr" : excédé par la situation dégradée en centre-ville de Pamiers, un commerçant déménage sa boutique

l’essentiel
Soumis à un “stress permanent” dans la rue Victor-Hugo à Pamiers, Kasim Guler, le patron du Tuga, restaurant et épicerie portugaise et brésilienne, a décidé de jeter l’éponge et de s’installer au Chandelet, l’été dernier.

Il aimerait pouvoir tourner la page pour de bon, mais trois mois après avoir quitté le centre ancien, la colère de Kasim Guler n’est pas retombée. Le chef d’entreprise revient sur cette décision : “Rester, c’était mourir à coup sûr. Le plus important, c’était de quitter ce centre-ville qui meurt un peu plus chaque jour”, explique-t-il. Arrivé rue Victor-Hugo en 2018, Kasim Guler affirme ne pas comprendre la dégradation progressive de la situation.

“C’est moi qui faisais la police”

“Il y a eu un laisser-faire : c’est moi qui faisais la police, tous les jours. J’étais en conflit avec les jeunes, là-bas. Ils font leur business : ils vendent leur drogue ou leurs cigarettes de contrebande, je ne sais pas trop. Moi, j’étais là pour défendre mon commerce face à ces jeunes […] qui sont peut-être menacés, ou manipulés. Il faudrait faire quelque chose pour eux”, affirme-t-il.

Las de ces difficultés, Kasim Guler s’est donc lancé dans une recherche de nouveaux locaux pour accueillir ses trois enseignes de la rue Victor-Hugo : l’épicerie, le restaurant et la boutique de mode de son épouse. L’objectif : déménager l’ensemble d’un seul coup. “Ce n’était pas simple de trouver des locaux comme ceux-là”, reconnaît-il.

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Il lui fallait trois espaces de plus de 300 m² chacun, une règle imposée par la ville… pour éviter le départ des commerces du centre ancien. Une difficulté de plus. “En termes de loyer, cette contrainte représente un coût énorme. Il y avait un fleuriste, en centre ancien, qui a déménagé à La Cavalerie, sur 300 m² également. Il n’a pas tenu”, souligne-t-il. “Les autres vont à Saint-Jean-du-Falga, où cette règle n’est pas imposée. Ils peuvent prendre 100 ou 150 m², selon leurs besoins”, rappelle le chef d’entreprise.

“Le contexte est compliqué”

Ses valises posées au Chandelet, Kasim Guler ne se dit pas totalement serein pour l’avenir. Il se réjouit de retrouver “des clients qui ne venaient plus le soir, et qui viennent ici. Ils ont leur parking”. Il est heureux, également, d’avoir retrouvé une forme de sérénité : “On est rentrés dans un confort mental. Là-bas, j’étais dans un stress permanent, du matin au soir”.

L’enseigne du Tuga, spécialités portugaises et brésiliennes (restaurant et épicerie) a quitté la rue Victor-Hugo pour la périphérie commerçante.
L’enseigne du Tuga, spécialités portugaises et brésiliennes (restaurant et épicerie) a quitté la rue Victor-Hugo pour la périphérie commerçante.
DDM LG

Mais tout n’est pas encore gagné. “Le contexte est compliqué. Les gens économisent plus qu’ils ne consomment. On est venus ici, certes. Nous avons tout ce qu’il faut, maintenant, pour travailler. Mais la conjoncture fait que ce n’est pas ce que nous avions envisagé, avant notre arrivée”, ajoute-t-il. Et de conclure : “Nous sommes en train de finaliser notre installation. La communication se met en place. Il faut que les gens sachent qu’on est là, qu’on fait les mêmes choses, mais en plus grand.”

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Dans le même temps, rue Victor-Hugo, l’Anatolia Grill, un restaurant turc, s’est installé à l’emplacement libéré par le Tuga. Au total, la rue compte aujourd’hui de nombreuses boutiques vides, une quinzaine environ, la moitié des pas-de-porte de cette artère autrefois commerçante. Elle enregistre également quelques arrivées. Parmi elles, Le nid, un espace de coworking qui a ouvert ses portes côté place Sainte-Hélène.

Ouvertures et fermetures

Plus largement, la question des ouvertures et fermetures de commerces en centre ancien a été évoquée lors du dernier conseil municipal. Françoise Lagreu-Corbalan (Union pour Pamiers) avait demandé des chiffres précis sur cette question. Citant des données fournies par l’office du commerce, Maryline Doussat, première adjointe, avait alors évoqué “36 fermetures et 29 ouvertures de commerces entre juin 2024 et septembre 2025”, sans préciser dans quels quartiers ces mouvements avaient eu lieu. Et si ces chiffres concernaient le centre ancien. Frédérique Thiennot, pour sa part, mettait en avant la baisse du taux de vacance rue et place de la République, passé selon elle de 37 % en 2020 à 27 % en 2025.

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