November 11, 2025

PORTRAIT. "Ça n’existe pas le pain au chocolat !" Ce Lot-et-Garonnais est à la tête de la plus grande boulangerie de Paris

l’essentiel
L’enfant de Vianne est aujourd’hui à la tête des boulangeries Léonie qui connaissent un franc succès dans la capitale. Retour sur le parcours d’un judoka tombé amoureux, un peu par hasard, du bon pain.

Un petit job d’été peut changer une vie. Si vous ne le croyez pas, allez demander à Kamel Saci. Le natif de Vianne, figure sportive du Néracais, est aujourd’hui à la tête de sept boulangeries à Paris. Et tout a commencé durant ses études dans une boîte d’intérim bordelaise…

Kamel Saci tient dans ses bras un gros pain gascon, « le numéro 1de nos ventes ».
Kamel Saci tient dans ses bras un gros pain gascon, « le numéro 1de nos ventes ».
Photo Kamel Saci

“Comme j’avais un bon niveau de judo, avec plusieurs titres de champion de Fance, j’ai intégré le centre de formation de Bordeaux, avec mon grand frère. Et en cherchant un job d’été, j’ai atterri dans une boulangerie girondine tenue par un compagnon du devoir. L’équipe était sympathique, je me suis pris au jeu. Je revenais bosser les week-ends et pendant les vacances. Il n’y avait rien de préétabli.”

Du pain aux quatre coins du monde

Tombé dans le levain, Kamel Saci sacrifie le judo de haut niveau – “c’était trop intense de mener ces deux projets de front” – mais s’éclate au rugby, d’abord à Nérac et Lavardac, puis en région parisienne, à Bobigny et Suresnes, jouant jusqu’en Fédérale 1 comme pilier droit.

Le jeune Viannais a soif d’aventures. Après la capitale, il fait donc ses valises et part faire du pain à l’étranger. Il vit à Londres, Barcelone et Miami, et parcourt le monde, découvrant 1 000 cultures du pain. “Elles sont toutes différentes. On ne fait pas le pain de la même façon en France qu’en Allemagne ou en Espagne. Et encore moins au Mexique ou en Asie, où il n’y a pas de croûte. Génétiquement, cela peut déchausser leurs dents ! Partout où on va, il faut s’adapter à la culture locale et penser que la baguette française est la seule qui vaille. Mon job était de changer les techniques de production pour les améliorer, mais sans changer le produit fini.”

“Ça n’existe pas le pain au chocolat !”

Rentré en France en 2020 pour fonder une famille avec sa femme rencontrée quelques années plus tôt aux États-Unis, il ouvre une première boulangerie à Paris. “Ça a plutôt bien marché, et l’opportunité d’en ouvrir une seconde s’est présentée”. En cette rentrée 2025, il vient d’ouvrir sa septième boulangerie Léonie, en référence à La Madeleine de Proust.

Et la madeleine de Proust de Kamel Saci, ce sont “les belles miches de pain qui donnaient de grosses tartines foncées pour le goûter”. Alors dans ses boulangeries, on retrouve toutes les spécialités du Sud-Ouest : tordu du Gers, pain gascon, dune blanche, croustade, etc. Et bien sûr des chocolatines au pays du pain de chocolat. “Ça n’existe pas ça ! C’est certainement une invention des Anglais”, se marre l’ancien judoka du club Henri IV de Nérac.

À la tête de la plus grande boulangerie de Paris

Dans le 12e arrondissement, le Lot-et-Garonnais a ouvert la plus grande boulangerie de Paris dans une ancienne caserne : 1 000 m² sur quatre niveaux, avec 200 places assises. “Car comme dans toutes nos boulangeries, on ne fait pas que du pain, mais des plats chauds, coffee-shop avec de vrais baristas. Et le dimanche, on propose une rôtisserie pour le traditionnel poulet dominical.”

Bien installé à Paris, et à la tête d’une société florissante, Kamel Saci n’oublie pas ses racines. “J’en suis fier. Je descends très souvent retrouver ma famille et mes amis d’enfance. Déjà quand j’étais à Barcelone, je rentrais un week-end sur deux. Et quand on me demande d’où je viens, je ne dis jamais entre Toulouse et Bordeaux, toujours du Lot-et-Garonne !”

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