La 15e édition de Bienvenue à la campagne, plus grande manifestation agricole du calendrier dans le Tarn-et-Garonne, a été inaugurée samedi 20 septembre 2025, sur le site de la ferme de Bexianis à Montbeton. À l’image de la météo du week-end, changeante, l’humeur des agriculteurs varie entre sujets qui fâchent et filières qui tirent leur épingle du jeu.
“Si la pluie avait la bonne idée d’attendre lundi.” Jean-Philippe Viguié n’y croit pas trop, en jetant un œil sur les prévisions météo pour ce dimanche, mais en inaugurant, ce samedi 20 septembre 2025 aux côtés du président du Département Michel Weill, le 15e salon Bienvenue à la campagne, le président de la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne avait malgré tout des raisons d’être satisfait.
“Je suis particulièrement heureux d’avoir vu 500 écoliers sillonner les allées de Bienvenue à la campagne vendredi matin. Demain, l’agriculture aura besoin de bras mais surtout de cerveaux et si ce genre de manifestation peut susciter des vocations, donner envie à des jeunes de choisir ce métier.” Celui d’éleveur le passionne, comme il passionne son voisin de Caylus Gilles Vidal. Et les deux hommes ne sont pas pour rien dans l’organisation du concours de vaches Aubrac, au menu de ce dimanche à la ferme de Bexianis.
“Pour un petit département l’élevage comme le nôtre, on peut être fier de réunir ce week-end 180 bovins”, notait le président d’ELVEA 82 en guidant les officiels “au cul des vaches”, comme on dit dans le jargon des comices agricoles. Justement, celui de Molières a lieu ce dimanche 21 septembre.
Entre le comice de Molières et Bienvenue à la campagne, Mispouillé a dû choisir
“Molières est le berceau de notre entreprise, alors on aurait bien aimé être au comice mais on a dû faire un choix”, confient Paul-Louis et Hugo Mispouillé, les deux fils de Jean-Jacques qui, avec leur sœur Marion, représentent la 4e génération de cette entreprise devenue une référence dans l’hydraulique. “On met l’accent sur les économies d’eau. Nos clients sont très sensibilisés à ça.”
“C’est bien qu’ils soient là car Mispouillé hydraulique c’est vraiment le top de l’irrigation”, souligne Michel Weill. “C’est l’occasion de redire qu’il nous faut des lacs”, glisse Jean-Philippe Viguié : réserve électorale oblige, aucun représentant de l’État n’était présent ce samedi à Montbeton pour capter le message du président de la Chambre d’agriculture.
Un rendez-vous très politique à 15 jours des législatives
Les politiques, eux, n’ont pas raté la visite officielle… a fortiori celles et ceux qui briguent le poste de député de la 1re circonscription de Tarn-et-Garonne dont le 1er tour est programmé dans 15 jours à peine. Les agriculteurs avaient donc à qui parler. “Est-ce que l’agriculture va bien ? Pas forcément”, reconnaît Jean-Philippe Viguié, évoquant “les yeux cernés” de ceux qui enchaînent “des journées à 100 heures de travail” et l’esprit de révolte qui se propage dans les campagnes avec cet accord du Mercosur “qui va nous assassiner”.
Pourtant, les agriculteurs disposent de “bons outils” dans le département. Le soutien des politiques en est un. “S’il y a un vote sur l’agriculture au conseil départemental, c’est toujours à l’unanimité”, lui a rappelé le président Weill. Le sénateur Pierre-Antoine Levi promet lui, lors de la prochaine session parlementaire, de ne rien lâcher sur cette loi Duplomb qui a été “caricaturée”.
L’hiver risque d’être rude par rapport aux manifestations. Nous allons nous faire entendre (Benjamin Checchin, président des JA 82).
“Au Grand Montauban, l’agriculture on ne l’oublie jamais”, affirme Marie-Claude Berly. C’est sans doute plus que la candidate que l’élue qui lance : “Vous le savez, mon combat depuis 10 ans c’est l’eau”. D’ailleurs, quelques gouttes tombent du ciel à cet instant des discours…
Mais le sort de l’agriculture tarn-et-garonnaise et française se joue à une autre échelle. À Paris et à Bruxelles notamment. Le président des JA Benjamin Checchin, heureux de participer à “une fête paysanne comme on les aime”, insiste sur “la détresse des agriculteurs” et les difficultés de trésorerie que connaissent nombre d’exploitations. “L’hiver risque d’être rude par rapport aux manifestations. Nous allons nous faire entendre. En Tarn-et-Garonne, on a une richesse agricole qu’on ne peut pas laisser tomber. On se battra jusqu’à notre dernier souffle.”
Damien Garrigues, qui n’a pas lâché le bras de ses filles tout au long de la visite, le dit, la rage au cœur : “Ce qu’on veut c’est pouvoir vivre dignement et transmettre nos exploitations à nos enfants. Nous ne nous laisserons pas faire”. La FDSEA a prévu de repasser à l’action le 26 septembre. Bienvenue à la campagne n’aura donc été qu’un “moment de pause”.