Condamnés pour escroquerie fiscale et blanchiment, un inspecteur des impôts et sa sœur clament leur innocence après le jugement du tribunal d’Auch et dénoncent une enquête “à charge”.
Le 18 septembre dernier, le tribunal judiciaire d’Auch a condamné, selon le jugement de première instance, un inspecteur des impôts à trois ans de prison avec sursis (et diverses interdictions d’exercer), ainsi que sa sœur à douze mois de prison, pour des faits qualifiés d’escroquerie fiscale, de blanchiment et d’abus de faiblesse visant une retraitée gersoise aujourd’hui décédée.
Selon la décision, ils devraient rembourser solidairement 85 800 € au Trésor public. Cette décision n’est pas définitive : les deux condamnés ont fait appel.
À la suite du jugement, l’inspecteur des impôts, Jorge, et sa sœur ont accepté de livrer à La Dépêche du Midi leur version et leur ressenti face à un dossier et une mise en cause qu’ils jugent incompréhensibles.
Décision et appel
Le 5 juin dernier l’affaire a fait l’objet d’une audience fleuve de près de 5 heures. D’après les magistrats, le montage supposé aurait consisté à utiliser le nom d’une retraitée pour créer une société, en lui attribuant des ventes de chalets ayant donné lieu à un remboursement de TVA qu’aucun bien n’aurait permis de vérifier. L’enquête n’a pas retrouvé la trace des chalets ni d’un intermédiaire, un certain “M. Kadyrov”.
Selon le parquet, les éléments matériels auraient confirmé l’hypothèse d’une fraude. Il avait requis deux ans de prison contre Jorge et un an contre les co-auteurs présumés. “Je conteste tous les faits qui me sont reprochés”, confie Jorge un mois après la décision en première instance.
L’inspecteur des impôts affirme que l’enquête n’a pas pris en compte certains éléments de défense, ou les a passés sous silence. Les deux mis en cause pointent du doigt des éléments uniquement “à charge” et regrettent l’absence de vérification de certains éléments techniques comme les vidéos de surveillance ou les géolocalisations bancaires lors des retraits d’argent. Selon Jorge, le dossier repose plus sur des dires que sur des preuves tangibles.
Le poids psychologique et l’angoisse
Ce que Jorge et sa sœur expriment avant tout avec émotion, c’est l’impact humain de cette affaire. “Je dors trois heures par nuit depuis la garde à vue. Cet été, ça allait un peu mieux, mais depuis septembre, je suis sous antidépresseurs et anxiolytiques.” Il redoute la perte de son poste, de son statut et de son patrimoine, qu’il dit avoir construit avant même la création de la société en cause. Il évoque une “vie qui s’écroule”, mais surtout le regard des autres.
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Sa sœur, qui souhaite rester anonyme, décrit quant à elle une réputation publique qu’elle voit se déliter au fil des jours, des rumeurs et une forme de harcèlement moral indirect.
Elle assure n’avoir jamais participé à la direction de l’entreprise ni géré les comptes de son frère ou de son ex-compagnon, estimant que sa condamnation repose sur des récits ou des insinuations. “Je ne veux pas attaquer la justice, mais je veux qu’on entende notre version”, ajoute Jorge.
Le mystère Kadyrov et les responsabilités floues
Un point revient de façon récurrente dans leur témoignage et dans cette affaire : l’ombre de “M. Kadyrov”. Un personnage cité dans le dossier mais jamais localisé ni mis face aux enquêteurs. Il pourrait s’agir de l’élément clé manquant pour démêler les responsabilités. Jorge et sa sœur espèrent qu’il puisse un jour être entendu, ou que des témoignages extérieurs le soient afin de déterminer le rôle de chacun dans cette affaire.