Une banderole demandant la remise en liberté de Cécile Kohler et Jacques Paris, à Bayonne, le 7 mai 2025. GAIZKA IROZ/AFP
Les Français Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran depuis mai 2022, « ont été arbitrairement condamnés » en début de semaine par la justice iranienne, a dénoncé ce jeudi 16 octobre le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Tous deux ont été arbitrairement condamnés [mardi] à de très lourdes peines de prison », a déclaré Pascal Confavreux, lors d’un point presse, après deux jours d’incertitudes.
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• Une condamnation discrète mardi
La justice iranienne a annoncé mardi 14 octobre avoir condamné deux ressortissants français à de lourdes peines de prison pour « espionnage » au profit de la France et d’Israël. L’agence du pouvoir judiciaire iranien Mizan, qui a rapporté le verdict, n’avait alors fourni aucun détail sur l’identité des deux condamnés.
Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP) sur cette condamnation pour savoir s’il s’agissait de Cécile Kohler et de Jacques Paris ou de deux autres ressortissants, le ministère français des Affaires étrangères s’était alors refusé à tout commentaire. Deux sources informées du dossier avaient toutefois indiqué à l’AFP qu’« il s’agit bien de Cécile Kohler et Jacques Paris ».
« L’un des prévenus a été condamné à six ans de prison pour espionnage au profit des services de renseignement français », avait précisé la justice iranienne. Le texte ajoute que l’individu a également été condamné à cinq ans de prison pour « association en vue de commettre un crime contre la sécurité nationale », et à vingt ans d’exil pour « coopération en matière de renseignement » avec Israël, ennemi juré du pouvoir iranien. Conformément à la règle de cumul des peines en vigueur en Iran, seul le verdict le plus lourd sera appliqué.
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« Un autre prévenu a été condamné à dix ans de prison pour espionnage au profit des services de renseignement français, à cinq ans de prison pour association en vue de commettre un crime contre la sécurité nationale », a ajouté Mizan. Il a en plus été condamné à dix-sept ans de prison pour « assistance à la coopération en matière de renseignement » avec Israël. Le verdict peut faire l’objet d’un appel devant la Cour suprême dans les vingt jours, a précisé Mizan.
• La « survie » des deux Français en jeu
Ce jeudi matin, quarante-huit heures après l’annonce de leur condamnation, les familles des deux Français ont alerté sur la situation de leurs proches, dont « la survie » est désormais en jeu selon elles, et exhorté l’Etat français à les faire libérer immédiatement.
Lors d’une conférence de presse, elles ont également estimé qu’il y avait « une rupture de confiance avec les autorités françaises qui ont retiré fin septembre leur plainte auprès de la Cour internationale de Justice » contre l’Iran au sujet de la détention de Cécile Kohler et Jacques Paris.
Interrogé sur ces critiques par l’AFP, le porte-parole du Quai-d’Orsay a affirmé : « S’il y a quelque chose dont il ne faut absolument pas douter, c’est la pleine et entière et mobilisation à tous les niveaux de l’Etat pour obtenir leur libération immédiate […] Nous sommes à tous les niveaux, extrêmement mobilisés ». « Les motifs d’inculpation, quels qu’ils soient, sont totalement infondés », a-t-il ajouté, en demandant « la libération immédiate » de Cécile Kohler et Jacques Paris.
• Des « otages d’Etat »
Cécile Kohler et Jacques Paris sont accusés d’espionnage pour le compte d’Israël, et leurs familles ont décrit leur situation comme de plus en plus désespérée. La France considère qu’ils sont « retenus comme otages d’Etat » en Iran.
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Editorial
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Le 12 septembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait déclaré qu’un accord visant à échanger des prisonniers français en Iran contre une femme iranienne détenue en France approchait de sa « phase finale ». L’échange proposé concerne Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février pour avoir fait l’apologie du terrorisme sur les réseaux sociaux. Téhéran estime qu’elle est injustement détenue. Mahdieh Esfandiari, traductrice et diplômée de l’Université de Lyon, vivait en France depuis 2018.
Entre 2023 et 2025, au moins cinq Français ont été libérés, après des mois ou des années de détention en Iran. Le 9 octobre, Lennart Monterlos, un jeune Franco-Allemand arrêté en juin et accusé « d’espionnage », a pu regagner la France, après l’annonce de son « acquittement ».