Le démocrate socialiste Zohran Mamdani à Brooklyn, le 4 novembre 2025, après son élection à la mairie de New York. ANGELINA KATSANIS/AFP
Un signal fort lancé dans la ville de Donald Trump : le démocrate socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi 4 novembre la course à la mairie de New York lors d’une journée de scrutins électoraux locaux au cours desquels le président américain essuyé plusieurs revers. Un message de défiance à un an des élections de mi-mandat, où l’intégralité de la Chambre des Représentants et un tiers du Sénat seront renouvelés. « Le Nouvel Obs » fait le point.
• Résultats
L’élu local de 34 ans, encore illustre inconnu il y a un an et devenu un opposant résolu au locataire de la Maison-Blanche, a largement devancé son principal adversaire, l’ancien gouverneur de l’Etat, Andrew Cuomo, qui avait maintenu sa candidate sous l’étiquette « indépendant » malgré sa défaite à la primaire démocrate, selon les projections de plusieurs médias. A 7h30 (heure de Paris) et avec 91 % des bulletins dépouillés, il avait remporté 50,4 % des suffrages, loin devant Andrew Cuomo (41,6 %) et le candidat républicain Curtis Sliwa (7,1 %)
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Décryptage
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L’élection a été marquée par une très forte participation. Plus de 2 millions de New-Yorkais ont glissé un bulletin dans l’urne, ce qui représente presque le double des 1,1 million de votants de la précédente municipale en 2021. Madmani a été le principal artisan de cette forte mobilisation dans les urnes, rapporte le « New York Times ». Et, poursuit le journal, il est « le premier candidat depuis John V. Lindsay en 1969 à avoir recueilli plus d’un million de voix lors d’une élection municipale dans les cinq arrondissements de New York ».
Le 1ᵉʳ janvier, Zohran Mamdani deviendra le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis – et le plus jeune depuis 1917. Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.
• Discours
Dans son discours de victoire, Zohran Mamdani a estimé que son élection marquait la victoire de « l’espoir sur la tyrannie ». « En cette période d’obscurité politique, New York sera la lumière », a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait « montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre ».
Il a également qualifié le locataire de la Maison-Blanche de « despote ». Interpellant directement le président américain sur sa politique anti-immigration marquée par des raids parfois violents, Zohran Mandani a lancé : « New York restera une ville d’immigrants […]. Pour atteindre l’un d’entre nous, vous devrez d’abord passer à travers nous tous. »
• Réactions
L’ancien président démocrate Bill Clinton, dont Andrew Cuomo a fait partie de l’administration, a souhaité au vainqueur de « transformer l’élan de [sa] campagne » pour construire « un New York meilleur, plus juste et plus abordable ». « L’avenir s’annonce un peu meilleur », a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.
Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l’une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des « sondeurs » anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire – le « shutdown », qui vient d’entrer dans son 36e jour, un record – et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.
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Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s’est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à « bâtir une mairie qui […] ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l’antisémitisme ».
Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l’élu du Queens à l’Assemblée de l’Etat de New York n’a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.
• Parcours
Né en Ouganda dans une famille d’intellectuels d’origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à 7 ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le cœur de sa campagne. Si Donald Trump l’a qualifié de « communiste », ses propositions – encadrement des loyers, bus et crèches gratuits – relèvent plutôt de la social-démocratie.
Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s’étaient éloignées de la politique, « des électeurs frustrés par le statu quo, en quête de nouvelles personnalités », selon le politologue Costas Panagopoulos (Northeastern University).
« Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n’en fera qu’une bouchée », a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l’a fait durant toute la campagne, sur l’inexpérience de son adversaire.
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Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s’il était élu, en s’opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.
• Les autres scrutins
Voisin de New York, l’Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l’homme d’affaires républicain Jack Ciattarelli pour le poste de gouverneur. L’Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate, mais Donald Trump y avait considérablement réduit l’écart à la dernière présidentielle.
Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme au poste de gouverneur, la démocrate Abigail Spanberger, qui a battu la républicaine Winsome Earle-Sears.
Enfin, les Californiens ont approuvé lors d’un référendum un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu’ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.

